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Fesman III : Un afro-pessimiste à la tête d’une commission stratégique

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : lundi 21 juin 2010
Les anciennes équipes de la Co­ordination générale et de médiatic chargées de l’organisation du troisième Festival mondial des arts nègres (Fesman III) auraient été dissoutes pour incapacité à formaliser une démarche efficiente, pour manque de volonté et pour activisme inopérant. C’est donc sur le terrain du dé­vouement, du réalisme et du pragmatisme qu’on attend la nouvelle équipe dirigeante conduite par le mi­nistre de la Culture Mamadou Bousso Lèye, Alioune Badara Bèye, Aziz Sow, Syndiély Wade…

source : www.lequotidien.sn - 20-06-2010

Mais ces intelligences chargées de rendre enfin possible la tenue de ce 3e Festival mondial des arts nègres sont, semble-t-il, comme sommées par l’ampleur et l’échéance de dé­cembre 2010, au point de manquer de lucidité concernant le choix des hommes. Sinon, comment comprendre celui de Reginald Groux, placé à la tête de la commission Programmation des arts d’Afrique ?

Reginald Groux est un marchand d’objets d’art qui dispose de nombreuses pièces dont il a souvent du mal à justifier la provenance et donc le caractère licite. Pour ceux qui le connaissent, Reginald est l’un des principaux détracteurs de l’Institut international pour l’unification du droit privé ( Unidroit ), un organisme qui se bat pour le « retour international des biens culturels volés ou illicitement exportés » et qui, à cet effet, a élaboré une Convention dont M. Groux estime qu’elle ne devrait pas s’appliquer aux pays africains. « On ne doit pas imposer notre mode de pensée à des pays qui ne fonctionnent pas comme nous », disait-il. Ainsi, pour lui, les conventions qui luttent contre le trafic illicite des objets d’art, ne sont pas faites pour l’Afrique  !

Dans le cadre du Fesman III qui met en évidence la Renaissance africaine, le choix de ce collectionneur et marchand d’art, co-fondateur au début des années 1986 de la galerie Noir d’Ivoire basée à Saint-Germain-des-Près (Paris), est absolument troublant. Le cas échéant, il est fort à parier qu’aucun conservateur africain n’accepterait de laisser une personne aussi négativement marquée entrer dans ses réserves.

Pour ceux qui ont en charge l’organisation et la bonne tenue de ce festival, il n’est sûrement pas trop tard pour vérifier l’identité idéologi­que de M. Groux et d’agir en conséquence, si tant est qu’on souhaite vraiment la réussite de cet événement qui est avant tout une affaire de symboles et de représentations. Parce qu’en plaçant le Français à la tête d’une commission, l’instance dirigeante, à mon avis, trahit l’esprit et la finalité du Fesman.

Il faut par ailleurs le relever pour le déplorer : l’expertise africaine est sou­vent reléguée au second plan, voire ignorée, lorsqu’il s’agit d’initiatives… africaines. Et c’est bien triste pour l’Afrique.

Félix NZALE - Journaliste culturel


lire aussi sur www.lequotidien.sn (09-06-2010 ) : Festival mondial des arts nègres :« Fesman ne veut pas dire grand chose », Par Gilles Arsène TCHEDJI

et sur www.xibar.net (07-06-2010 ) : Wade récidive en nommant un autre Français à la tête du Fesman : l’expertise nationale reçoit un nouveau coup !





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