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Mike Sylla, styliste-designer : « Ma mode à moi n’est pas une mode chiffon »

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : mardi 28 juillet 2009
Il habille plusieurs artistes de renom comme les Nubians, Princesse Erika, Carlos Santana, Yannick Noah, Mc Solaar ou encore Coumba Gawlo Seck. Créateur pluridisciplinaire, Malick Sylla, auteur du concept « Baifall Dream » (le rêve des couleurs) ne travaille que sur le cuir et le daim.

Plus connu dans le milieu du stylisme, Mike adapte ce concept aussi bien à la poésie (avec la Slamophonie, un des moyens de pouvoir soutenir la langue française à travers la poésie) qu’au théâtre. « La poésie est partout dans les murs, les vêtements, dans la manière de parler, de manger mais surtout dans notre façon de communiquer de dialoguer », confie t-il. Rencontré à Dakar dans le cadre d’une mission de la francophonie, ce Sénégalais qui vit en France depuis l’âge de 20 ans se définit comme un rassembleur et précise que lorsqu’il confectionne une pièce pour quelqu’un, il n’en fait pas une deuxième… Chaque pièce est unique !

Orange-info : Pouvez-vous nous parler du concept de «  Baifall dream » qui est en quelque sorte votre griffe ?

Mike Sylla : Je suis né à Dakar et grandit à la Médina jusqu’à l’âge de 20 ans dans un milieu où les artistes se brassent, les familles se connaissent et se solidarisent. Dans les années 1992-93 j’ai monté « Baifall dream », le rêve des couleurs, notre fameux patchwork que j’ai voulu transporter dans cette ville magique qu’est Paris et tout est parti de là. Puis, d’autres concepts sont venus s’y ajouter tels que Baifall dream, Baifall human tribe, Opéra Baifall, Slam Opéra et là présentement Slamophonie en sus d’autres concepts multimédia comme wadeukeubi.com.

Aussi, j’aime bien travailler dans un esprit d’uni-totalité et surtout de donner le côté passerelle de pouvoir lier les cultures et de leur donner l’ouverture que chacun cherche. C’est-à-dire de pouvoir apporter une touche contemporaine mais la matrice des matrices pour moi c’est l’Afrique, c’est à Dakar où je cherche mon inspiration. C’est là que je viens chercher ma clairvoyance et c’est ici aussi que j’ai appris à aimer, à partager à consolider, à développer avant d’aller à l’extérieur et de faire valoir nos valeurs.

Le « Baifall dream » est un collectif d’artistes pluridisciplinaires qui évolue aussi bien dans la musique, dans la danse, dans la mode que dans les multimédia et ce qui est intéressant, à mon avis c’est de donner la possibilité aux artistes de travailler ensemble. Tout mon parcours a été bien évidemment très symbolique.

Orange-info : Mike Sylla est plus connu en tant que styliste-designer mais là vous êtes à Dakar dans le cadre d’une mission avec la Francophonie…

Mike Sylla : C’est vrai que je suis plus concepteur et ce que je souhaite c’est donner beaucoup plus la possibilité aux artistes avec qui je travaille. Je suis à Dakar dans le cadre d’une mission avec la Francophonie qui s’appelle la « Slamophonie » parce que je travaille avec des Slameurs. J’ai eu l’occasion de créer le concept Slam Opéra où la poésie est au centre, la musique des mots.

La poésie est partout dans les murs, dans les vêtements, dans la manière de parler, de manger mais surtout dans notre façon de communiquer de dialoguer. Et c’est ça la poésie, c’est d’amener un peu plus loin ce rêve imaginaire qui est lié avec le côté moral et le concept Slam Opéra. Je travaille également avec des conteurs et des poètes et là j’essaye de m’ouvrir sur d’autres disciplines que la mode.

Et on est venu à Dakar présenter Slam Opéra J’ai été le premier à former les Slameurs c’est à dire les poètes. Ce concept m’a également permis de me rapprocher un tout petit peu plus sur le concept éducatif et l’ouverture est venue avec la Francophonie. Et Slamophonie est un des moyens de pouvoir soutenir la langue française à travers la poésie. J’étais venu présenter cela à Dakar et à Saint-Louis.

Orange-info : Vous avez habillé de nombreux musiciens Français. Vous avez également fait la tenue de Coumba Gawlo dans son clip « Femme Objet » ? Comment choisissez-vous les tenues de chacun sachant que vous ne faites que des pièces uniques ?

Mike Sylla : Pour parler de la collaboration que j’ai eue avec Coumba, vous savez il y a à peu près 10 ans, je l’avais habillée. Elle était passée dans mon show room à Paris, elle a vu les pièces et a beaucoup apprécié. Et elle s’est dit voilà la personne qui correspond à mon image. J’en étais tellement sensible et puisque c’est une personne profonde, elle a compris le message que je lui ai porté. Parce que nous ne faisons que des pièces uniques. Aucune pièce ne ressemble à une autre.

La tenue de Coumba dans son dernier clip reflète l’Afrique moderne et apporte aussi ce côté chic de l’Afrique mais aussi l’ouverture que l’on cherche quand on est sur de l’exotisme et d’être digne dans sa façon d’aborder la mode sans tomber sur le côté vulgaire. J’ai voulu apporter pour elle l’image d’une femme moderne, posée, lucide mais pudique puisqu’elle a un caractère que j’aime beaucoup, celle d’une femme amazone, guerrière mais qui reste en même temps profondément humble dans sa démarche, sa vision des choses.

La tenue évoque tout ça. Elle évoque aussi ce côté futur, j’avais aussi voulu lui donner tout ça. On habille aussi d’autres artistes comme les Nubians, princesse EriKa, Clémentine Célarié, Carlos Santana, Yannick Noah, Mc Solaar pour ne citer que ceux-là.

Orange-info : Vous ne travaillez que sur le daim et le cuir. Qu’est-ce qui explique ce choix ?

Mike Sylla : Je ne travaille que sur du cuir et du daim. Ce sont mes matières de prédilections. J’aime bien tout ce qui est peau sur peau. J’aime bien la vibration, j’aime bien quand la matière est là, elle est nourrit et surtout quand elle est aussi pour moi un moyen à la fois de retrouver mon Afrique mais de l’amener à se côtoyer avec d’autres origines, d’autres cultures et qu’elle soit à la fois posée dans un contexte ou un concept qui est complètement universaliste. A Paris, je ne travaille pas uniquement avec des Africains mais avec plus d’une douzaine de nationalités.

Ma mode à moi n’est pas une mode chiffon. Je ne fais pas de chiffon. Je ne fais que des œuvres. Ce qui m’intéresse également c’est de travailler dans un esprit de recyclage, de prendre les matériaux de mélanger les couleurs et matières pour faire des formes qui sont à la fois liées par rapport à notre Afrique, les glaner sans complexe vers d’autres continents, d’autres visions sans être là à dire si elle est africaine ou pas. Je pense que l’heure est arrivée pour nous les créateurs africains d’aller plus vers une direction complètement universaliste et beaucoup de stylistes à l’heure actuelle ont compris cela.

voir l’article sur orange-info.sn





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