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Introduction du pain à base de céréales locales : Une autre baguette est possible

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : dimanche 27 février 2011
Face à la hausse répétée du pain à base de blé, les céréales locales constituent une alternative sérieuse. Des boulangers européens ont profité du Forum social mondial pour montrer à leurs homologues sénégalais qu’il était possible de faire des incorporations jusqu’à 50 %. Mieux adaptés, ces variétés de pain permettront de réduire les importations de céréales et augmenter les ressources du monde rural sénégalais.

source : www.walf.sn - février 2011

Modifier les comportements alimentaires vis-à-vis du blé, particulièrement en Afrique de l’Ouest. C’est la volonté de boulangers sénégalais et européens qui ont profité du Forum social mondial qui se tient présentement à Dakar pour montrer les produits qu’il est possible de faire avec les céréales locales disponibles en abondance pour baisser le prix du pain. En atelier aux Maristes, ils ont, en effet, démontré à leurs homologues sénégalais des incorporations réussies à 30, 40 et 50 % avec des céréales telles que le mil, le maïs, le manioc, la patate douce, etc. Un projet qui, réussi, pourra, selon ces derniers, permettre de pallier l’importation massive de blé et de valoriser au maximum les céréales locales.

Parmi les produits les plus intéressants à introduire en Afrique sub-saharienne, et notamment au Sénégal, ces boulangers européens distinguent la tortilla de maïs dont la consommation s’étend dans le monde où elle prend des parts de marchés aux produits à base de blé.

Cependant, pour faciliter la transition du pain à 100 % blé vers les céréales locales, ces boulangers proposent des variétés de pain de farine composés à 30 % de céréales locales ou de tubercules locaux comme le manioc et la patate douce. ‘Il pourrait paraître bien léger de vouloir lancer la production de pain incorporant 30 % de farine de blé alors que le Pamiblé qui est sur le marché dakarois depuis 1972, rebaptisé pain riche, dans les années 1990 et pain doole en avril 2009, ne dépasse pas 15 % de farine de mil et que sa consommation reste marginale’, soulignent-ils dans un document remis aux journalistes. En effet, selon eux, ces tentatives avortées d’imposer le pain local viennent largement de l’insuffisante maîtrise de leur procédé de fabrication par les boulangers.

Président de la Fédération nationale des boulangers du Sénégal, Amadou Gaye annonce que les populations ont désormais l’occasion d’indiquer la voie à suivre aux boulangers sénégalais. ‘Nous sommes en train de les tester à la Fiara pour voir si les populations se l’approprieront. La Fédération nationale des boulangers du Sénégal s’est engagée, avec les producteurs et les transformateurs locaux, à mettre bientôt sur le marché des variétés de pain à base de mil et de maïs. C’est le Sénégalais qui fera son choix. On verra si les populations veulent toujours qu’on continue de subir la tyrannie du blé ou si elles veulent profiter de tous les apports nutritifs des céréales locales à un meilleur prix’, dit-il.

10 milliards de francs Cfa dans le monde rural

Quant à son collègue, Souleymane Douta Seck, il estime qu’on est obligé d’aller vers l’introduction des céréales locales dans notre pain. ‘C’est inévitable. Tant qu’on ne le fera pas, on en arrivera à un moment où le pain sera un produit de luxe. En incorporant 10 % de céréales locales dans le pain, on injecte 10 milliards de francs Cfa dans le monde rural. Et si on sait que nous utilisons 300 mille tonnes de blé par an, on devine clairement que les paysans peuvent tirer énormément de ressources financières dans cette affaire. Et puisque l’Etat ne met que 7 % de son budget dans le monde rural constitué de 70 % de la population, une telle activité peut révolutionner le monde rural et améliorer les conditions de vie de ces Sénégalais. On importera moins de céréales et cela se fera ressentir positivement sur la balance commerciale’, soutient ce boulanger.

Du côté des transformateurs des céréales en farine, l’on donne des assurances sur la disponibilité réelle des farines sur le marché. ‘Nous travaillons de la fourche à la fourchette. Il y aura un contrat entre les producteurs et les transformateurs pour que les prix de cession de la farine soient stables et que le pain puisse revenir moins cher aux consommateurs’, explique Racine Diop, directeur d’Agrodev. Qui annonce que le Fonds national de recherche agricole et agroalimentaire (Fnra), rattaché à la Banque mondiale, va financer pour les boulangers de petits pétrins pour les sacs de 50 kilogrammes et 100 kiosques dans la région de Dakar durant la phase-pilote pour que le produit soit disponible dans le marché.

Seyni DIOP


lire aussi sur www.aps.sn (31/05/2011 ) : Une enveloppe de 500 millions pour encourager le "consommer local"





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