L’Afrique, nouveau terrain de jeu des puissances économiquesDepuis la fin de la guerre froide, la géopolitique mondiale a subi de profonds bouleversements, dont le continent noir n’a pas été exclu. A l’antagonisme Est-Ouest, qui voyait s’affronter, par pays africains interposés, l’Union soviétique et les Etats-Unis, succède un jeu moins stéréotypé. Celui-ci contraint les acteurs internationaux traditionnels à s’adapter, tandis qu’émergent de nouveaux participants. Point commun à tous, écrit Amady Aly Dieng : le continent constitue un précieux champ d’expression de leurs préoccupations et de satisfaction de leurs intérêts.
source : www.pambazuka.org - 08-02-2010 Face à l’arrivée de concurrents comme la Chine et le Brésil, qui multiplient les initiatives diplomatiques et commerciales en Afrique, les capitales européennes se trouvent de plus en plus placées sur la défensive. Paris fait ainsi face à une contestation croissante. Dans la lutte d’influence à laquelle se livrent les puissances, Washington n’hésite pas à enrôler des leaders noirs américains, anciens militants de droits civiques, appelés sous les drapeaux de la guerre commerciale. En effet, les relations internationales se sont étoffées d’agents privés tels que les organisations non gouvernementales (Ong), les cabinets de consultants ou les Eglises.Leur influence paraît d’autant plus grande que le continent noir se trouve en situation de faiblesse politique et humanitaire. C’est ainsi que les lobbies évangéliques venus des Etats-Unis colonisent les milieux gouvernementaux, tandis que les Ong déterminent les termes de débats cruciaux, comme celui du Darfour. De plus en plus présente, la justice internationale post-conflit exprime ces ambiguïtés entre impératifs universels et nécessaire prise en compte des réalités locales. Etats-Unis Eglises évangéliques Françafrique Ami personnel du président Nicolas Sarkozy, M. Vincent Bolloré est devenu le symbole du type de relations entretenues par la France avec les pays africains. Les réseaux politiques et médiatiques de l’homme d’affaires lui permettent en effet de traverser les tempêtes de critiques suscitées par ses liens peu scrupuleux sur le continent noir et d’obtenir de fort juteux contrats. Révolution verte - OGM Matières premières A première vue, la nouvelle donne mondiale ne produit pas de changements spectaculaires dans le quotidien des populations : la pauvreté reste endémique ; le continent est, au premier chef, touché par la pandémie de sida ; et la guerre ravage toujours certaines régions, comme le Darfour. Toutefois, les classes moyennes, laminées par les plans d’ajustements structurels des années 1980, se reconstituent et pourraient « tirer » le développement. En 2009, le Sud-Africain Nicky Oppenheimer est même le premier magnat d’Afrique subsaharienne à entrer dans le classement Forbes des cent premières fortunes du monde. De Johannesburg à Dakar, ces événements avivent le débat politique et économique, sur fond d’inégalités. Ils coïncident aussi avec une volonté d’affirmation nouvelle du continent : des institutions panafricaines se développent ; des gouvernements décident d’affronter les multinationales prévaricatrices ; des Etats accèdent à des forums mondiaux tels que le G20… Insensiblement, les cartes sont redistribuées. Alors que seize pays fêteront, en 2010, les cinquante ans de leur affranchissement colonial, certains voudraient y voir l’annonce d’une seconde indépendance pour le continent. En quelques années, le continent africain a subi de profondes mutations. La fin de la guerre froide a transformé le jeu politique, en répandant le multipartisme et en mettant fin à des conflits alimentés de l’extérieur, comme en Angola. D’autre part, le boom des matières premières coïncide avec l’échec des plans d’ajustements structurels et provoque une interrogation sur le modèle économique à suivre. Au-delà des difficultés du quotidien, une nouvelle partie commence pour l’Afrique, selon Anne-Cécile Robert. Les classes moyennes africaines commencent à se reconstituer. Mais elles semblent moins préoccupées de l’intérêt général que leurs aînées.
Union Africaine - paix Amady Aly Dieng Amady Aly Dieng est économiste. Il anime des chroniques littéraires régulières dans la presse sénégalaises. Les éléments développés dans cet articles sont un résumé de l’édition « Indispensable Afrique Manière de voir - Le Monde diplomatique Bimestriel - N° 108 décembre 2009-janvier 2010, 98 pages |
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