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La France va dépolluer « la baie poubelle » de Dakar

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : vendredi 23 janvier 2009
Dakar   pollution  
Au Sénégal, il y a 25 ans, la baie de Hann était considérée comme une des plus belles plages d’Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, elle est un des plus désolants sinistres écologiques de notre époque, véritable dépotoir nauséabond, où rejets industriels et effluents domestiques sont déversés sans aucun traitement. Ce lundi, l’Agence française de développement (AFD) et la Banque Européenne d’Investissement (BEI) ont signé une convention de prêt à hauteur de 50 millions d’euros pour aider le Sénégal à dépolluer la baie. Il était temps.

source : www.universnature.com - 21-01-2009

Rougeâtre, verdâtre, noirâtre, on ne sait plus vraiment comment définir la couleur de l’eau qui miroite le long des dizaines de kilomètres de la baie de Hann. « Baie poubelle », « rio merdos », les surnoms dont les Sénégalais affublent le site n’en finissent pas de dénoncer, non sans un certain humour, une situation totalement inacceptable. 55 000 personnes vivent dans la baie et sont exposées depuis des années à des concentrations en polluants largement au-dessus des normes admises. Arsenic, acide phosphorique, ammoniac, hydrocarbures, sang des abattoirs, matières fécales, déchets hospitaliers, bactéries en tout genre, la liste des ingrédients est vertigineuse. Deux sources de pollution en sont responsables. Vient en premier, un des plus grands complexes industriels du Sénégal, qui rejette tous ses effluents dans la baie. Ce complexe regroupe, d’après l’Office National de l’Assainissement du Sénégal (ONAS), 71 unités industrielles, et, d’après la presse locale, 259 unités, tous secteurs confondus. S’y ajoutent ensuite les eaux usées domestiques qui s’écoulent directement sans aucun traitement.

Suite à la mobilisation des associations de riverains, le gouvernement sénégalais a commencé à considérer le problème et organisait, en février 2002, un Conseil interministériel pour la réhabilitation de la baie de Hann. En 2006, 500 millions de Francs CFA (1) étaient alloués pour le déblaiement mécanique, l’enlèvement des couches superficielles des déchets, et l’extraction des déchets enfouis. Des mesures de traitement des conséquences de la pollution jugées très insuffisantes tant que la pollution n’était pas jugulée à sa source. C’est grâce au prêt accordé cette semaine par la France et l’Union Européenne que l’on espère enfin une opération de dépollution industrielle de plus grande ampleur. Un canal devrait être créé pour collecter les rejets industriels et domestiques et les conduire vers une station d’épuration. Une fois traités, les effluents seront rejetés dans le fond de l’océan, à trois kilomètres de la côte. Les travaux devraient débuter en 2010. Ce projet s’accompagne de l’introduction au Sénégal du principe « pollueur-payeur », puisque les industriels, soumis à un nouveau système de tarification, devraient prendre en charge une partie du coût de l’assainissement.

Elisabeth Leciak

1- Le Franc CFA est la monnaie officielle d’une quinzaine de pays africains. Créé en 1939, il n’a cessé d’être dévalué par rapport au Franc et, aujourd’hui, à l’Euro (1 € = 655,957 F CFA).




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