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Amadou Diao, Dtn renvoyé des JO de Pékin : « J’assume tout »

Amitié d’abord, compétition ensuite

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : samedi 16 août 2008
Il se souviendra encore longtemps de Pékin 2008. Au même titre que les premiers athlètes sénégalais entrés en lice dans ces compétitions. Sinon pire. Amadou Diao, le Directeur technique national de l’athlétisme sénégalais, est rentré plutôt que prévu de Pékin.

LeQuotidien : Samedi 16 Août 2008
Son seul tort aura été d’avoir brandi une banderole où on pouvait lire : « Amitié d’abord, compétition ensuite ». Et ce, le jour de la l’ouverture des JO. Un délit aux yeux des membres du Comité international olympique (Cio) qui lui a valu son expulsion de Pékin. Rentré hier matin à Dakar, le technicien sénégalais reconnaît et regrette son geste, mais refuse, toutefois, de lier l’affaire au problème du Tibet.

Qu’est-ce qui s’est passé avec l’histoire de la banderole que vous avez déployée lors de l’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin 2008 ?
Tout ce que je peux dire, c’est que j’ai été entendu par les dirigeants sénégalais dans le cadre des réunions de coordination. Chacun s’est prononcé, appréciant ou condamnant la banderole.
Avez-vous été surpris par la réaction des responsables sénégalais et de membres du Comité olympique ?
Surpris ? Non ! Comment surpris. Seydina (Diagne, chef de la délégation sénégalaise) avait donné l’information. Il était à la réunion du Cio.
Vous attendiez-vous à une réprimande des membres du Cio ?
J’ai été surpris !
Pourquoi ?
Parce que je pensais que c’était un message qu’il fallait porter : « Amitié d’abord, compétition ensuite » et que cela rentrait dans l’olympisme. Donc, je ne pensais pas que cela pouvait nuire au Comité national olympique sénégalais, ni d’ailleurs au Cio. Mais, comme ils avaient leur règlement et leurs lois et que la règle 58 disait que toute propagande ou manifestation étaient interdites. Donc, le fait est là. Je ne peux pas dire que je l’ignorais ou que j’en étais désolé. Donc, je ne suis pas surpris. Quand on m’a rendu compte, j’ai dit Ok. Il m’a dit que je serais entendu par le comité. J’ai été entendu par le Comité du Cio. Vingt quatre heures ou trente six heures après, il est venu me dire que le Cnoss du Sénégal a pris la décision de me faire rentrer. J’ai dit alors qu’il n’y a aucun problème.
Regrettez-vous votre geste ?
J’ai surtout du remord par rapport aux athlètes que je laisse sur place. Au-delà, il faut que j’assume ce que j’ai fait et toutes les conséquences qui en découlent.
Qu’espériez-vous en retour en prenant une telle initiative ?
Je ne sais pas. Je n’ai rien mesuré.
Y a-t-il des gens de la délégation sénégalaise qui étaient au courant de la banderole ?
Personne n’était au courant. Les athlètes n’étaient même pas au village.
Pourquoi avoir pris une telle initiative ?
C’est simplement un message que je voulais porter.
A l’endroit de qui ?
Au monde entier.
Par rapport à quoi, au Tibet ?
Non ! (il s’énerve) Ne me faites pas rentrer dans des… (il ne termine pas sa phrase). C’est vous qui parlez du Tibet. Le message, il est destiné à l’ensemble du mouvement sportif, mondial qui était réuni dans le cadre des Jeux. Je pense qu’on était dans le cadre du sport. J’ai dit : « Amitié d’abord, compétition ensuite. » Je ne vois pas ce que vient faire le Tibet là-dedans. Le Tibet, c’est une manifestation politique, une revendication politique. Alors que les revendications politiques sont interdites au niveau du Cio. Je ne soutiens aucune secte. J’ai regardé l’olympique, c’est l’amitié entre les peuples, entre les sportifs, c’est la paix dans le monde.
Les dirigeants chinois vous ont-ils fait le reproche ?
Je n’ai pas rencontré les dirigeants chinois.
Et les membres du Comité olympique ?
Ils m’ont fait le reproche d’avoir brandi la banderole, alors que toute manifestation, de quelque ordre que ce soit, était interdite. Sur ce, rien à dire.
Vous reconnaissez avoir commis une lourde faute ?
Non ! Je n’avais pas l’option de commettre une faute ou de visez qui que ce soit. Je pensais que mon geste n’était pas politique, religieux ou ethnique. Ce n’est pas dans ce cadre que je l’ai manifesté. Je ne peux pas comprendre qu’on me dise que cette banderole avait le même rôle que d’autres banderoles négatives et que je l’emmène avec moi à l’ouverture.
A quand remonte l’histoire de la banderole ?
C’est une idée que j’avais en moi.
Avez-vous toujours la banderole ?
Non ! Je l’ai remis au Cio.
Avez-vous senti le soutien des dirigeants sénégalais ?
Je ne leur avais pas demandé un soutien. J’étais mal placé véritablement pour leur demander de venir me défendre, alors que personne n’était au courant de la banderole.
Quel a été leur attitude ?
Je ne peux rien dire. J’étais du côté de la pelouse et eux sur les gradins. J’avais la banderole sur la piste. Personne ne m’a interpellé. Ni les organisateurs, encore moins les membres du Cio.
Quand est-ce que vous avez été mis au courant de la gravité de la situation ?
Je crois que c’est le lendemain.
Et vos athlètes. Comment ont-ils apprécié la situation ?
Jusqu’au moment où je quittais, ils n’étaient pas au courant. Très honnêtement ! C’est après que je les ai appelés pour les informer. C’était lourd. Je devais rentrer le lendemain de très bonheur. Je leur ai dit qu’il dépendait d’eux de faire certaines choses. J’en ai profité pour donner quelques instructions au chef de la mission pour les confirmations des athlètes, les engagements et certaines choses à retirer, à des moments opportuns pour les concours.
Etaient-ils abattus ?
L’atmosphère était lourde.
N’y avait-il pas une autre alternative, en lieu et place de vous éconduire ?
Sérieusement, j’assume. Je pense que la meilleure sanction, c’était de me faire rentrer.
Comment votre famille a accueilli la nouvelle ?
Je ne veux pas rentrer dans les détails en ce qui concerne ma famille. Elle n’était pas impliquée. C’est moi qui suis dans le milieu du sport, qui fait du sport et qui est lié au sport.
Comment voyez-vous votre devenir au sein de l’athlétisme sénégalais et peut-être auprès du Comité international olympique ?
Je ne sais pas. Il n’y a qu’eux qui peuvent en décider. Cela ne dépend pas de moi.
Etes-vous disposé à présenter des excuses au Comité national Olympique sénégalais et international ?
Je ne suis pas dans cette attitude. Sérieusement. J’attends de voir les membres de ma Fédération pour discuter avec eux. J’ai commis une faute. Si elle doit avoir toutes les répercussions, j’assume. Quel est le problème.
Quel est le bilan que vous tirez de la participation des athlètes sénégalais au JO de Pékin 2008 ?
Je ne peux tirer de bilan. Sérieusement ! Objectivement, je n’ai pas eu le temps de regarder tout cela. Après le défilé et la situation de la banderole, j’attendais mon athlétisme… On m’a informé que je devais rentrer le 14 (août dernier, jeudi). Il (Seydina Diagne) m’a demandé mon billet. Il est allé faire la réservation. J’ai récupéré mon billet et le matin, je suis parti.

Auteur : Woury DIALLO




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