le magazine du Sénégal dans le monde

Adama Gaye (journaliste-chercheur) : « L’Afrique a raté le tournant pour un siècle »

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : lundi 8 septembre 2008
NETTALI - Adama Gaye, journaliste spécialiste de la Chine, prévoit des problèmes aigus pour les pays africains qui n’ont pas su prendre le wagon de la mondialisation/globalisation. Invité à Remue-ménage, il estime que « l’Afrique a raté le tournant pour presque un siècle ».

dimanche 7 septembre 2008
Les perspectives en terme de développement ne sont pas bonnes pour le Continent africain, selon le journaliste Adama Gaye qui défend cette thèse avec force arguments. «  Aujourd’hui, c’est triste de le dire mais l’Afrique a raté le tournant pour presque un siècle », soutient-il en attirant l’attention sur le fait qu’ «  au tournant des années 80, quand la mondialisation a commencé à émerger, des pays comme l’Inde et la Chine ont vite compris que l’externalisation, le développement des Technologies étaient une chance inouïe qu’il ne fallait pas rater ». Alors que «  l’Afrique est elle, restée accrochée à des valeurs anciennes croyant qu’avec les ressources naturelles, l’économie allait se développer d’elle-même ».

Adama Gaye par ailleurs chercheur invité l’unversité John Hopkins de Washington regrette que les dirigeants du Continent n’aient pas assez travaillé pour mettre en place « des conditions macro-politiques pour attirer les investissements », à l’image des Etats-Unis et l’Asie où il y a «  des climats politiques stabilisés ». Une négligence qu’il qualifie de « fatale », car soutient M.Gaye, pour attirer des investissements massifs, «  il faut des institutions pour consolider le capital social (confiance, coutume, valeurs) qui ne peut exalté consolidé sans la permanence de ces institutions ». Ce serait en effet là le secret du développement des sociétés occidentales qui « se sont bonifiées parce qu’elles sont justement sorties de la relation informelle pour bâtir quelque chose de formel », argumente ce journaliste, très pointu sur les questions de Géopolitique.

Et même si des investisseurs viennent toujours en Afrique, « c’est parce que l’Afrique est devenue le ventre mou du monde où l’on peut blanchir de l’argent ». Adama Gaye regrette fortement cette situation qui fait que des Etats organisés se comportent en véritables délinquants à col blanc une fois qu’ils ont affaire à des pays africains.

C’est pourquoi, ajoute le journaliste, «  la croissance en tant que telle ne suffit pas. Nous avons besoin en Afrique de dirigeants qui soient à la hauteur des défis du 21 ème siècle ». Or, «  ces dirigeants nous font défaut », dit-il en indexant « un manque de leadership » en Afrique. Citant Mahatma Gandhi qui disait qu’«  il faut que vous soyez le changement que vous voulez réaliser », Adama Gaye de fustiger les logiques claniques et avant-gardistes qui influencent nos leaders, déconnectés à ses yeux des vrais enjeux mondiaux au point de préférer des modèles de dévolution par le sang du pouvoir.

A la suite d’Adama Gaye, le philosophe et économiste El Hadj Ibrahima Sall, invité sur le même plateau, dira que « cette analyse est vérité massive. Nous sommes très mal parti. L’émergence, je n’y crois pas ». Mais relativise-t-il ; « il nous faudra au moins 50 ans »




Lettre d'info

Recevez 2 fois par mois
dans votre boîte email les
nouveautés de SENEMAG




© 2008 Sénémag      Haut de page     Accueil du site    Plan du site    admin    Site réalisé avec SPIP      contact      version texte       syndiquer