le magazine du Sénégal dans le monde

Quand les promoteurs rencontrent l’offre d’encadrement

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : dimanche 6 juillet 2008
diaspora  
A Madrid depuis quelques années, Mariama Badji fait part du risque d’insuccès encouru par les Sénégalais de l’extérieur dans leurs projets de retour au Sénégal.

Mataro, 4 juil (APS) –Parlant au nom d’un comité ad hoc monté à Madrid, pour accueillir la Caravane des PME (23-29 juin), elle met en cause le manque d’information et de contact sur lesquels les émigrés peuvent compter afin de bénéficier de l’accompagnement des agences publiques d’appui à l’entreprenariat.

"Ce cadre (de la Caravane des PME) est pertinent, en ce sens qu’il permet des échanges et des joint-ventures, mais les émigrés ont élaboré des projets qui se retrouvent dans les tiroirs", se plaint-elle.

En plus du manque d’information ou de contact, la peur d’investir sans garantie et l’absence de partenaires sont identifiés comme "les facteurs bloquants", à l’investissement de la diaspora. Constamment, les structures d’appui à l’initiative privée sont sollicitées par les porteurs d’affaires ou de projets parmi les émigrés sénégalais et les représentants du secteur privé.

"Nous allons vous aider à sortir vos projets des tiroirs et à les mettre en œuvre", a répondu le ministre des Mines, de l’Industrie et des PME, Ousmane Ngom, à l’interpellation de Sénégalais établis à Madrid. Ceux-là ont soulevé cet écueil à l’appel des sirènes lancées par les autorités sénégalaises dont le leitmotiv est "le retour par l’investissement productif".

"L’investisseur va bénéficier du plus grand soin", rassure le directeur des PME. Ibrahima Diouf a expliqué que la mission de la caravane marque "une démarche de proximité" dans le sens de l’incitation des autorités gouvernementales à l’initiative privée et à forger l’esprit d’entreprise chez les populations.

Avec le choix du mode itinérant, M. Diouf estime que, de cette manière, ils sont en train de mettre à la disposition des Sénégalais et des étrangers, porteurs d’affaires ou de projets, "toute l’information sur le dispositif d’appui au secteur privé", afin de leur permettre de prendre leur décision d’investir au Sénégal.

L’optimisme des uns et des autres se fonde sur la participation et l’implication des agences publiques (APIX, APROSI, ASIT, ANCAR, ANREVA, ITA, ISRA, Bureau de mise à niveau des entreprises), ainsi qu’elle compte sur participation de structures de financements : Caisse nationale du crédit agricole du Sénégal (CNCAS) et Fonds de promotion économique (FPE).

Ces facilités et opportunités d’investissement ont été présentées aux promoteurs parmi les Sénégalais de la diaspora et aux porteurs d’affaires espagnols.

Placé sous la tutelle du ministère sénégalais de l’Economie et des Finances, le directeur de l’appui au secteur privé, Mamadou Makhtar Diagne, a annoncé l’élaboration prochaine d’une banque des données des secteurs porteurs au Sénégal, afin de garantir aux promoteurs et aux investisseurs une rentabilité meilleure à leur business plan.

Moustapha Diop, chef du service du marketing intérieur à l’APIX, a expliqué les facilités de création d’entreprises (en 48 heures) et les incitations fiscales ou douanières qui y sont rattachées. Les opportunités attendues de la zone économique spéciale, du projet en cours de l’autoroute à péage et de celui de l’aéroport de Ndiass complètent le menu de l’investisseur.

Pour la création d’entreprises, passer de l’idée de projet à la réalisation d’un business plan peut être la mer à boire pour tout promoteur. Cependant, l’entrepreneur à la bourse faible peut se faire aider en se rapprochant de l’Agence de développement et de promotion des PME pour l’appui et le conseil.

Par ailleurs, dans le cadre de l’aide au retour, l’ADEPME travaille avec l’Organisation internationales des migrations. Sylvie Dagnon a présenté ces deux offres aux émigrés et aux porteurs d’affaires espagnols. L’agence sénégalaise cherche en outre à accompagner le promoteur, jeune ou modeste, dans la recherche de financement.

Une autre gamme d’incitations est mise en place pour les promoteurs, à l’instar du Fonds de promotion économique (FPE). Doté de sept lignes de crédits bancaires, ce fonds accorde des prêts allant de 10 à 450 millions de FCFA, demandant un apport personnel de 10%. Autres détails alléchants pour lerefinancement qu’il propose : 11% de taux d’intérêt, exonération de la taxe sur les opérations bancaires et cinq ans pour la durée du prêt.

Joachim Bass annonce "la transformation du FPE en banque universelle focalisée sur les PME". "C’est une perspective qui pourrait intéresser les Sénégalais de l’extérieur et le secteur privé espagnol" a-t-il estimé. L’objectif est de leur éviter le classique coup du sort de l’éviction aux crédits à l’économie."Les banques sont frileuses, elles mènent une politique de crédit très sélective, et cela en faveur des grandes entreprises."

"Nous accompagnons les Sénégalais dans leurs activités et aidons les émigrés à ouvrir un compte et à pouvoir bénéficier de prêts bancaires (des crédits d’équipement ou d’investissement)", a déclaré Serigne Mbacké Ndiaye, président du conseil d’administration de la CNCAS. Il a insisté sur les opportunités en termes d’investissements agricoles.

"Le cadre est favorable pour investir dans le secteur privé agricole. Les ressources en eau sont en très bonne disponibilité" confirme, de son côté, Babacar Ndiaye, responsable à l’Agence nationale du plan REVA. Aussi, explique-t-il aux promoteurs agricoles parmi lesquels des émigrés ou des porteurs d’affaires espagnols les disponibilités en terres : 300.000 hectares pour 1.000 habitants.

L’Espagne, à l’instar du Maroc, est partenaire du Sénégal dans le cadre de ce programme de retour des jeunes vers l’agriculture, afin de les fixer dans leur terroir, les éloignant ainsi de l’émigration. Plus d’une dizaine de fermes sont en train d’être mises en œuvre, selon les autorités qui projettent 8.000 emplois.

Lancée récemment par le président Abdoulaye Wade, la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (GOANA) présente, de son côté, d’autres opportunités d’investissement, selon des experts. En plus, des facilités sont envisagées pour ses adhérents.

Le directeur de l’appui au secteur privé, Mamadou Makhtar Diagne, a révélé des études en cours pour une exonération du matériel et des intrants investis dans le cadre de la GOANA. Cette incitation à l’investissement agricole concernera les droits de douanes, la TVA, l’impôt sur le revenu ou sur les sociétés.

En termes de créneaux porteurs, le chercheur Pape Nohine Dièye rappelle que le production de semences est une des fonctions dévolues à l’Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA) dont il est le responsable de l’unité économique et politique agricole.

Selon lui, 40.000 ha sont dédiés à cette filière. "Les émigrés et les investisseurs (espagnols) peuvent saisir cette opportunité", précise-t-il. Pour sa part, le docteur vétérinaire Lamine Guèye met en exergue les avancées du laboratoire de vaccins installé au centre-nord du Sénégal, ainsi que la niche que constitue un "secteur avicole en pleine croissance".

La transformation des produits du cru constitue, à ce niveau, une opportunité pour ceux qui veulent investir dans l’agro-industrie. Babacar Ndir, responsable à l’Institut de technologies alimentaires, signale l’implantation d’une unité de production de vinaigre de la mangue à Ziguinchor pouvant faire tâche d’huile. Il a rappelé la disponibilité des incubateurs mis en œuvre par l’ITA pour la transformation des produits locaux (fruits, lait et légumes).

Le représentant de l’Agence pour la promotion des sites industriels (APROSI), Momar Guèye, a fait part des aménagements de sites industriels (terrains et bâtiments) pour les investisseurs désirant s’implanter à Diamniadio ou dans lesrégions. "Ce sont de nouvelles zones en bordure de route et d’autres domaines industriels sont en état de réhabilitation", a-t-il indiqué.

La caravane des PME servait également de tribune au Bureau de mise à niveau. Mieux que dans les séances plénières, les bourses de partenariat ont permis à ses deux représentants, Lamine Ndiaye et Poulméry Bâ Niang, de développer l’offre de cette structure créée en décembre 2007. Elle vise à améliorer la compétitivité des produits et services fournis par les entreprises sénégalaises sur le marché national et l’exportation.

Le directeur de la coopération décentralisée, Tidiane Sidibé, a expliqué les enjeux de la recherche de partenariats et de financements pour les collectivités locales, afin de promouvoir et de développer l’investissement à un niveau décentralisé.

Il a sollicité auprès du public des caravaniers plus d’intérêt à ce niveau, tandis que le directeur de la coopération internationale, Demba Gaye, a appelé à l’appui les émigrés à favoriser le contact entre les ONG du Nord avec celles du Sénégal.

SAB/CTN

Envoyé spécial : Serigne Adama Boye




Lettre d'info

Recevez 2 fois par mois
dans votre boîte email les
nouveautés de SENEMAG




© 2008 Sénémag      Haut de page     Accueil du site    Plan du site    admin    Site réalisé avec SPIP      contact      version texte       syndiquer