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Portrait : N’diouga Gaye, pêcheur à Guet N’dar : « Chaque année, il y a au moins 25 morts en mer »

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : mercredi 5 octobre 2011
A Saint-Louis, au village de Guet N’dar, de nombreux Sénégalais vivent à deux pas de l’océan Atlantique. Ce sont les pêcheurs en mer qui ont construit leurs maisons tout au long de cette étroite bande de sable, appelée la Langue de Barbarie. Métier dangereux et difficile, la pêche en mer est pourtant la principale activité de ces hommes qui se battent chaque jour pour nourrir leurs familles. Portrait de l’un d’entre eux, N’diouga Gaye.

source : www.ndarinfo.com - 30 Septembre 2011

Ce jeudi 15 septembre, il est près de midi au village des pêcheurs. L’océan est agité et les rouleaux s’écrasent violemment sur le sable. A l’horizon, seule une pirogue brave les courants marins, les autres sont amarrées sur la plage, attendant d’être mises à l’eau. Sous les cases à palabre, les pêcheurs discutent entre eux, sûrement de leurs problèmes quotidiens. N’diouga Gaye fait partie des leurs. Ce pêcheur en mer depuis vingt ans accepte de parler, sans tabous, des difficultés de son métier.

Déjà à l’adolescence, N’diouga Gaye partait en mer

Il raconte : « Dès mon plus jeune âge, mon père est parti en mer pour pouvoir nourrir notre famille. En 1976, avec deux compagnons, il a pris la pirogue pour aller à Nouakchott, en Mauritanie. A cette époque, j’avais cinq ans ». Il a ainsi suivi les traces de son père : « Lorsque j’ai eu 15 ans, j’ai été obligé de quitter l’école pour partir en mer et ainsi aider notre famille ».

Après avoir travaillé au filet dormant puis au filet tournant, N’diouga Gaye pêche depuis six ans à la ligne. « C’est beaucoup plus pratique et moins fatiguant », explique-t-il. Dorades, mérous, rougets, thons ou encore rascasses, les poissons qu’il ramène sont exportables et donc plus faciles à vendre. Néanmoins, le travail reste aussi difficile. « On doit aller pêcher dans les profondeurs, à 250 kilomètres au nord, car près du bord, il n’y a plus de poissons », lance ce quadragénaire. Chaque jour, il part ainsi en mer, accompagné de quelques collègues, dans l’après-midi, avec sa propre pirogue. Une pirogue de 8,5 mètres achetée en 2002 au prix de 30 millions de Francs CFA.

Près de 30 morts par an en mer

Même s’ils partent en mer calme, la houle peut les surprendre à tout instant. « C’est un métier très dangereux à cause du mauvais temps qui peut se lever à n’importe quel moment. Chaque année, il y a au moins 25 morts en mer ». Le regard triste, N’Diouga Gaye confie : « Mon grand frère en a été victime, en 2003. Peut-être qu’on aurait pu le retrouver si les recherches avaient commencé plus tôt ». Il ne s’étendra pas sur cette perte familiale...

Marié et père de deux garçons, N’Diouga Gaye a, à lui seul, la charge de sa famille. « C ’est difficile de la faire vivre car nous n’avons pas d’autres boulots. Parfois, tu pars deux mois, tu gagnes 100 000 à 150 000 Francs CFA mais les mois suivants, tu n’as pas de rentrée d’argent. Tu ne peux pas nourrir ta famille, c’est vraiment dur », explique-t-il d’un ton grave. De temps à autre quand le poisson ne mord pas, N’Diouga Gaye essaie de trouver un autre travail pour nourrir sa famille. En vain.

Quand ils seront en âge, N’Diouga Gaye apprendra la pêche à ses deux garçons. S’il n’y a pas d’autres activités, les garçons pourront au moins assurer la survie de leur famille...

Texte et photos Rozenn Le Roux




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