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Planification familiale : Comment les femmes passent entre les mailles des maris pro-natalistes

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : dimanche 17 janvier 2010
Face à la vigilance des maris pro-natalistes, les femmes usent de subterfuges pour ne pas tomber enceintes. Ces dernières, une fois informées sur la planification familiale, se rabattent sur des méthodes contraceptives dites ‘discrètes’ pour espacer les naissances.

source : www.walf.sn - 12 janvier 2010

Gynécologue obstétricienne et responsable de la Clinique model, du siège de l’Association sénégalaise pour la planification familiale ( Asbef ), Dr Bineta Ndiaye note que le fait de passer entre les mailles des hommes n’est pas une situation qui convienne aux adeptes de la planification familiale. "Les femmes souffrent d’une incompréhension quelque part. Dès que la femme émet le besoin d’espacer ses naissances, c’est qu’elle a senti une situation difficile pour elle. Difficile par rapport à son état de santé, sa situation sociale", explique la spécialiste en contraception.

En effet, selon les spécialistes de la contraception, la planification familiale reste "parmi les investissements en développement les plus rentables". De fait, l’espacement des naissances peut contribuer à alléger le fardeau économique sur les familles pauvres et permettre aux parents d’investir davantage dans les soins et l’éducation de chaque enfant, contribuant ainsi à améliorer la nutrition des familles et à élever les niveaux d’éducation et de vie.

Au niveau de l’Asbef, toutes les méthodes de contraception sont présentées à la femme qui désirerait se faire planifier. C’est à cette dernière de choisir celle qui lui convient le mieux. Ce choix s’effectue le plus souvent selon la commodité, l’assiduité, l’oubli. A travers ses antennes, réparties un peu partout dans le pays, l’Asbef offre une gamme de méthode contraceptive : Norplan, Diu, pilules, condom, spermicides, injectables. Le registre 2008 a montré 30 mille 967 clientes.

Malgré le fait qu’il s’agit d’un appareil introduit dans le vagin, le dispositif intra-utérin ne ferait certainement pas l’affaire des femmes en matière de discrétion. En effet, le Diu laisse apparaître un fil blanc qui montre que l’appareil est bien en place dans le vagin. Cela ne pourrait pas échapper à la vigilance d’un mari réfractaire à la planification familiale. A défaut de se faire surprendre en train de prendre ses pilules, les femmes peuvent recourir aux injectables tous les trois mois. Mais la méthode la plus "discrète" reste la Jadelle qui est une méthode sous-cutanée. Une méthode longue durée, avec des implants placés sous l’avant-bras de la femme.

Les quelques clientes interrogées n’éprouvent pas le besoin de "dribbler" leurs maris. Elles disent être en phase avec leurs maris dans le choix des méthodes contraceptives. C’est le cas de cette étudiante mariée et mère d’un enfant. Du moment qu’elle compte poursuivre ses études, elle préfère espacer ses naissances pour mieux gérer son temps. L’autre cliente est plutôt confrontée à des risques de grossesse puisqu’elle dit avoir été "césarisée trois fois".

Selon le Dr Bineta Ndiaye, l’idéal aurait été pour les prestataires que les femmes viennent avec leurs conjoints. "La planification familiale doit être un choix de couple. Mais on ne peut pas la refuser à une femme qui aspirerait à être sous contraception, sous prétexte que son mari n’est pas d’accord. C’est son droit", avoue-t-elle devant un parterre de journalistes qui effectuaient une visite des unités de planification et de consultation prénatale de l’Asbef, en présence du directeur exécutif de l’établissement de santé, le Dr Balla Moussa Diédhiou.

En effet, le Population reference bureau (Prb) - une Ong internationale dont le siège est aux Usa - organise en collaboration avec l’Asbef, une caravane à l’intention de dix journalistes du Réseau des journalistes en santé et population. Cette caravane va sillonner les villes de Dakar et de Mbour du 11 au 15 janvier 2010. L’objectif de cette randonnée est de sensibiliser les journalistes sur les thématiques choisies et pour qu’à leur tour, ils puissent informer la population sénégalaise sur ces thématiques. Les thèmes retenus couvrent la grossesse, l’espacement des naissances, la sécurité contraceptive incluant les méthodes permanentes et de longue durée, les fistules vésico-vaginaux et les soins post-avortement.

POUR ASSURER LE CONTINIUM DES SOINS : L’Asbef compte se doter d’une maternité courant 2010

Au siège de l’Association sénégalaise pour le bien-être familiale, les ambitions sont bien affichées. Désormais, plus question de se limiter aux consultations pré et post-natales et à la planification familiale. Il faut assurer le continium des soins. C’est ainsi que, dans le cadre de son plan stratégique, l’Asbef compte se doter d’une maternité dans le courant de l’année 2010. L’information a été livrée, hier, lors de la présentation des missions de l’Asbef à une délégation de journalistes du Réseau des journalistes en santé et population, par le chargé du suivi évaluation de la dite structure, Moussa Mané.

Une maternité d’une capacité d’hospitalisation de 10 lits dont quatre en cabinet individuel et six en cabinet double, sera basée au niveau de la Clinique modèle du siège de l’association à Dakar. L’Asbef ne compte pas s’en arrêter là. En 2011, les antennes de Kaolack, Saint-Louis et Louga seront également dotées d’une maternité. En 2013, ce sera l’avènement des antennes Asbef de Kolda, Tambacounda et Guédiawaye.

L’Asbef offre différents services qui vont de la contraception aux conseils en passant par la pédiatrie, les consultations prénatales, l’infertilité, les infections sexuellement transmissibles et autres affections gynécologiques. Dans le courant du premier semestre de l’année 2009, un total de 40 mille 368 femmes ont rendu visite à l’établissement de santé. Selon le directeur exécutif de la structure, l’idéal serait de recevoir à cette future maternité les femmes suivies au niveau de l’Asbef. Mais toute femme qui arrive en travail au niveau de l’établissement est toujours la bienvenue, assure le Dr Balla Moussa Diédhiou.

INFECTIONS SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES : Quand le Sida éclipse le cancer du col de l’utérus

Le Vih/Sida éclipse les autres Infections sexuellement transmissibles, notamment le cancer du col de l’utérus. Le constat est fait par le docteur Amath Wone, microbiologiste, et responsable du laboratoire de l’Asbef."Tout le monde se mobilise derrière le Vih. Les bailleurs injectent énormément de fonds dans le cadre de la réponse, alors qu’on ne parle pratiquement pas du cancer du col de l’utérus", regrette le laborantin qui dit plaider pour tous les cancers de manière générale. "Ce sont des maladies qui, une fois dépistées à temps, peuvent guérir", note le Dr Amath Wone qui recevait la visite de membres du Réseau des journalistes en santé et population.

Pour fidéliser sa clientèle et apporter des ressources additionnelles, l’Asbef s’est dotée d’un laboratoire d’analyse. Celle-ci a pour vocation de faire le dépistage au Vih, les analyses ainsi que le frottis cervico-vaginale qui permet de détecter le cancer du col. Et souvent, des lésions précancéreuses sont détectées au niveau de certaines patientes. "Entre 50 et 60 % d’entre elles ont besoin de prise en charge" note le Dr Wone qui précise que le coût des analyses revient à cinq mille francs au niveau de l’Asbef.

Issa NIANG


lire aussi sur www.walf.sn (20 janvier 2010) : Contraception féminine : Les imams s’opposent à son utilisation en cachette, par Paule Kadja TRAORE

sur www.lesoleil.sn (25 janvier 2010) : PLANIFICATION FAMILIALE : Les injectables, une méthode bien cotée chez les femmes, par Maïmouna GUEYE

et sur www.aps.sn (27 janvier 2010) : Il y a 39.000 grossesses non désirées au sud du continent, selon la présidente du FAAPPD





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