C’est une forme d’expression qui réhabilite le texte et le rythme sans dissocier l’un de l’autre. Elle conduit à travailler sur la langue écrite pour en dégager des séquences de sens qui sont aussi des unités rythmiques. Le slam fait ainsi retour au texte pour donner naissance à un chant (il se prête de ce fait facilement à la théâtralisation ou à un « jeu de rôles ») ;
il réalise le vÅ“u de certains poètes modernes pour qui « la poésie n’est accomplie que si elle se fait chant et danse à la fois »(Senghor). Rien de surprenant donc si le slam est de ce fait une forme de musique métisse : une synthèse et un aboutissement de musiques et de chansons qui véhiculent — mais que façonnent dans le même mouvement — les sensibilités les plus modernes ;
le slam est en effet le langage musical qui est peut-être le plus répandu parmi la jeunesse non seulement francophone mais mondiale ;
à la différence de formes d’expression plus agressives, il représente une musique fondée sur la volonté de faire Å“uvre poétique commune (le « renga » est un atelier d’écriture qui reprend d’ailleurs exactement la formule dite des « cadavres exquis » chère aux Surréalistes). Il s’agit au fond de mettre les mots en partage pour obtenir d’eux, à plusieurs, des sonorités originales et
neuves ;
il présente enfin des qualités « éducatives » : il oblige à regarder de près les mécanismes de langue par lesquels se constitue un texte ; il incite (et invite) à produire soi-même des séquences de rythme et de texte, celui-ci étant appelé par celui-là . Pour preuve de ces qualités éducatives, les ateliers d’écriture poétique qui se multiplient en Francophonie. Ainsi ceux organisés cette année au Sénégal, dans le cadre du « Printemps des Poètes », auxquels tu as toi-même activement participé en qualité d’artiste concepteur (13-16 mars 2007)