le magazine du Sénégal dans le monde

Exposition Trop jeune pour le mariage : Un plaidoyer pour les enfances volées, les vies brisées

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : jeudi 20 novembre 2014
Le Musée Théodore Monod accueille depuis avant-hier, une exposition baptisée Trop jeune pour le mariage. Ce fut une occasion pour faire un plaidoyer contre ce phénomène.
Emotion, tristesse, indignation ont été les sentiments les mieux partagés au vernissage de l’exposition sur le thème Trop jeune pour le mariage ouverte mardi jusqu’au 30 novembre au Musée Théodore Monod d’Art africain.

source : www.lequotidien.sn - 20 novembre 2014

L’exposition itinérante de la photographe Stéphanie Sinclair qui est passée au Yémen, en Afghanistan, en Ethiopie, au Népal et en Inde et qui s’est poursuivie à Lukasa, à Amman et à Khartoum est arrivée à Dakar dans le cadre du sommet de la Francophonie prévu à Dakar du 29 au 30 novembre 2014. Ces photographies exposées mettent en exergue le phénomène des mariages forcés et/ou précoces, phénomène certes mondial mais qui perdure dans les pays en voie de développement. Au-delà des chiffres, l’exposition a montré des visages tristes, signe de souffrance d’adolescentes dans un foyer conjugal où l’heureux élu pourrait être le père et même le grand-père, ou des jeunes filles-mères, ou encore d’innocentes nouvelles mariées en pleurs posant à côté d’un homme âgé fautivement heureux le jour leurs noces. « Ces filles se retrouvent femmes et mères avant l’heure, contraintes à des rapports sexuels précoces. Certaines fillettes sont promises dès leur naissance et appartiennent ainsi à leur mari toute leur courte enfance et toute leur vie », s’est désolée Andréa Wojnar Diagne. Les statistiques et les images n’ont pas laissé indifférent le public venu nombreux visiter les photos de Stéphanie Sinclair dont l’œuvre touche du doigt la souffrance d’êtres très vulnérables.

Choqué par les images et chiffres, les visiteurs ont interpellé les autorités à réagir afin d’éradiquer cette pratique qui viole les droits des enfants et bafoue leur dignité. Cependant, l’émotion a été à son comble avec la prestation de la troupe théâtrale de la banlieue de Thiaroye Gare à la fin du vernissage. Leur représentation a porté sur la même thématique, l’utilisation des jeunes filles comme fonds de commerce ou alternative par leurs parents pour sortir de la pauvreté et le mutisme des autorités comme signe complicité.

« On estime à 14 millions, le nombre de jeunes filles forcées de se mariées chaque année. Une fille sur trois est mariée avant l’âge de 18 ans dans les pays en développement », dévoile un communiqué de l’ambassade du Canada au Sénégal. « Chaque année, des millions de fillettes sont forcées de se marier et cala même avant d’avoir atteint l’âge de huit ans. Autant dire des enfances volées à jamais, des vies brisées à jamais et des destins compromis », a ponctué l’ambassadeur du Canada, son Excellence Philippe Beaulne dont le pays Å“uvre pour la suppression du mariage précoce et forcé d’ici 2030. « 70 millions de filles sont mariées avant l’âge de 18 ans », renchérit Andréa Wojnar Diagne, représentante-résidente de l’Unfpa/Sénégal.

Le Sénégal possède l’un des taux les plus élevés du mariage

Ce phénomène du mariage forcé et ou précoce est une réalité au Sénégal surtout en milieu rural où 55% des jeunes filles sont mariés avant l’âge de 18 ans. Selon une étude réalisée par l’Unfpa en 2012, le Sénégal possède l’un des taux les plus élevés de prévalence du mariage des enfants dans le monde. Cette prévalence est plus élevée à Kolda (68%), suivie de Tambacounda (57%), Podor (27%). Par ailleurs, au pays de la teranga, l’âge du mariage est légalement fixé à 16 ans alors que la majorité est établie à 18 ans. Présente au vernissage, l’artiste Coumba Gawlo Seck qui s’est dit touchée par les images. Elle a plaidé pour l’éradication de ce fléau. « La place des petites filles c’est à l’école et non dans un foyer conjugal », a déclaré la chanteuse, par ailleurs ambassadrice pour la cause de la femme.

Ksonko@lequotidien.sn




Lettre d'info

Recevez 2 fois par mois
dans votre boîte email les
nouveautés de SENEMAG




© 2008 Sénémag      Haut de page     Accueil du site    Plan du site    admin    Site réalisé avec SPIP      contact      version texte       syndiquer