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Le lac Tchad menacé de disparition

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : mercredi 15 mai 2013
climat   eau   Tchad (lac)  
En 40 ans, cette réserve d’eau douce a perdu 80% de sa superficie. Les scientifiques tentent d’expliquer les causes de cet assèchement.
Pour un grand nombre de personnes, l’assèchement du Lac Tchad est dû aux changements climatiques. Les tenants de cette thèse, relèvent qu’au cours des trois dernières décennies, les précipitations ont été très déficitaires dans la zone sahélienne. Dans le même temps, des chercheurs croient savoir qu’il s’agit d’un problème de surexploitation du lac.

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Le Pr Maurice Tsalefac de l’université de Yaoundé I, « la péjoration pluviométrique entraîne une raréfaction des ressources. Les populations sont alors obligées de migrer vers les zones humides où elles peuvent trouver de quoi vivre. » Pour lui, les deux facteurs (changement climatique en amont, et action de l’homme en aval) agissent ensemble. « Les changements climatiques dit-il, déclenchent des processus que l’homme accélère. » Le Pr Tsalefac appuie son argumentation sur les actions entreprises par les Etats et les populations qui multiplient des projets qui captent une bonne partie de l’eau qui alimente habituellement le lac. C’est ainsi que de 25 000 Km2 en 1963 le lac Tchad n’a plus que 2000 Km2 aujourd’hui.

Luc Descroix, hydrologue et chercheur attribue la régression du lac Tchad à la baisse du débit de ses affluents. Il explique que les rivières provenant des régions tropicales humides (le Chari et le Logone) ou secondairement soudano-sahéliennes (Komadougou) ont connu une baisse des débits de leur cours. Cette baisse est liée à deux causes : d’une part la baisse de la pluviométrie entre 1968 et 1997 qui a entraîné des conséquences diverses : dans les zones de climats "soudanien" et "guinéen", cette baisse des débits a été accentuée à cause de la baisse des pluies. Une baisse de l’ordre de 10 à 20%, celle des débits de 20 à 75%.
Luc Descroix fait aussi savoir que la diminution du Lac Tchad est due au fait que le débit des cours d’eau dans cette région est constitué par l’eau qui est en surplus dans les sols et les bassins versants. Les sols peuvent contenir une certaine quantité d’eau, ensuite elles débordent. Comme la quantité d’eau nécessaire à leur saturation varie peu dans le temps, une baisse de la pluviométrie ne modifie pas ou peu (sauf sur une longue durée) la quantité d’eau qui va se stocker dans le sol, par contre, elle va affecter la partie supplémentaire de celle qui aurait du ruisseler, donc des eaux de surface.
Il y a donc eu dans cette région, presque 30 ans de sécheresse, qui a eu un impact négatif sur les réserves en eau du sol. Là où elles existaient (eau résiduelle, nappes perchées, etc), ces réserves ont été épuisées. La relative augmentation des débits depuis 1998 avec l’augmentation des pluies ne permet pas à la pluviométrie moyenne de rattraper son niveau d’avant 1963, et elle s’accompagne d’une augmentation de l’irrégularité interannuelle. Il y a donc en fait, une succession de bonnes et de mauvaises années.

L’action de l’homme

Dans le cas du bassin du Tchad, les périmètres irrigués de la basse vallée du Chari et du Logone , spécialisés la culture du coton, ont pu ponctionner, surtout en années déficitaires, de gros volumes d’eau de ces cours d’eau, mais cela n’a jamais atteint la démesure constatée, en Asie centrale ex-soviétique,par la catastrophe de la mer d’Aral ; une étudiante de Guillaume Favreau a fourni un croquis des débits du Chari avec et sans la ponction due à l’irrigation et il apparaît que cette ponction semble tout a fait raisonnable.

Un recul dramatique

Le lac Tchad est un grand lac peu profond d’Afrique (7 mètres de profondeur) et dont les eaux sont douces.
Son rôle économique est très important, car il fournit de l’eau à plus de 20 millions de personnes des quatre pays limitrophes : le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Nigeria.
Le principal apport en eau du lac Tchad vient du fleuve Chari et de son affluent Logone, tous deux issus des montagnes de la République centrafricaine. L’autre cours d’eau qui aurait constitué un apport important pour le lac est le Komadugu-Yobé, venant du Nigeria, mais le cours d’eau est aujourd’hui affaibli par la présence de deux barrages en amont.

Le recul du lac dans les années 1970-80 n’a pas eu que des inconvénients. Les nouvelles terres émergées, encore humides, ont permis d’entreprendre des cultures très productives au sud du Tchad. Ces rives sont devenues un véritable potager pour Ndjamena car des agriculteurs y ont trouvé un terrain fertile pour la culture des fruits, légumes mais aussi céréales (riz, maïs...).
L’agriculture de décrue fit vivre confortablement aujourd’hui près d’un demi-millier de Tchadiens. Mais il est important de signaler que ces cultures accentuent la réduction du lac, car plus l’agriculture est pratiquée sur ces berges, plus il y a des besoins en irrigation.
Une étude sur le lac Tchad financée par la Nasa dans le cadre de son système d’observation de la Terre montre des variations importantes sur le lac et rend les spécialistes très pessimistes quant à l’avenir du lac. La seule issue reste aujourd’hui, la solution préconisée par le Commission du bassin du Lac Tchad qui regroupe les chefs d’Etat des pays limitrophes du Lac.
Le projet d’envergure vise à transférer les eaux du fleuve Oubangui par un "pipe line" pour renflouer le lac en eau. Un projet ambitieux qui tarde à démarrer alors le processus de disparition du lac s’accélère.

Christophe Mvondo (Nouvelle Expression,Cameroun)


lire aussi sur gaboneco.com (05-05-2009) :Environnement : Le Lac Tchad pourrait disparaître d’ici 20 ans

sur www.liberation.fr (31/10/2010) :Des chefs d’Etat africains s’engagent à agir pour la sauvegarde du lac Tchad

sur www.afrik.com (1er novembre 2010) :Vital lac Tchad, par Franck Salin

et sur tchadinfos.com (14 mai 2013) :Démarrage en 2017, du projet de remplissage du lac Tchad





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