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Milices et autres groupes d’auto-défense : L’autre armée de réservistes au service des cheikhs

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : dimanche 9 août 2009
milices  
Depuis quelques années, le nombre des milices au Sénégal progresse à un rythme exponentiel. Une évolution favorisée par un effet de mode qui habite certains chefs religieux soucieux de prendre en charge leur propre sécurité. Toutefois, la démarche représente parfois un véritable danger pour la garantie de la sécurité publique.

source : www.walf.sn - 8 Août 2009

Doit-on les considérer comme des milices ou de simples structures d’auto-défense ?
Leur nombre ne cesse en tout cas d’augmenter depuis quelque temps avec des méthodes d’organisation particulières. Et le constat est que ces types d’organisations se multiplient autour de certains dignitaires ou chefs religieux. Le mouvement des ‘soldats de la paix’ de Serigne Modou Kara constitue à ce niveau l’une des milices les plus visibles et les plus actives. Il suffit de les voir évoluer lors des éditions du Magal de Touba pour s’en convaincre. Ce mouvement de près de trois cents personnes n’a justement rien à envier aux groupes de la sécurité publique. Tenues neuves, chaussures, ceintures et autres accessoires d’habillement…, rien n’est laissé au hasard pour se donner une belle image dans ce mouvement dirigé par Mame Thierno Mbacké, frère cadet du marabout Serigne Modou Kara Mbacké. Dans ce mouvement, le respect à l’organisation est de rigueur. Car on y trouve une certaine hiérarchisation calquée sur le modèle de l’armée. Mais, comme l’explique un élément de ce mouvement, ‘cette démarche entre dans le cadre de la volonté de Serigne Modou Kara de rendre productifs les jeunes’. En effet, ceux-là sont, pour la plupart, des repentis qui s’efforcent de se transformer en ‘soldats de Dieu’. Un tour dans les différents quartiers généraux révèle qu’ils s’entraînent régulièrement. Une véritable armée de réserve au service du cheikh.

Cette situation ne manque pas de donner des frissons si l’on sait que ce phénomène commence à s’élargir sous l’effet d’une mode identitaire. Ceux qui ont fait le déplacement de Tivaouane lors du dernier Gamou, ont forcément croisé des éléments du Dahira ‘Moustarchidina wal moustarchidati’ de Moustapha Sy. Des hommes et des femmes en tenue s’occupant parfaitement de l’organisation et de l’assistance publique. Tous ces mouvements ne disposent pas toujours d’une autorisation leur permettant de tendre vers un clonage de notre armée. Car, la législation sénégalaise interdit formellement ces formes d’organisation aux relents de milices ou de mouvement d’auto-défense. Mais, l’Etat, pour des considérations qui lui sont propres et du fait de connexions avec certaines sphères religieuses, semble afficher adopte un profil bas. D’ ailleurs, il y a juste quelques années, le député Abdoulaye Babou avait soulevé la question à l’Assemblée nationale, rappelant le danger que pourraient représenter ces milices et autres mouvements de sécurité pour la stabilité du pays. Une complainte formulée, à l’époque sous forme de question orale mais restée sans suite.

Le mouvement dénommé ‘Chababou Fayda’ de Médina Baye qui compte près de mille cinq cents ‘soldats’ se targue d’avoir son récépissé depuis 2003. Encore que la loi ne fait pas de différence entre une milice, un mouvement d’auto-défense ou une autre structure de sécurité formée de manière spontanée. Mais dans cette même dynamique, force est de retenir que ‘quand la liberté opprime, c’est toujours la loi qui affranchit’.

Abdoul Aziz AGNE


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sur www.walf.sn (1er octobre 2009) : Lutte contre les milices privées : Les jeunes avocats sénégalais sonnent la mobilisation, par Abdoulaye SIDY

et sur www.lagazette.sn (5 janvier 2012 ) : Recrudescence des milices privées : Les Seigneurs de la terreur, par Alioune Badara COULIBALY





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