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Gorée/Brouille entre la direction du patrimoine mondial et la commune : des menaces de déguerpissement

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : vendredi 26 septembre 2008
Gorée  
La dernière réunion du Comité du Patrimoine Mondial tirait la sonnette d’alarme pour avertir « avec inquiétude ce qu’il qualifie d’installation de petits commerce ainsi que l’occupation anarchique d’espaces protégés » à Gorée et demande à l’Etat du Sénégal « de nommer en urgence un gestionnaire du site, et de faire appliquer toute la réglementation en vigueur sur le territoire du bien, notamment en ce qui concerne les occupations anarchiques d’espaces protéges ».

Publié le 22 septembre par www.africanglobalnews.com
Cette soudaine attention qualifiée comme « une incursion » dans la gestion municipale instaure un bras de fer déjà perdu pour certains caciques de la direction nationale du patrimoine du ministère de la culture sénégalais, qui se réfugient derrière certaines organisations internationales pour les déguerpir affirment certains insulaires.

Mieux selon le Maire, «  Le Président de la République son excellence Me Wade avait décliné de vive voix que ses ambitions et projets pour Gorée et ses populations sont en parfaite phase avec ceux déclinés par l’équipe municipale dans son document prospectif dénommé " Gorée vision 2012 /2008 " et a confirmé un financement du Qatar pour la poursuite des actions de sauvegarde avec comme premier rang la rénovation et la fixation des populations à travers des projets de réhabilitation à but d’habitat social ».

L’enjeu de cette réunion, n’est ni plus ni moins que de raviver de vieilles tentatives, de faire main basse sur cette île, toujours convoitée, courtisée pour en faire un gagne pain avancent avec hardiesse la plupart des goréens rencontrés.

C’est dire qu’entre la direction du patrimoine et les autorités locales de l’Ile il apparaît de fortes disproportions dans les discours. Cela repose encore le débat sur des visions toujours conflictuelles entre les populations autochtones et les professionnels de la conservation au moment où les goréens s’apprêtent à fêter le « 30éme anniversaire de l appel à la sauvegarde de Gorée lancé par Amadou Moctar Mbow, ancien Directeur Général de l’UNESCO.

En refusant d accepter la thèse légitime de défense de Gorée comme site classé patrimoine mondial, et considérer la prolifération «  de petits commerces dans l’île comme une occupation anarchique », les autorités locales affirment qu’il s’agit là d’un problème purement goréen en insistant encore sur la nécessité et l’impératif d’un plaidoyer pour un habitat social cher à certains membres du conseil municipal comme le Maire, Me Senghor et Doudou Dia, qui du reste avaient pris certaines dispositions et mesures depuis plus de 10 ans pour déjouer certains calculs tendant à vider Gorée de sa population autochtone.

Pour eux, les leaders de la sauvegarde et de la défense du patrimoine comme l’UNESCO et le comité du patrimoine mondial devraient aider à fixer la population locale car sans elle aucune œuvre humaine n’est pérenne. Ils encouragent à mettre des normes incluant des calculs permettant de maintenir la population après la réfection des bâtiments. Applaudissant d’une part les efforts fournis par l’Unesco, les partenaires et l’Etat dans le cadre de la sauvegarde de l’île, la plupart des goréens exhortent les décideurs politiques à mieux soutenir le projet d’habitat social qui prendrait en compte leurs besoins.

C’est dire donc, même si tout le monde s’accorde qu’il faut rénover les bâtiments historiques pour mieux les conserver, on est très loin de faire l’unanimité sur les politiques à adopter après.

En tout cas quelles que soient les vraies raisons de cette soudaine attention, la décision risque de fragiliser l’économie de l’Ile où les 80 % des activités restent liés à ce petit commerce.

Très tôt élu à la tête du conseil municipal de Gorée, Me Augustin a très bien compris, qu’avec le handicap démographique, et la faiblesse de la subvention de la Liaison Maritime Dakar-Gorée, qu’une bonne politique d incitation à la création des PME favoriserait la création d’emplois et générerait davantage de recettes fiscales mais également s’orienter vers la coopération décentralisée.

L’électorat de Gorée reconnaît dans cet homme l’audace de sa jeunesse. Il est à leurs yeux l’homme que tout le monde attendait. C’est là qu’il tire toute sa popularité car au-delà d’être né à Gorée, il entretient de bonnes relations avec tout le monde » précisent quelques notables rencontrés devant la mosquée. Et cela vaut tous les diplômes du monde.

Il faudra donc une certaine souplesse et de réels sacrifices aux décideurs politiques car ils doivent conjuguer des exigences souvent contraire entre la souplesse d’une île privée d’espaces et de nouveaux aménagements territoriaux et la rigidité d’un patrimoine mondial, mémoire et sanctuaire en même temps.

Selon Doudou Dia, de Gorée Institue et conseiller municipal puisque le problème le plus crucial à Gorée est l’habitat il faut donc «  un projet d’habitat social d autant plus qu’il est clair aujourd’hui que sans sa population locale, autochtone, Gorée serait dénuée de sa nature profonde et réelle. »

Toujours selon monsieur Dia « ce malaise social persistant est plus que jamais renforcer par la spéculation foncière au profit de résidence secondaire destinée a une petite minorité de personnes (richissimes) ». A noter que, depuis plusieurs années Gorée se vide massivement de sa population vers d’autres cieux à causes de plusieurs menaces de déguerpis ou d’expulsion. En effet la plupart des bâtiments de l’île appartiennent à l’Etat, du coup mettant beaucoup de familles goréens dans une position de « squatters ». Selon l’étude réalisée par Gorée Institute sur une population de 1 300 habitants au moins 600 personnes sont dans cette situation (source Gorée institute/groupe référence sept.-97).

Anyway comme disent les américains derrière toute promesse verte se cache une vérité embrassante. Le maire reconnaît ce paradoxe. Oui pour la rénovation mais qui prendrait en compte la spécificité de Gorée c’est-à-dire les aspirations et les besoins des Goréens en matière de logement social.

Racine Talla jr.




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