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Décés du Pr Semou Pathé GUEYE

Le communiste qui a eu raison sur les capitalistes, n’est plus

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : jeudi 5 mars 2009
Le professeur agrégé de philosophie, Sémou Pathé Guèye, n’est plus. Il est décédé hier à Paris. Disciple de Karl Marx, il avait en 2000 mis en garde contre la spéculation financière qui menaçait de dérégler l’économie mondiale.
Le professeur Sémou Pathé Guèye est décédé hier matin à Paris à l’âge de 61 ans, des suites d’une longue maladie. Porte-parole du Parti de l’indépendance et du travail (Pit), cet agrégé de philosophie était aussi un grand penseur en dehors de son engagement politique.

source : www.walf.sn - 5 mars 2009

Non seulement, on ne compte pas le nombre d’intellectuels sénégalais auxquels il a fait aimer la philosophie alors qu’il professait pendant plus d’une décennie à l’ancien lycée Faidherbe de Saint-Louis devenu lycée Oumar Foutiyou Tall, mais également tous ces étudiants qu’il a formés, pour ne pas dire formatés, durant ces deux dernières décennies passées à la faculté de Lettres et Sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop. Mais il n’était pas qu’un simple formateur, il était également un penseur comme on en rencontre rarement de nos jours au Sénégal.

Penseur d’obédience marxiste, Sémou Pathé (comme on l’appelait affectueusement dans sa vie de tous les jours) avait déjà prophétisé, il y a plus deux ans, la crise financière qui secoue actuellement la planète. Dans un essai " Philosophie de la mondialisation ", publié dans la revue négro-africaine de littérature et de philosophie Ethiopiques (n° 64-65, 1er et 2e semestres 2000), il mettait en garde contre les spéculateurs financiers. Selon lui, le monde était devenu un village où toutes les nations et les peuples seraient obligés de vivre ensemble. "Le troisième millénaire s’affiche sous le signe de mutations profondes et accélérées qui ébranlent toutes les fondations de l’existence humaine. Elles entraînent dans le même tourbillon la planète tout entière et jettent les bases d’une nouvelle configuration mondiale dont les contours ne nous apparaissent pour le moment que de manière très floue, dans un enchevêtrement de traits, de tendances et de phénomènes devenus d’une complexité particulièrement déconcertante", écrivait-il. En effet, selon le penseur de la mondialisation, aucune sphère de la vie des individus et des sociétés n’y échappe : l’économie, la politique, la culture, le savoir, les relations entre les peuples et entre les Etats à l’échelle mondiale.

Reconnaissant la difficulté d’une définition du concept de mondialisation, il affirmait que la notion restait confuse, allant même jusqu’à la comparer à une sorte d’auberge espagnole, où chaque utilisateur tendrait à y mettre le contenu qui lui convient.

Cependant, d’après lui, "à la lumière des développements qui lui sont souvent consacrés dans les sciences humaines et sociales contemporaines, on pouvait dire qu’elle est la tendance à la formation d’un espace économique mondial unifié, sur la base de la logique du "marché" censé être capable, comme sous l’effet d’une main invisible, d’harmoniser et d’ajuster spontanément les intérêts différents et parfois contradictoires coexistant dans la sphère économique tant nationale qu’internationale".

Néanmoins, pour le marxiste, la mondialisation reste la domination, sans précédent, de l’économie mondiale par la spéculation financière. Ce qui, expliquait-il, du fait de la mobilité extrême des capitaux financiers qui "papillonnent" au gré des conditions très fluctuantes de profitabilité de leur investissement qui leur sont faites sur le marché financier mondial, menace en permanence la stabilité du système, en lui posant, tant à l’intérieur des Etats qu’au plan international, des problèmes de "gouvernabilité d’une acuité qui n’en finit pas de susciter de profondes inquiétudes même parmi les plus fervents adeptes du système". Au plan politique, le philosophe définit la mondialisation comme la tendance, liée à la précédente, à la formation et à la diffusion d’une ‘pensée unique’ qui n’admet plus, selon lui, qu’une seule rationalité politique, économique et sociale, à savoir celle qui se fonde sur les principes de la démocratie libérale et de l’économie de marché dont le triomphe a été, "quelque peu imprudemment nous semble-t-il, proclamé comme définitif et irréversible".

Enfin, Sémou Pathé Guèye tente de montrer que la mondialisation conduit inévitablement à la constitution de regroupements régionaux (à dimension continentale parfois), et cela, sur la base de convergences d’intérêts économiques et/ou d’affinités historiques et culturelles, pour mieux résister à la concurrence mondiale, notamment par la création d’un espace économique intégré permettant l’harmonisation des politiques économiques mais aussi une meilleure circulation des capitaux, des marchandises et des services entre les pays membres.

Charles Gaïky DIENE


lire " Philosophie de la mondialisation ", par Sémou Pathé Guèye ,publié dans la revue négro-africaine de littérature et de philosophie Ethiopiques (n° 64-65, 1er et 2e semestres 2000) : www.refer.sn/ethiopiques/article.php3 ?id_article=1237


lire aussi sur www.sudonline.sn (5 mars 2009) : RAPPEL A DIEU DE SEMOU PATHÉ GUEYE - Un des mousquetaires du Mpai tire sa révérence , par Madior FALL

et sur www.nettali.net (5 mars 2009) : La dépouille mortelle de Sémou Pathé Guèye attendue ce samedi à Dakar





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