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Adieu à Sotigui Kouyaté

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : dimanche 18 avril 2010
C’était un griot. Mais il avait été également joueur de football...Adoré du public des Bouffes du Nord où il était l’un des comédiens les plus singuliers de la troupe de Peter Brook, il est mort samedi [17/04/2010] à l’Hôpital Geoges-Pompidou, à Paris, des suites de problèmes pulmonaires aigus.

source : blog.lefigaro.fr/theatre - 18/04/2010

Sotigui Kouyaté était long comme une liane, sec comme une branche de bel arbre, doux comme un sage. Il descendait d’une famille de griots et dans son art merveilleux de comédien ou de conteur, il y avait toute la grâce mystérieuse de l’Afrique.

C’est par le théâtre que nous l’avions connu, mais c’est par le cinéma qu’un large public l’avait connu et notamment grâce à Black Micmac de Thomas Gilou en 1986 qui élargit le cercle de cet aristocrate de la troupe de Peter Brook. On le vit dans IP5 de Jean-Jacques Beineix, dans Tombés du ciel de Philippe Lioret. Récemment, dans London River de Rachid Bouchareb, avec qui il avait aussi tourné Little Senegal , il avait trouvé un personnage qui lui resssemblait tellement que l’on s’étonne à peine qu’aujourd’hui il s’en soit allé. Pour ce personnage, pour ce rôle, pour cette incarnation belle et bouleversante il avait obtenu en 2009 l’Ours d’argent à la Berlinale. Il était Ousmane, qui vivait en France, musulman. Il allait rencontrer, se disputer puis devenir l’ami taciturne de Madame Sommers, une chrétienne et une anglaise. Il avait fait le voyage, Ousmane, parce que lors des attentats de Londres, son enfant avait disparu. Celui de Madame Sommers aussi. Magnifique et tendre équipée avec Brenda Blethyn.

Sotigui Kouyaté était un homme d’une intelligence profonde. Né au Burkina Faso en 1934, dans une famille où la mémoire et le récit importaient plus que tout, il avait donc été assez célèbre comme...footballeur -sélectionné deux fois en équipe nationale- avant d’enseigner, de faire de la radio puis de devenir comédien. Il avait un regard profond qui illuminait son visage osseux et une voix tendre, une voix de chuchotis qui donnait du moelleux à sa longue et maigre silhouette. Ces dernières années, avec ses cheveux longs retenus en tresse, un feutre sur la tête, il avait trouvé l’idéale silhouette qui disait sa bonté, sa gravité, sa malice aussi, son humour et son attention absolue aux autres et au monde.

Au théâtre, on ne risque pas de l’oublier. Il apportait une grâce, un charme. Il était impressionnant. Il fut de l’aventure du Mahabharata , joua Prospero dans La Tempête (avec deux débutants inconnus, Romane Bohringer et Clovis Cornillac), L’Homme qui prenait sa femme pour un chapeau d’après la fabuleuse suite d’études de Oliver Sacks, Antigone , Hamlet . Sa présence faisait merveille. La présence d’un acteur sur une scène...ce qui ne peut se résoudre en mots...Ainsi était Sotigui Kouyaté. Le Ministre de la Culture du Burkina Faso, Filippe Sawadego a dit hier combien Sotigui Kouyaté avait fait pour la notorité de son pays, et de l’Afrique...Un homme plus humain que les autres, Sotigui Kouyaté.

Armelle Héliot


lire aussi sur www.africultures.com (28/07/2010) : Sotigui Kouyaté : consécration d’une icône de l’Afrique, entretien de Hassouna Mansouri avec Sotigui Kouyaté

sur www.unesco.org : Sotigui Kouyaté : le sage de la scène, Propos recueillis par Cynthia Guttman, journaliste au Courrier de l’UNESCO

et sur www.jeuneafrique.com (29/11/2004) : SotiguiKouyaté : « Tierno Bokar, c’est moi », Propos recueillis par Alex Siewe

et voir sur www.tv5.org (vidéo) : TV5MONDE- Festival de Cannes 2009 : les entretiens- Sotigui Kouyaté

et sur afriquaparis.blogspot.com (vidéo) : Cérémonie de décoration de Sotigui Kouyaté au FESPACO 2009





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