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Floraison des « maisons de Dieu » : Les courtiers de la foi

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : jeudi 14 août 2008
sectes  
Des rassemblements nocturnes dans des lieux de culte crèvent l’œil des banlieusards sur la route de Rufisque, mais aussi à Yeumbeul, Guédiawaye, Niary Tally… En attendant l’ouverture prochaine de quelques autres.

LeQuotidien : Jeudi 14 Août 2008

Dans ces lieux de culte, il a donc fallu jouer de subterfuges pour accéder à quelquels indiscrétions qui ne renseignent pas forcément sur la nature véritable de ces militants de la foi d’un autre genre. Musulmans, Chrétiens et autres viennent s’y faire soigner ou s’y ouvrir les portes de la richesse par la « grâce de Jésus-Christ ».
Aujourd’hui, des autorités religieuses en appellent à la responsabilité de l’Etat face à ce qui est considéré comme une entreprise de fragilisation spirituelle des citoyens.

On explique souvent le foisonnement actuel des sectes par la pauvreté ambiante, en particulier chez les couches défavorisées (voir entretien).

Aujourd’hui, l’attrait qu’exercent de nouvelles religions sur ceux qui recherchent de nouvelles formes de spiritualité, peut mener aux plus graves dépendances psychologiques. Au Sénégal, des quidams s’identifient à des pratiques religieuses occultes basées sur des croyances plus ou moins irrationnelles. Les villes sont investies et des idées empaquetées sont véhiculées devant des foules conquises.

A Thiaroye, Yeumbeul, Guédiawaye dans la banlieue dakaroise, à Saint-Louis, Thiès, Mbour et ailleurs, des « Maisons de Dieu » poussent comme des champignons face à l’indifférence générale des autorités publiques. Les murs de ces demeures dites divines, souvent peints en blanc et rouge, livrent un message ambigu dont le contenu suscite des suspicions : « Centre d’accueil universel du royaume de Dieu : Bienvenue à toutes les religions. » Ici, celui qui désire adhérer au groupe se voit d’emblée signifier l’assurance de garder sa religion, avant qu’on lui promette une guérison totale de ce dont il souffrirait, ou une prospérité à venir s’il est démuni. Tout, par « la grâce de Jésus ».
Des séances de prière à Thiaroye, Guédiawaye et au rond-point du Jet d’Eau où est d’ailleurs implanté le siège de ce mouvement bien particulier, renseignent sur la typologie des gourous qui animent les séances. D’aucuns les assimilent à des évangélistes tant ils insistent sur l’engagement personnel envers le Christ et sur l’autorité de la Bible. En effet, ces gens, à l’habillement d’une blancheur immaculée et à travers un phrasé succulent délivré en français ou en wolof, ont l’intime conviction que chaque individu éprouve le besoin d’une renaissance spirituelle et d’un engagement personnel envers Jésus-Christ. Ils semblent être d’une stricte orthodoxie sur les doctrines fondamentales, la morale et, surtout, sur l’autorité de la Bible. L’assistance est bouche bée. Les applaudissements envahissent la salle et ceux qui sont préposés à la parole font répéter à l’assistance, dans le délire général, le message : « Jésus Christ est le seigneur. » Une assistance musulmane dans son écrasante majorité, la quarantaine souvent révolue.

LES PRIERES DE LA « RENAISSANCE »

Lors des prières, les nouveaux adhérents sont facilement identifiables, puisqu’ils sont installés dans une rangée à part. Après avoir vu des « malades ressuscités » et entendu des témoignages à couper le souffle, le novice est invité à exposer ses soucis. « Je suis malade depuis trois ans, je suis allée partout et j’ai investi pratiquement tous mes biens pour guérir. Sans résultat », se plaint une dame. A la suite, des prières sont formulées et Dieu est « rudement mis à l’épreuve » pour sauver cette créature désemparée. Une eau « bénite » ou du sel fin « sacré » est mis à la disposition du « malade », à qui il est « prescrit » un traitement d’au moins une semaine durant laquelle il est tenu d’invoquer « la grâce de Jésus » avant d’ingurgiter le « médicament ».
 Un commerçant rencontré sur les lieux justifie sa venue. « Je n’arrive pas à m’en sortir alors que j’ai tout un foyer à entretenir. » De la farine lui est offerte qu’il va répandre dans ses produits à « la grâce de Jésus ». Bien évidemment, un résultat « positif » devrait sanctionner sa quête s’il est lavé de tout péché. Des prières en ce sens sont souvent prononcées pour le sortir de son « satané monde ».
Après les méditations, des témoignages « d’anciens malades maintenant guéris » sont servis au public. Ablaye Ndiaye, la trentaine : « J’étais alité depuis deux ans, mais depuis que je suis venu ici et qu’on m’a donné des médicaments que j’ai consommés par la grâce de Jésus, je me porte bien maintenant. » Celui-là, les évangélistes le brandissent comme « un trophée de guerre » en direction du public présent.
Dans toutes les « Maisons de Dieu », le constat est le même. Sauf qu’à Thiaroye, Guédiawaye et Yeumbeul, ce sont des « Pasteurs » qui subjuguent les foules, alors qu’à Jet d’Eau, c’est un gourou nommé « l’Evêque » qui tient la salle en haleine. Mais tous prêchent, chantent des cantiques, sur fond de musique distillée par un piano. La doctrine du groupe est officiellement fondée sur les enseignements de la Bible que plusieurs des participants tiennent en main. Aussi, des services sont-ils offerts, sans distinction de race ou de religion.

Auteur : LeQuotidien


lire aussi sur le site ipsinternational.org « Les églises gênent la lutte contre le SIDA »

et sur www.walf.sn (4 juilet 2011) : Qui sont–ils ? : Les Evangéliques en question, par M. Mboyo EY’EKULA





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