le magazine du Sénégal dans le monde

A cause de la pauvreté : La lèpre frappe encore à nos portes

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : samedi 29 janvier 2011
lèpre  
Même si le Sénégal se trouve en situation d’élimination de la lèpre, les spécialistes en épidémiologie, sur la base d’un certain nombre de facteurs, demandent aux autorités sanitaires de rester vigilants, car on assiste à des signes qui montrent que la maladie peut revenir au Sénégal.

source : www.walf.sn - 28.01.2011

‘Même si on est en situation d’élimination de la lèpre, je préconise une certaine vigilance de la part des acteurs du secteur de la santé. Il y a risque de résurgence de la lèpre au Sénégal’. Point focal de la lutte contre la lèpre au Sénégal, le docteur Ibrahima Mané sonne ainsi l’alerte. L’épidémiologiste faisait face hier à la presse, à l’occasion d’un atelier d’information pour les journalistes portant sur les aspects médicaux et sociaux de la lèpre au Sénégal. Cette rencontre, en prélude de la 58e édition de la Journée mondiale de lutte contre la lèpre qui sera célébrée le 31 janvier prochain à Mballing, un village de reclassement des lépreux situé dans le département de Mbour, s’est tenue hier dans les locaux du Service national de l’éducation et de l’information pour la santé ( Sneips ).

Le Dr Mané a sonné l’alerte, en se basant sur l’observation de facteurs parmi lesquels des cas observés chez les enfants. ‘On a remarqué dans certaines zones que des enfants développent la forme dite mineure de la maladie. Cela nous inquiète. Car, normalement, chez les enfants comme chez les adultes, au moment où nous sommes en période d’élimination de la lèpre, on devrait plutôt observer une forme multi-bacillaire qu’on appelle une forme majeure’, explique le spécialiste des soins liés à la maladie de la lèpre.

Le second facteur évoqué par le Point focal de la lutte contre la lèpre au Sénégal est lié à la pauvreté. ‘La lèpre est une maladie de la pauvreté. De plus en plus, les personnes sont en difficulté pour se loger et se nourrir. Or, la lèpre, c’est une maladie de la promiscuité, qui frappe les personnes mal nourries et qui ne développent pas une certaine résistance’, note le Dr Mané. Et d’ajouter que l’accès aux soins constitue un problème pour ces populations qui éprouvent des difficultés à se soigner.

Le Sénégal compte environ une population de huit mille lépreux dont mille cent anciens malades guéris. Ces lépreux sont localisés dans neuf villages de reclassement répartis à travers le pays. Il s’agit de Mballing, Paykouck, Koutal, Sowane, Fadiga, Djibélor, Teudi, Kolda et Diambo. En 2010, le Sénégal a enregistré une cinquantaine de nouveaux cas de lèpre. Une incidence très faible par rapport aux normes de l’Organisation mondiale de la santé qui fixe, pour une élimination de la maladie, un barème d’un cas de lépreux pour 10 000 habitants. Le Sénégal se situe à un cas pour 40 000 habitants.

Médecin chef du Centre hospitalier de l’Ordre de Malte (ex-Centre de léprologie de Dakar), le Professeur Charles Badiane invite à ne pas faire la confusion entre élimination et éradication. En effet, explique-t-il, on parle d’élimination quand la transmission de la maladie est tellement réduite avec une prévalence très faible. L’éradication, quant à elle, fait référence à l’agent, le microbe responsable de la maladie qui ne doit plus être en circulation.

En célébrant cette journée mondiale de lutte contre la lèpre, les responsables du ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale veulent sensibiliser l’opinion sur la maladie et ses conséquences au plan économique, social et culturel. Il s’agit de mobiliser les communautés pour des actions de solidarité en direction des personnes affectées par la lèpre et de faire le bilan de l’année sur des objectifs précis. ‘Non à l’exclusion, oui à la réinsertion’, c’est le thème choisi cette année. A travers cette journée, les associations d’assistance et de soutien aux lépreux voudraient informer et sensibiliser les décideurs sur les mutations positives constatées dans les villages de reclassement social.

Issa NIANG




Lettre d'info

Recevez 2 fois par mois
dans votre boîte email les
nouveautés de SENEMAG




© 2008 Sénémag      Haut de page     Accueil du site    Plan du site    admin    Site réalisé avec SPIP      contact      version texte       syndiquer