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Hommage à Sembene Ousmane

Témoignages sincères pour ’l’aîné des Anciens’

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : mardi 17 juin 2008
Sembene Ousmane, un autodidacte né le 1er Janvier 1923 à Ziguinchor, et décédé le 09 juin 2007 à Dakar, a été hier fêté par le Sénégal qui, ainsi, se souvient de lui dans une place dédiée aux Grands Hommes qui sont entrés dans l’histoire et qui, par ce fait, survivent au temps au poids duquel n’échappent que les virtuoses de son acabit.

Source : Le Matin

Le destin des grands hommes a ceci de particulier qu’une touche de divinités celle sa singularité. Parti clandestinement à Marseille dans un bateau où il avait embarqué, Sembene Ousmane devait ainsi se retrouver par cette occasion dans le grand Panthéon des Illustres. Peut-être même sans le savoir. Cet autodidacte, fortement pénétré d’influences intellectuelles qui ont marqué son époque caractérisée par l’effervescence des idées dans un contexte d’oppression des faibles, s’est forgé une grande personnalité de leader d’opinion par le canal de la création romanesque et cinématographique. En effet, le parcours exceptionnel qu’il a accompli lui a valu des témoignages d’une sincérité certaine. La Place du Souvenir sera à coup sûr un lieu dont se souviendront assez longtemps les nombreux invités venus de divers horizons pour se délecter à la source de la fidélité tant l’homme, par son génie ne pouvait laisser personne indifférent. C’est d’abord son fils Alain qui, parlant au nom de la famille, a lu longuement un des poèmes de son illustre père intitulé Liberté et écrit en 1955. Il aura pris le soin de signaler avant de terminer : "Avant sa mort, mon père avait formulé le vÅ“u de voir sa maison Galle Ceddo être transformée en musée".

À en croire Alain, la réalisation de ce musée aura pour finalité d’entraîner l’Afrique dans un sillage où elle va recouvrer pleinement sa liberté. Ensuite, au nom des Ecrivains du Sénégal, Alioune Badara Bèye prendra la parole pour indiquer que dans le contexte où Sembene écrivait, l’analphabétisme était tel que pour atteindre son public à la défense duquel il oeuvrait, il devait recourir au son et à l’image. Cela, peut bien aider à comprendre pourquoi, à côté de la création romanesque, Sembene brillait également dans la production cinématographique. Il a retenu de Sembene qu’il était au sein de l’Association des Ecrivains "Un membre discipliné, toujours à l’écoute de ses collaborateurs et prêt à leur prodiguer des conseils précieux". Aussi, considérera-t-il : " aucun écrivain n’a compris mieux que lui que la littérature ne peut être neutre. Il était un homme profondément engagé".

Cheikh Ngaïdo Bâ, en plus d’avoir insisté sur les qualités de l’homme, a eu à déplorer : " Monsieur le Président de la République, vous avez eu à signer des décrets dans le cadre de la relance du cinéma sénégalais, mais jusque qu’ici, aucune action n’est initiée dans le cadre de leur application".

Omniprésence au Fespaco

Directeur du Fespaco, Monsieur Michel Ouédraogo a tenu à informer que depuis l’institution du Festival de Ouagadougou en 1969, jamais Sembene Ousmane n’a été compté parmi les absents sauf en 2007 année où la maladie l’avait gagné. Au contraire, si son absence physique a été notée, il était au moins présent par son implication d’autant plus qu’il fait partie de ceux qui ont largement contribué à l’évolution de cette manifestation. Rémi Sagna, émissaire d’Abdou Diouf, Président de l’ Oif , a indiqué, eu égard au travail colossal abattu par Sembene, qu’il était : "Un Ingénieur des âmes".

Enfin, le Président de la République, établissant des parallèles entre Sembene et lui, dans l’identité du combat qui était le leur, à tenter dans un argumentaire qui se tient de justifier que la lutte contre l’injustice et la conscientisation des masses pour leur émancipation ont de tout temps été des axes forts de sa politique. En somme, il se soupçonnait une complicité avec Sembene dans la mesure où il rappelait : "Alors qu’on était étudiant en France, chaque fois qu’on le rencontrait, on l’appelait "Docker Noir" . Et en guise de réponse, il nous renvoyait son sourire radieux. C’est maintenant que je comprends le sens de ce sourire : Il en savait plus que nous". L’avocat qu’il est n’a pas minimisé la remarque de Cheikh Ngaïdo. "J’ai un esprit polémique. Donc je vais réagir par rapport à la remarque de Cheikh Ngaïdo. Déjà, j’avais injecté une somme de 1 milliard dans une structure pour appuyer la production cinématographique. Il faut vous organiser. Je ne sais pas quel usage est fait de cette somme. Mais je promets que par rapport au financement du film Samory , un projet qui tenait à cÅ“ur à Sembene, la Fondation Abdoulaye Wade donnera 3 milliards, la moitié du montant nécessaire au tournage de ce film".

Au -delà de l’hommage, c’était sans doute l’occasion de poser un débat sérieux sur les problèmes du secteur cinématographique en panne depuis la fermeture des salles de cinéma.


lire aussi sur www.afrik.com (8 décembre 2008) : La révolte des « Bouts de bois de Dieu » - Hugues Serge Limbvani met en scène le roman de Sembène Ousmane au théâtre de la Tempête

et sur www.bakchich.info (17 décembre 2008) : Dakar, grève générale par Renaud Chenu





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