Bantunani, le groove au service du CongoNouvel Album ’AFRICANIZATION’ sortie prévue en Mai 2010Composé de membres aux origines diverses et variées, Bantunani réinvente la rumba en l’associant avec des sonorités groove, funk et hip-hop.
Engagés, ils rompent avec une musique congolaise souvent trop légère. Aux origines de la nu-rumba, ils ont sorti, le 5 juin dernier [2009], un maxi-single sous le titre Born2groove. Rencontre avec le chanteur Michel Nzau.
Comment est né Bantunani ? Michel Nzau : Je suis fondateur, auteur et compositeur de Bantunani . L’idée du groupe est née un soir dans un restaurant congolais, entre deux plats poissons et plusieurs bières. J’étais alors avec Umberto Luambo, neveu de Franco, chantre de la Rumba congolaise, et nous avons dressé le constat que la musique congolaise ressemblait à une véritable cacophonie,comme en déliquescence, à l’image de la jeunesse qui l’écoute. Nous nous sommes revus un an plus tard lors d’un concert de jazz-manouche et le projet a pris réellement forme. L’idée était de sortir de l’étiquette « worldmusic », et tout le regard misérabiliste qu’elle sous-entend, dans laquelle la Rumba était enfermée. Umberto était alors le garant de la vraie rumba, et moi j’apportais la touche groove avec toutes mes influences. Justement, quelles sont vos influences ? Je suis né et j’ai grandi à Paris. Même si la rumba résonnait dans la maison, j’écoute aussi bien Michael Jackson que Paul Simon en passant par les Rolling Stones ou encore Steevie Wonder et Django Rehnardt. Les cultures rock et hip-hop font toutes les deux parties de mes influences. Cela se retrouve dans notre musique et lui confère un aspect universel. Notre but est de sortir la musique congolaise du ghetto. C’est ainsi qu’est né le concept de nu-rumba ? Comprendre la nu-rumba s’est avant une adhésion à une volonté de ne plus danser idiot , de regarder le monde avec un silence pour entendre l’espoir. Effectivement, « nu » n’est pas seulement à entendre comme « nouveau », c’est aussi la transposition de la culture bantou en France. Il s’agit de renouveler les sonorités et d’inviter d’autres cultures. Comme la culture gitane, représenté par le violon. Elle apporte un côté mélancolique à la musique, une sodad. Nous avons aussi un bassiste japonais, fan de rumba, qui apporte un style plus rock.
Vous revendiquez votre engagement, comment cela se traduit ? Pour moi, la musique se conçoit comme une trinité. Danse + Pensée = Musique. Par ailleurs, les musiciens congolais comme M. K (Koffi Olomidé, ndlr) ont trop pratiqué une musique du « moi je », sans parler de leur complaisance envers l’État. Et l’histoire bantou est trop négligé. Je suis allé au Congo début 2008, et j’ai vu une misère à laquelle s’opposait une jeunesse forte, très influencée par la musique. Churchill a dit « celui qui maîtrise le Congo, maîtrise le monde ». Dans Coltanrush, par exemple, nous dénonçons le pillage des richesses au Kivu. Dans Blackninja , c’est la crise économique et les mythologies autour que nous critiquons. Chaque chanson porte en elle un message. Propos recueillis par Stéphanie Hartmann visiter le site de Bantunani : www.bantunani.com lire aussi sur www.grioo.com (17/09/2008 ) : Les Bantunani : entre un retour aux sources et une ouverture sur le monde , par Alexandra Guellil La chanson Coltanrush vise à sensibilser la communauté internationale sur l’étrange conflit du Kivu qui fait des milliers de morts tous les mois |
Lettre d'info |