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Projet ’Une commune, une salle de cinéma’ : Nguékokh étrenne son ciné-club communautaire

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : mercredi 26 décembre 2012
La commune de Nguékokh devance le projet « Une commune, une salle de cinéma » en se dotant d’un ciné-club communautaire destiné à promouvoir le 7ème art sénégalais. Le lancement a eu lieu avant-hier en présence de cinéastes, autorités et cinéphiles.

source : www.walf-groupe.com - 15 Décembre 2012

Les férus du cinéma de la petite côte peuvent désormais assouvir leur passion dans un ciné club. Un espace de ce genre vient d’être ouvert dans la commune de Nguékokh jeudi. Depuis des années, il n’existait plus de salles de cinéma dans le département de Mbour au grand dam des amoureux du cinéma. « Le ciné-club est né de la volonté des jeunes qui veulent relancer le cinéma sénégalais. Nous comptons faire ici des projections de films, discuter autour du cinéma mais aussi participer aux renforcements des capacités », explique Mbaye Maniang Diagne, promoteur du projet. Un acte qui a reçu l’approbation de la tutelle. Le ministère de la Culture à travers le directeur de la cinématographique, Hugues Diaz, a salué l’initiative du jeune réalisateur. Selon lui, les autorités sont là pour appuyer et accompagner une initiative salutaire à savoir l’installation d’un ciné-club communautaire dans la région de Thiès et particulièrement dans une commune qui s’appelle Nguékokh. « Il faut saluer l’audace de ce jeune qui veut promouvoir les films sénégalais. Il a démontré que la reconstitution du cinéma n’est pas un vain mot et les autres collectivités locales du Sénégal devraient s’en inspirer pour que le 7e art aille de l’avant », soutient Hugues Diaz.

Dans le même sillage, les cinéastes comme Moussa Sène Absa estiment que ces ciné-clubs permettent de réconcilier le cinéma avec son public. « Rien que le fait d’amener le cinéma là où il n’y en a pas, c’est déjà un pas énorme qui permet de mesurer jusqu’où on peut aller en décentralisant ce secteur, en rapprochant le cinéma de son public. Dans les coins les plus reculés du Sénégal, il doit y avoir une possibilité de voir des films, de discuter de nos Å“uvres. Ce qui nous permet de faire passer nos messages », a plaidé le réalisateur de Madame Brouette (2002). Le ciné-club de Nguékokh mettra l’accent sur la formation. « Il offre un créneau pour la formation avec de grands cinéastes comme Moussa Sène Absa qui en est le parrain. C’est avec une trouvaille endogène avec des voies endogènes qu’on arrive à faire notre propre cinéma », affirme M. Diaz. Selon lui, l’Etat ne peut pas tout faire. « Depuis 1996, la culture est une compétence décentralisée. Il faut armer, encourager les collectivités locales, les conseils régionaux, les communes, les communautés rurales à prendre en main le développement culturel. D’ici peu le ministère de la Culture va lancer l’initiative ‘Une commune, une salle de cinéma’ », ajoute M. Diaz. Ces ciné-clubs pourraient être le canal par lequel les acteurs atteindront un large public, particulièrement les jeunes, selon certains invités.

« Je tiens à ce ciné -club parce que cela permet de réconcilier le cinéma avec son public. Imaginez, il y a des jeunes de 20 ans qui n’ont jamais été dans une salle de cinéma. C’est inadmissible. Le cinéma fait partie de notre culture. Nous sommes une société d’images », fait savoir le cinéaste Moussa Sène Absa. Pour lui, faut d’abord que les sénégalais aient l’habitude de voir les films sénégalais ; qu’on apprenne aux jeunes que le cinéma fait partie de notre culture, c’est un moyen formidable d’éducation ; que dans les écoles, les lycées, les universités, qu’on montre les films. « La culture ce n’est pas seulement les livres, c’est aussi les images », dit-il.

FAIBLE PRODUCTION, ABSENCE DE DIFFUSION DANS LES TELEVISIONS LOCALES… : Ces maux du 7e art sénégalais

L’inexistence des salles de cinéma ne constitue pas le plus grand drame du 7e art sénégalais. Selon le directeur de la cinématographique, Hugues Diaz, la production est une réelle préoccupation. Le réalisateur Moussa Sène Absa pointe du doigt la diffusion.

Le cinéma sénégalais est empêtré dans de nombreuses difficultés. La faible production cinématographique est celle qu’on parle le moins. Le directeur de la cinématographie, Hugues Diaz l’a évoquée jeudi à Nguékokh à l’occasion du lancement ciné-club communautaire. « Le problème du film sénégalais ne s’arrête pas aux salles de cinéma. Le plus important c’est qu’on ait beaucoup de films pour alimenter ces salles. La production est un problème réel. Au Sénégal, on ne produit pas beaucoup, en moyenne, on a trois longs métrages par année susceptibles d’être commercialisés et pouvant être diffusés dans les festivals. Hormis les centaines de documentaires, ce nombre est en dessous de nos possibilités au regard de la richesse intellectuelle et créative de nos cinéastes », indique Hugues Diaz. Un sentiment partagé par le jeune réalisateur Mbaye Maniang Diagne. Ce dernier trouve que la production fait défaut. « En réalité, nous n’avons pas de producteurs, nous avons les idées et la volonté mais la production fait défaut », souligne M. Mbaye.

Le cinéaste, Moussa Sène Absa, voit les choses sous un autre angle. Il refuse l’idée selon laquelle le cinéma sénégalais est plombé. « Le cinéma sénégalais n’est pas scellé, mais on ne voit pas les films. Ça ! C’est un problème. On vient d’avoir une grande reconnaissance aux 24e Journées cinématographiques de Carthage en Tunisie », dit-il. Pour lui, le cinéma se porte pas mal. C’est la diffusion qui fait défaut. Car les films existent, mais ne sont pas vus. Les cinéastes existent, mais ne peuvent pas travailler du moins pas comme dans les mêmes conditions que les Burkinabé, les Marocains alors qu’ils ont fait les premiers films en Afrique. L’absence de diffusion des produits cinématographiques sénégalais dans les télévisions locales a aussi été décriée par les acteurs. « Notre cinéma n’est pas plombé, on l’empêche à la limite de se faire voir. Les salles sont fermées, les télévisions ne jouent pas le jeu pour montrer les films sénégalais alors que les films hindous, américains sont diffusés », s’insurge Moussa Sène Absa. Les grandes priorités du secteur dans les années à venir énumère M. Diaz, sont la création du Centre national de la cinématographique, la formation parce que le Sénégal a de grands cinéastes mais pas d’écoles de formation en cinéma, se doter d’une industrie technique ou favoriser le privé à investir dans les industries techniques pour faire des films avec de petits budgets. déclare M. Diaz.

Alassane Diallo




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