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Il y a 20 ans, un Mandela combatif sortait de prison

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : jeudi 11 février 2010
Dakar, 11 fév 2010 (APS) – Le 11 février 1990, il y a 20 ans, Nelson Mandela, symbole de la lutte pour la liberté en Afrique du Sud, sortait de prison après plus de 27 années d’incarcération, plus combatif que jamais et décidé, aux côtés de son peuple, à en finir avec le système ségrégationniste de l’apartheid. Nelson Mandela avait été condamné en 1964 à la prison à perpétuité pour trahison.
Dans un discours prononcé lors du grand rassemblement au Cap, Mandela estimait que les facteurs qui avaient conduit à la lutte armée existaient toujours, et que le peuple sud-africain n’avait d’autre choix que de continuer à se battre pour l’avènement d’une Afrique du Sud démocratique.

"Notre lutte est à un moment crucial de son histoire. Nous engageons notre peuple à rebondir afin que le processus qui mène à la démocratie soit rapide et ininterrompu. Nous attendons depuis trop longtemps d’être libres. Nous ne pouvons attendre davantage", lance l’homme politique à la foule venue lui exprimer sa joie de le retrouver.

Mandela ajoute :"Il est temps maintenant d’intensifier la lutte sur tous les fronts. Relâcher notre combativité serait une faute que les générations à venir ne pourraient nous pardonner. La liberté qui se dessine à l’horizon devrait nous pousser à redoubler nos efforts."

Estimant que "seule une action massive et disciplinée peut assurer" la victoire, il engage ses compatriotes blancs à se joindre aux combattants de la liberté pour "modeler une nouvelle Afrique du Sud’’. Pour lui, le mouvement pour la liberté est celui d’une famille politique où les Blancs ont aussi leur place.

La communauté internationale était aussi invitée à poursuivre sa campagne pour "isoler le régime de l’apartheid"."Lever les sanctions maintenant, soutient Nelson Mandela, risquerait de faire avorter le processus menant à l’éradication totale de l’apartheid.’’

"Notre marche vers la liberté est irréversible", insiste-t-il dans son discours, ajoutant : "Nous ne devons pas laisser la peur se mettre en travers de notre chemin. Le suffrage universel, basé sur la participation commune de tous les électeurs dans une Afrique du Sud unifiée, démocratique et non raciale, est la seule voie qui mène à la paix et à l’harmonie raciale."

Auparavant, Nelson Mandela disait aux personnes venues au rassemblement qu’il se tenait devant elles non comme un prophète, mais comme leur "humble serviteur", reconnaissant que ce sont les "sacrifices infatigables et héroïques’’ du peuple qui ont rendu possible sa libération.

"En ce jour de ma sortie de prison, je tiens aussi à exprimer ma sincère et ma plus vive gratitude aux millions de mes compatriotes et à ceux, aux quatre coins du globe, qui n’ont cessé de faire campagne pour ma libération", poursuit-il, remettant entre les mains de ses partisans les années qui lui restent à vivre. Il se réjouit du fait que la majorité des Sud-Africains, noirs comme blancs, reconnaisse que l’apartheid n’a pas d’avenir. Cela implique, selon lui, que par une "action massive et décisive", ils y mettent fin, "afin de construire paix et sécurité à travers le pays’’.

A sa sortie de prison, le 11 février 1990, Nelson Mandela était convaincu que la résistance collective et les autres actions menées par le Congrès national africain (ANC), son organisation politique "ne peuvent qu’aboutir à l’instauration de la démocratie.’’

Parlant de ses entretiens avec le gouvernement, il précise qu’ils ont porté sur "la normalisation de la situation politique", et ajoute que le sujet des droits fondamentaux qui restent l’objet de la lutte n’avait pas encore été abordé.

Nelson Mandela avait salué le rôle de Frederik De Klerk qui, avait-il dit-il, est allé "plus loin que tout autre président nationaliste, en prenant de réelles mesures pour normaliser la situation.’’ Il réitérait la demande, entre autres, de la levée immédiate de l’état d’urgence et de libération de tous les prisonniers politiques – et non de certains uniquement.

Et puis, il réaffirme la principale revendication de tous les militants anti-apartheid à travers le monde :"Il faut mettre fin au monopole blanc du pouvoir politique et prévoir une restructuration de nos systèmes, politique et économique, afin de s’assurer que les inégalités dues à l’apartheid soient laminées et que notre société soit parfaitement démocratisée.’’

Quelques jours auparavant, le 2 février 1990, le dernier président de l’Afrique du Sud ségrégationniste, Frederik de Klerk, faisait un discours historique au Parlement, annonçant la libération des prisonniers politiques, dont Nelson Mandela, ainsi que la légalisation des partis noirs.

Pour Mandela, M. De Klerk est "un homme intègre, qui a une conscience aiguë des dangers auxquels s’exposerait une personnalité publique si elle ne respectait pas ses engagements.’’ Même s’il soulignait que l’ANC se devait de définir sa ligne de conduite et sa stratégie en fonction de la dure réalité à laquelle le peuple est confronté.

En 1991, l’Apartheid est aboli. Nelson Mandela reçoit, avec Frederik De Klerk, le Prix Nobel de la paix en 1993. Les Noirs, jusque là exclus de la vie politique, votent pour la première fois les 26 et 27 avril 1994. Ils sont si nombreux le jour du vote que certains d’entre eux attendent leur tour pendant plusieurs heures. L’ANC obtient une large victoire (62,6% des voix) et la majorité dans sept provinces sur neuf.

Le 10 mai 1994, Nelson Mandela est le premier président noir élu à la tête de l’Afrique du Sud. Il prononce devant soixante mille personnes et en présence de 180 délégations étrangères et de personnalités, un discours dans lequel il appelait à la réconciliation et à la naissance de la nation arc-en-ciel.

Mandela s’est forgé la réputation de conscience universelle, d’icône de la liberté et de la paix. Il s’est retiré de la vie publique en 2004, mais ne s’empêche pas, de temps à autre, de prendre position sur des sujets d’actualité. Même si, aujourd’hui, son âge très avancé aujourd’hui, 91 ans, fait qu’il n’est pas apparu publiquement depuis plusieurs mois. La Fondation Nelson Mandela continue son combat pour les valeurs de solidarité, de justice sociale, de promotion de la paix.

Il reste son combat et ces paroles prononcées au cours de son procès en 1964, et qu’il a répétées le jour de sa libération, le 11 février 1990. Comme lui-même le dit, elles sont aussi vraies aujourd’hui qu’elles l’étaient à l’époque : "Je me suis battu contre la domination blanche et je me suis battu contre la domination noire. J’ai chéri l’idéal d’une société démocratique et libre au sein de laquelle toutes les personnes vivent ensemble en harmonie et avec des chances égales. C’est un idéal pour lequel j’espère vivre et que j’espère atteindre. Mais si besoin est, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir."

Aboubacar Demba Cissokho


lire aussi sur www.legrandsoir.info (21 février 2010) : Mandela la légende : Du matricule 46664 au prix Nobel, par Chems Eddine CHITOUR





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