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Le chef de l’Etat vante les qualités du riz Nerica : Les doutes des paysans du Fouladou

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : vendredi 7 août 2009
Lors de son adresse à la Nation à la veille de l’anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale, le chef de l’Etat a annoncé ses intentions de faire la promotion du riz Nerica, dans son option d’améliorer la qualité des semences. « Une variété réputée pour sa sobriété en eau et son adaptation au climat sahélien », a renseigné Me Abdoulaye Wade. Il a précisé que son gouvernement a déjà bénéficié, depuis février, de l’homologation de 16 variétés de ce riz. Le chef de l’Etat n’a aucun doute sur les qualités de ce riz qu’il vante et entend l’introduire dans l’agriculture sénégalaise, « en l’an deux de la Goana ». Ce n’est pourtant pas l’avis des producteurs et de certains chercheurs..

source : www.lequotidien.sn - 6 aout 2009

A l’occasion de la foire régionale d’échanges des semences paysannes, organisées à Djimini, dans le département de Vélingara, cette variété a été peinte comme « un monstre de l’agro-business » qui « va accentuer la dépendance des paysans et compromette les chances de réussite de leur combat quotidien pour la sécurité alimentaire. » Le Quotidien s’est fait l’écho, il y a quelque temps, des préoccupations des producteurs de semences paysannes du Sénégal et des techniciens et chercheurs d’Afrique, sur le danger de l’option faite par la plupart des Etat Africains, à travers l’ Adrao , d’imposer le Nerica aux riziculteurs.

La chercheuse Béninoise Jeanne Zoundjihekpon décrivait ainsi le riz Nerica : « Ce sont des semences qui se dégradent de façon significative après la première année. Les agriculteurs qui achètent ces genres de semences doivent les renouveler à chaque campagne agricole. » Cette chercheuse faisait une communication sur le thème Quel riz pour l’Afrique ? A la suivre, on est en droit de se poser des questions sur l’origine de l’optimisme du chef de l’Etat quant à la qualité de ce riz et de ses pouvoirs à assurer l’autosuffisance en riz du Sénégal, dans un futur proche.

A contrario, la chercheuse béninoise a enseigné qu’il existe des variétés africaines telles que le Oryza glaberrima qui ont nourri les africains depuis au moins 3 000 ans. « Le riz africain est le riz qu’il nous faut, parce que adapté à nos conditions géo-climatiques et phytosanitaires », et non pas « le Nerica qui est un monstre de l’agrobusiness ». a-t-elle tranché net. Et, les paysans connaissent les techniques de conservation de ce riz, selon plusieurs orateurs qui participaient au panel de Djimini.

Le Mali, a fait l’amère expérience de la mauvaise qualité de cette semence Nerica, la campagne passée, selon Mamadou Lamine Coulibaly, président de la Coordination nationale des organisations paysannes ( Cnop ) du Mali. Du fait des mauvais rendements obtenus, il doute que cette semence ne soit pas courue l’hivernage prochain. « La campagne a échoué. Les agriculteurs n’ont pas atteint 2 tonnes à l’ha. Qui va accepter de faire le Nerica la saison prochaine ? » s’est interrogé le représentant des paysans du Mali à cette foire, qui s’est déroulée du 07 au 09 mars dernier.

Abdoulaye KAMARA


lire aussi sur www.grain.org (janvier 2009) : Le riz Nerica - un autre piège pour les petits producteurs Africains

sur www.ouestaf.com (14 Septembre 2009) : L’Association pour le développement du riz en Afrique de l’Ouest devient AfricaRice

sur www.pambazuka.org (18 octobre 2009) : AGRA étend ses tentacules au Mali, par Soumaila T. Diarra

et sur www.irinnews.org (26 mai 2010) : AFRIQUE : Le riz local, c’est bon





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