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Hommage à Seydina Insa Wade, musicien folk et esprit rebelle

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : lundi 21 mai 2012
Seydina  
Seydina Insa Wade s’est éteint à Dakar, le 9 mai dernier. Un grand chanteur, ancien membre du mythique West African Cosmos et du non moins légendaire groupe Xalam est “parti”, comme on dit au Sénégal. Ce poète de 63 ans appartenait à la génération de l’agitateur étudiant mort en prison, Omar Blondin Diop, qu’il a chanté, mais aussi à celle du cinéaste Djibril Diop Mambéty, disparu en 1998. Il avait bien des points communs avec ce réalisateur, frère aîné du musicien Wasis Diop. Tous deux étaient des fils d’imam ayant grandi dans des quartiers traditionnels de Dakar, l’un à Colobane, l’autre à la Médina. Tous deux ont eu 20 ans dans les années 1960. Tous deux avaient un regard à la fois poétique et révolté, extrêmement lucide sur leur propre société. Tous deux « aimaient la vie » et ont succombé à un cancer. Seydou Gueye, ancien manager de Seydina Insa Wade et actuel directeur artistique du festival L’Afrique dans tous les sens, qui se déroule du 17 au 27 mai à Paris, lui rend hommage.

source : blog.slateafrique.com - 21 mai 2012

Slate Afrique : Que représente Seydina Insa Wade ?

Seydou Gueye : L’un des précurseurs du folk africain… Il a influencé beaucoup d’artistes, notamment les frères Guissé, qui se trouvent dans son sillage. C’était un esprit rebelle qui disait ce qu’il pensait. Il n’hésitait pas à critiquer ouvertement les gens qu’il avait en face de lui lorsqu’ils manquaient d’intégrité. Il n’avait pas de goût pour la carrière ou le compromis. Il n’a jamais fait de compromis. Jamais ! Les gens comme lui sont rares, désormais. Son esprit rebelle était à la base de ses compositions, qu’il écrivait dans un très bon wolof et de manière phonétique, en caractères arabes.

Que chantait-il dans ses textes ?

S.G. : Dans l’album Libasse (1996), il chantait par exemple les louanges de Mame Libasse, une réincarnation du prophète Mahomet pour la confrérie musulmane des Layènes. Seydina appartenait aux Lébous, l’ethnie de pêcheurs à qui la ville de Dakar appartient (de Yoff jusqu’à Thiaroye). Il était très impliqué dans leur confrérie, les Layènes – connue pour son sens de l’égalité sociale, un idéal qu’il avait fait sien. Chez les Layènes, tout le monde s’habille en blanc pour gommer les différences et tout le monde s’appelle Laye, pour qu’on ne puisse pas dire qu’untel ou untel appartient à telle ou telle caste. Seydina portait lui-même le nom d’un ancien khalife général des Layènes, Seydina Insa Laye.

Pourquoi reste-t-il assez peu connu, alors qu’il a beaucoup compté dans la musique sénégalaise ?

S.G. : C’est pour moi un regret. Il aurait pu faire une grande carrière internationale. Il en avait le talent, mais pas l’ambition. C’était un troubadour et personne ne pouvait le formater. L’aspect mercantile de la musique ne devenait important que lorsqu’il était dans la difficulté. Il faisait de la musique pour lui. Il ne faut pas non plus oublier que ce poète n’a jamais fait de mbalax. Il a fait le choix de l’acoustique et il n’a pas lâché sa guitare. D’où sa relative popularité, même au Sénégal.

Sabine Cessou


lire aussi sur www.lequotidien.sn (3 avril 2012) : Concert des Frères Guissé en l’honneur de Seydina Insa Wade : Une belle moisson de solidarité , par Gilles Arsene TCHEDJI





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