1885 : le partage du continent noir, par et pour les Occidentaux(Paris) - Les frontières tracées au cordeau, des peuples déchirés entre deux, voire trois zones d’influence, des histoires ignorées ou, pire, méprisées, des ressources bien réelles ou supposées à se partager… Pendant quatre mois, de novembre 1885 à février 1886, l’Afrique est la proie de la géopolitique européenne. Toutes les « grandes » nations européennes sont là , à Berlin.
source : africamix.blog.lemonde.fr - 17 février 2011 Sous l’impulsion du premier chancelier de l’empire germanique, Otto von Bismarck, l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Russie, la Suède-Norvège et l’empire ottoman sont réunis en compagnie des Etats-Unis afin de se partager le gros gâteau que représente le continent africain… Les diplomates, qui n’y ont jamais mis les pieds, le feront dans un français parfait, sans consulter le moindre « indigène ». Il était temps, disait-on à l’époque, car les appétits des uns et des autres commençaient à nourrir quelques rancÅ“urs. Il fallait par conséquent décider de la colonisation de l’Afrique entre gens bien élevés et aux « vocations altruistes » bien affichées, décisions qui marquent encore aujourd’hui profondément les Etats africains. C’est à cette Histoire que Joël Calmettes s’est attaché en écrivant et réalisant Berlin 1885, la ruée sur l’Afrique . Un documentaire fiction, faute d’archives filmées, le cinéma ne naissant qu’une dizaine d’années plus tard. Un film rondement mené, rythmé par des chapitres et des remises en perspective fort instructives, où l’on découvre qu’en fait, la colonisation de l’Afrique n’a pas été du tout pensée, et à peine organisée pour exploiter ses fabuleuses richesses et commercer entre puissances dominatrices. Car, à cette époque, les Européens n’y étaient présents que sur certaines côtes. Achille Mbembe, de l’université du Witwatersrand de Johannesburg (Afrique du Sud), résume le propos en une formule lapidaire : « La mentalité de Berlin, c’est de dire “On va vous faire du bien malgré vous (…) et soyez reconnaissants” ! » Ou bien Godfrey Uzoigwe, de l’université du Mississippi (Etats-Unis) : « C’est la première fois que la [quasi] totalité d’un continent de 30 millions de km2 est découpée par les Européens entre eux, sans même demander leur avis aux Africains. » Le documentaire fiction de Joël Calmettes, moment de grande télévision, trouverait parfaitement sa place dans de nombreux cours d’histoire de lycées et de facultés. Olivier Herviaux Berlin 1885, la ruée sur l’Afrique, de Joël Calmettes (France, 2010, 84 minutes). Sur Arte, mercredi 23 février à 20 h 40. |
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