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Le Rock Garden de Nek Chand

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : samedi 26 décembre 2009
Commencé en 1958, le Rock Garden s’étend aujourd’hui sur 12 hectares et comprend près de 1400 figures sculptées. Il est ainsi considéré comme le plus vaste Environnement d’art populaire au monde, et le deuxième site le plus visité d’Inde.
Initié dans la clandestinité par un autodidacte sur un terrain squatté illégalement, cette immense assemblage hétéroclite à ciel ouvert a fini par être légalisé et pris en charge par la municipalité qui emploie maintenant, plus de vingt ouvriers à temps plein pour l’entretenir et le développer sous la supervision de son créateur.

source : wikipedia

L’exil vers Chandigarh

Nek Chand nait en 1924 à Berian Kalan, village situé à 90 km au Nord de Lahore (actuel Pakistan). En 1947, lors de la partition de l’Inde, il doit fuir son village, comme dix autres millions de réfugiés.

Après être allé de ville en ville, il part avec sa femme participer à la construction de la nouvelle capitale du Pendjab, Chandigarh. La conception de cette ville nouvelle est confiée à Le Corbusier. Nek Chand quant à lui devient Inspecteur des routes. Il apprend dans ce métier de nombreuses techniques de construction ainsi que la direction d’équipes d’hommes qui lui serviront pour le Rock Garden.

La clandestinité

A partir de 1958, Nek Chand s’approprie un terrain à l’écart de la ville, qu’il défriche. Equipé d’une seule bicyclette, il y ramène quantité de matériaux hétéroclites : des pierres étranges trouvées dans l’Himalaya ainsi que des déchets et des objets voués à la destruction. Nek Chand commence alors ses premières sculptures et le début de son jardin, la reconstitution miniature de son village natal. Il Å“uvre alors dans un secret total, au moins 4 heures par jour et durant tous ses congés. Il appelle alors son Environnement le Royaume des Dieux et des Déesses .

La reconnaissance

En 1973, le Jardin de Nek Chand est découvert. Il suscite immédiatement l’adhésion et le soutien de la population de Chandigarh, qui vient le visiter et ramène matériaux et détritus.

En 1975, Indira Gandhi, alors Premier Ministre, reçoit Nek Chand à la Maison du gouverneur du Pendjab.

La municipalité de Chandigarh, plus partagée par cette création hors norme, finit cependant en 1976 par l’officialiser en espace public (inauguré le 24 janvier) en le nommant Rock Garden . Nek Chand est alors dégagé de son travail officiel, reçoit un salaire uniquement pour s’occuper du lieu ainsi que l’aide d’une équipe d’ouvriers permanents. Un vaste aménagement du territoire est déclenché afin de proposer un véritable parcours initiatique aux visiteurs. On peut y découvrir les sculptures mais également se détendre, puisque des balançoires et un amphithéâtre sont installés dans une partie du Jardin qui accueille régulièrement mariages et festivités.

En 1983, l’Inde a édité un timbre-poste à l’effigie du Rock Garden et l’année suivante, le Président Giani Zail Singh a décerné le titre honorifique de Padma Shri à Nek Chand.

Menaces et protections

Si aujourd’hui le Rock Garden semble à l’abri de la destruction et voué à un bel avenir en tant que monument national, cela a été au prix d’un âpre combat, marqué surtout en deux temps forts :
- En 1990, sous l’impulsion d’un fonctionnaire hostile, la ville décide de faire passer une nouvelle route au milieu du Rock Garden  ! Un premier bulldozer est envoyé, mais se produit alors la plus importante mobilisation populaire pour la sauvegarde d’une Å“uvre d’art : un millier de personnes forment un bouclier humain devant l’enceinte du Royaume des Dieux et Déesses . Le mouvement est alors amplement relayé par la presse, et après un long procès, le projet de route est finalement abandonné.

- En 1996, Nek Chand effectue une tournée d’un mois aux États-Unis pour présenter son Å“uvre. A son retour, il trouve le Rock Garden saccagé. Peu après son départ, la ville a licencié les ouvriers chargés de l’entretien et du gardiennage, livrant le Jardin aux vandales. Cette fois, la mobilisation est internationale, relayée par le magazine britannique Raw Vision . Une centaine de lettres de personnalités et d’institutions sont adressées aux autorités indiennes et la Fondation Nek Chand est créée à Londres. Grâce aux fonds recueillis, des bénévoles et des amateurs partent sur place aider à la réparation et effectuer des négociations qui aboutissent à la déroute de bureaucrates corrompus et à la création de l’Association pour l’entretien et la conservation du rock Garden.

Techniques et matériaux

NekChand - Rock GardenBien sûr, le Rock Garden peut être vu comme le royaume de la récupération. Aujourd’hui déversés directement sur place, les matériaux recyclés pour orner les sculptures sont très hétéroclites, et vont de la céramique aux bracelets féminins (bangles) en passant par les capsules de bouteilles. Mais ce sont également des tissus de toutes sortes, qui servent à confectionner des formes humaines et animales grandeur nature, un aspect moins connu des créations de Nek Chand, ne sortant que pour les festivités et les parades mais se comptant pourtant par centaines.

De véritables techniques de constructions ont également été nécessaires pour ériger les 1400 sculptures en mortier, dont l’armature est constituée de solides structures en fer ; mais surtout pour former le parcours en lui-même. Ce dernier comprend en effet des terre-pleins, des collines, des murs et même des cascades qui requièrent toute l’ingéniosité et le savoir-faire de Nek Chand. Des sacs de toile remplis de mortier sont par exemple utilisés pour monter les murs. Toute l’eau nécessaire aux cascades et à l’irrigation des plantes étant quant à elle approvisionnée par un système hydraulique à circuit fermé.

Le Corbusier / Nek Chand

Le Rock Garden est une sorte d’excroissance spontanée créee en parallèle à un rigoureux plan d’urbanisme. Autant la conception architecturale de Le Corbusier se base sur les notions de rigueur, de rationalité, d’angles droits et de monochromie, autant celle de Nek Chand relève de l’intuition, de l’imaginaire, remplie de courbes et de matières colorées. Le Rock Garden à Chandigarh peut être vu comme une résistance symbolique de la pensée indienne traditionnelle, spirituelle et proche de la nature, au monde moderne urbain aspetisé, lui apportant ainsi sa complémentarité nécessaire.


Ouvrages
- Lucienne Peiry et Philippe Lespinasse, Le Royaume de Nek Chand, Flammarion, Paris, 2005
- (en) M.S. Aulakh, The Rock Garden, Tagore Publishers, Delhi, 1986
- (en) Collectif, Nek Chand shows the way, Raw Vision, Brendford, 1997. Catalogue d’exposition

Filmographie
- Une ville à Chandigarh, Alain Tanner, 51 min, Suisse, 1966.
- Le plus grand artiste du monde, Philippe Lespinasse, 52 min, Atlantic Television, Nantes, 2005.
- (en) The Kingdom of Nek chand, Paul Cox et Ulli Beier, 22 min, Australie, 1980.

Revue
- (en) Raw Vision

Liens
- (en) La Fondation Nek Chand : www.nekchand.com
- Une page en français


Nek Chand’s Rock Garden, the biggest outsider art environement in the world from JNM on Vimeo.


1 message

  • Le Rock Garden de Nek Chand

    12 juin 2015 10:48

    Nek Chand, Chandigarh’s Rock Garden Creator, dies at 90

    Self taught artist and creator of the iconic Rock Garden of Chandigarh, Nek Chand, breathed his last breath, at around at 12.10 am, at PGIMER, Chandigarh, following a complaint of chest pain at. He was 90. The creator of the famous garden had celebrated his 90th birthday at the Rock Garden, last December.

    Voir en ligne : Nek Chand, Chandigarh’s Rock Garden Creator, dies at 90



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