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Quand Thierno Seydou Sall Délires

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : jeudi 10 décembre 2009
Thierno Seydou Sall est de retour.
Le poète errant, comme il aime à se définir, a posé ses bagages à Ndakaaru Njaay.
Son âme et son esprit, n’ont jamais cessé d’errer, mais son corps et ses bagages, rentrés de Thiès, la ville natale, la ville familiale, se sont réinstallés dans la capitale, pour notre plus grand plaisir

source : www.lequotidien.sn - 10-12-2009

De la Médina à la Zone B, quotidiennement, il ne cesse de bouger, son grand sac noir à la main, rempli de nombreux cahiers parcourus de son écriture si personnelle, ses grands caractères obliques, presque couchés qui traduisent l’urgence d’écrire, l’urgence de crier, d’hurler ses humeurs, sa poésie sociétale et rebelle, ses textes annonçant la vérité, dénonçant le réel, injustices et malaises en tous genres, afin de venir nous déranger dans notre confort petit-bourgeois, dans nos croyances bien-pensantes.

Celui-là même qui, il y a quelques années, à la télévision sénégalaise, avait osé dire qu’il fallait « gifler Dieu » face à toute cette misère, qui avait choqué les soi-disant bien-pensants de tous bords, les petits marabouts de pacotille et les pseudo gardiens de la sacro-sainte religion. Ne faudrait-il pas justement « gifler » Dieu et nos gouvernants, à chaque fois qu’on ouvre les yeux sur les horreurs quotidiennes qui nous cernent ? Et Thierno fait partie de cette poignée de courageux qui nous le rappellent, qui nous empêchent, qui nous interdisent, d’oublier.

Après Kër Dof , Puukare , suuxat , en wolof, L’envol des pélicans et Bouffées délirantes , en français, tous ces petits livres publiés par des Ong et qui ont contribué à faire naître et vivre le mythe du poète errant, Thierno Seydou Sall revient cette fois avec un CD : Délires , produit par Enda et Didier Awadi, notre ndanaan national qui ne s’arrête jamais d’aider ses compagnons, les autres artistes, surtout ceux qui dérangent, qui lancent des feux dans la nuit de notre ignorance, de nos contradictions, qui sonnent des alarmes indispensables, qui sont en quelque sorte les gardiens d’une certaine éthique, comme l’est lui-même Didier, et bien entendu Thierno Seydou.

Thierno Seydou Sall qui nous raconte l’excision économique au champagne, les mosquées de l’ajustement structurel, le monde rural sans cesse victime, les Ong Ovni, les couloirs poussiéreux de l’amnésie, la chasse aux thiofs, la dévaluation, les voyages coûteux à La Mecque, il n’oublie rien, ne laisse aucun scandale de côté. Personne n’est épargné par les griffes affutées de Thierno Seydou Sall.

Accompagné d’une kora douce et mélancolique, traditionnelle et quelque peu lyrique, dont les notes coulent à la façon d’une cascade, notre poète errant, notre fou du roi, fou de la cité, gardien des valeurs et des réalités, roi de la métaphore, pose ses mots au-dessus des cordes, de la manière paisible d’un boroom xam xam, sans hargne, comme tranquillisé, en quelque sorte, par la maturité, par une sérénité progressive, malgré les soucis constants, malgré les douleurs, malgré le lourd fardeau de cette vie sénégalaise, face à toutes les batailles, tous les constats, tous les challenges.

Laurence GAVRON


lire aussi sur www.lemessagersn.info (19 Novembre 2009) : Pour son retour, Thierno Seydou Sall sort « Délires »





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