le magazine du Sénégal dans le monde

Wasis Diop sort un nouvel album

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : mercredi 18 juin 2008
Le musicien sénégalais Wasis Diop sort un nouvel album et fait renaître les esprits des nuits de son enfance.

Wasis Diop réveille avec un certain modernisme dans "Judu Bék" (Think Zik/Pias), son nouveau disque, les chants mystérieux et les esprits des nuits de son enfance à Dakar, tout en portant un regard plein d’ironie mais bienveillant sur les maux de nos sociétés contemporaines.

Avant-garde
"Mon Afrique est à l’avant-garde, ce n’est pas une Afrique à la traîne. Ce n’est pas l’Afrique du conservatisme des griots", a affirmé à l’AFP ce musicien qui met fin avec "Judu Bék" ("La joie de vivre") à un long silence discographique de dix ans, et qui remontera sur une scène parisienne, La Cigale, le 27 octobre, avant une tournée.

"Les chants que j’écoutais petit étaient très aériens, surtout les chants d’hommes qu’on entendait la nuit, qui m’ont fasciné", raconte cet homme de 56 ans originaire de Colobane, un quartier à Dakar enfoui aujourd’hui sous l’urbanisation frénétique, derrière une autoroute. "Quand je sortais, je me perdais".

"L’endroit où on est né fait partie de notre identité et détermine tout ce qu’on deviendra", poursuit-il. "C’est une base essentielle, le premier air que l’on a respiré, les bruits du quotidien, la première lumière qui a traversé nos yeux, constituent vraiment notre identité profonde."

Enfance
Sans sombrer dans la nostalgie, ce chanteur puise dans ce "grenier de l’enfance" ("Nous sommes les enfants de notre enfance", dit-il), "qui sert d’ossature à ma création", pour mieux mettre "ces choses pas forcément nouvelles" en perspective avec la société contemporaine.

Ainsi aborde-t-il dans son dernier disque, éloge de la lenteur aux atmosphères cotonneuses, divers sujets : une femme de Bamako qui "joue au jeu à 1.000 francs pour nourrir ses enfants et ses parents" ; la mémoire de Djibril, le frère disparu et aimé ; le cheminement d’une "automobile mobile qui rame comme un crocodile, prisonnier dans une file" dans une chanson sur les villes paralysées par les embouteillages ; Kus, un nain mythologique la tête enfouie sous une calebasse qui apporte la fortune si on le croise.

Humour
"Toutes mes chansons sont métaphoriques, philosophiques, mais aussi forcément politiques. Chaque chanson qui passe est liée à notre existence d’aujourd’hui", souligne cet esprit éclairé, qui se drape parfois d’humour et d’ironie. "L’humour, c’est pour moi capital. C’est la meilleure manière de s’adresser aux gens sans les froisser", estime l’un des musiciens les plus créatifs de l’Afrique sahélienne.

Wasis Diop interprète avec majesté ses compositions, mais peut aussi adapter une chanson du Canadien Leonard Cohen ou des Américains Talking Heads. Sur "Judu Bék", sa voix douce se fond dans un subtil environnement sonore, où les guitares font écho aux percussions, où les claviers apportent une touche country.

Opéra du Sahel
S’il publie peu, cet homme des profondeurs, frère du cinéaste disparu Djibril Diop Manbety, est occupé : il est ainsi le directeur artistique de "Bintou Wéré, l’opéra du Sahel", un spectacle abouti et réussi, qui a nécessité un long travail de recherche, dont la première a eu lieu en octobre, au Théâtre du Châtelet à Paris.




Lettre d'info

Recevez 2 fois par mois
dans votre boîte email les
nouveautés de SENEMAG




© 2008 Sénémag      Haut de page     Accueil du site    Plan du site    admin    Site réalisé avec SPIP      contact      version texte       syndiquer