Peaux Noires en DangerLa sombre réalité des produits éclaircissantsÀ l’ère où la tendance est à la peau dorée en toute saison ; cabines d’UV et autres techniques de bronzage ont le vent en poupe. Mais, méconnu du grand public, le phénomène inverse connaît un essor inquiétant chez les peaux noires. Les femmes noires sont de plus en plus nombreuses à user et abuser de produits à vocation éclaircissante. Ces produits sont pour certains interdits mais pourtant en vente libre. Tous sont hautement nocifs, responsables de cancers ou de diabète.
source : topsantepeauxnoires.blogspot.com - 27 mai 2010 Le visage dissimulé, Maïmouna se confie à voix basse. Ce n’est qu’au fil de l’entretien, que la jeune femme accepte finalement de se dévoiler. Les marques sur son visage parlent d’elles-mêmes. Marbrures et taches purulentes attestent d’un usage quotidien de produits de dépigmentation, ces quatre dernières années. Elle confie avoir toujours eu conscience des risques encourus à vouloir dépigmenter son visage. « J’en ai profité maintenant je paie le prix ». Un réseau en plein cÅ“ur de la capitale Alarmés par la recrudescence des cas, des collectifs de dermatologues ont tiré la sonnette d’alarme depuis la fin des années 80. Malgré les lésions graves et irréversibles imputables à ces produits, il est désarmant de facilité de s’en procurer.
L’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé classifie ces produits dans la catégorie cosmétique. De fait, ils échappent à toute réglementation émanant de l’Institut de Veille sanitaire (INVS). Ce flou administratif se traduit par une carence de rapport sur la question. Effectivement, ni les services de l’Afssaps ni ceux de la répression des fraudes ne savent à qui en référer. Château Rouge dans le 18e, ce sont bel et bien des médicaments qui nous sont proposés. Effectivement, deux types de produits éclaircissants circulent sur le marché.
Ceux de la première catégorie sont dits légaux, mais sont tout aussi agressifs. En réalité, il s’agit de médicaments à haute teneur en cortisone prescrits sous ordonnance, Habituellement utilisé dans le traitement de réactions allergiques. Le plus courant restant le Diprosone, pommade prescrite en cas d’eczéma. Entre deux voitures garées, une « vendeuse », tubes en main prodigue ses conseils pour une peau belle lisse et claire. « Tu mets ça sur ton visage, trois fois par jour, bien épais, tu verras. Dans 15 jours déjà tu seras moins noire » La mort en vente libre Si les dermatologues s’insurgent, rares sont les patients qui réalisent l’ampleur du danger. Ces crèmes à base d’hydroquinone ou de cortisones entraînent des affections qui dépassent bel et bien le simple cadre esthétique ou cutané. Entre idées fausses et vraies complications, le Docteur Khadi Sy Bizet, auteur du Livre de la beauté noire rétablit la vérité. Les racines d’un traumatisme post-colonial Le phénomène de femmes noires prêtes à se dépigmenter est des plus complexes et dépasse le cadre de la mode et de l’esthétique. Quand bien même l’objectif relève de la beauté ou du paraître. Les tenants et aboutissants sont de l’ordre du bien-être ou en l’occurrence du mal-être. A l’origine de ces maux des communautés noires, un complexe d’infériorité ancré dans l’histoire du continent africain. Effectivement, le Congo est l’un des pays africain où la colonisation fut particulièrement rude et brutal. Et c’est aussi un pays où les crèmes éclaircissantes rencontrent énormément de succès chez les hommes comme chez les femmes. Les interprétations sociologiques et historiques blâment un poids colonial dont les candidats à la dépigmentation ne se seraient pas affranchis. Il est certes plus facile d’y voir un simple effet de mode. Mais cette analyse n’est pas pour autant erronée. Directrice du Label Beauté Noire , Isabelle Mananga est agacée par l’expression « crème blanchissante ». Elle y voit de la coquetterie et non pas une imitation de la femme blanche. « Ces femmes, avant de vouloir éclaircir, veulent surtout unifier leur teint et non pas devenir blanche. » Au sein de son label ; elle lutte contre la commercialisation de crèmes toxiques et commercialise les cosmétiques adaptés aux problèmes des peaux noires. Mais elle tient à remettre les pendules à l’heure. « Cessons de stigmatiser ces femmes, elles sont malades. Psychologiquement et souvent physiquement. Cessons de les traiter en coupables, ce sont des victimes. Tout le monde ignore l’effet de dépendance de ces crèmes. Il faut plus que de la volonté pour ce sortir de ce cercle vicieux. Elles ont besoin d’aide pas de jugements de valeurs » Sortir de ce cercle vicieux. Véritable parcours du combattant. Ces femmes repenties doivent supporter le sevrage. La sensation de manque mais aussi une peau qui réagit en régressant. Margaret François, Gaëlle Jotham & Koudiedji Sylla lire aussi sur humanrights-geneva.info (19 mai 10) : Genève s’attaque au blanchiment de peau sur www.continentpremier.com (28 juillet 2010) : Blanchissez moi tous ces nègres, par El Hadji Gorgui Wade Ndoye et sur www.aujourdhuilinde.com (16/7/2010) : En Inde, les hommes en quête d’une peau plus blanche...jusque sur Facebook |
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