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Horizon électoral en Afrique de l’Ouest entre 2011 et 2012 : Le Liberia, le Nigeria et la Sierra Leone vers des scrutins aux issues incertaines

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : mercredi 29 décembre 2010
La période 2011-2012 est très riche en élections présidentielles, en Afrique de l’Ouest. Il s’agit, entre autres, du Liberia, du Nigeria, de la Sierra Leone, dont les scrutins prévus entre 2011 et 2012, risquent de nous réserver des issues chaotiques.
Au moment où la Côte d’Ivoire vit une situation incertaine avec un schéma politique inédit de deux présidents, deux gouvernements, d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest s’apprêtent à s’engouffrer dans des élections. Cela, avec des dangers majeurs qui risquent de renforcer l’instabilité régionale.

source : www.walf.sn - décembre 2010

La période 2011-2012 étant celle où se tiendront plusieurs élections présidentielles. Mais, le fait particulier est que ces scrutins sont prévus, pour la plupart, dans des pays à démocratie fragile et qui viennent juste de sortir de longues périodes d’instabilité, marquées par des guerres civiles.
C’est le cas de la Sierra Leone qui va aux élections en 2012. Ce pays qui a souffert de onze années de guerre civile tente, tant bien que, de construire une paix fragile. Et depuis 2002, les acteurs politiques essaient d’emprunter le chemin de la démocratie. Un processus concocté par la société civile qui a eu le mérite de favoriser la réhabilitation des institutions du pays. Mais, il faut dire que certaines entités politiques ne se trouvent pas être suffisamment impliquées dans ce processus de démocratisation. Une frustration qui risque de peser sur les tentatives consensuelles autour des lois électorales. Surtout que ce scrutin va enregistrer une multitude de candidatures, dont d’anciens caciques du paysage politique national. Parmi eux, l’ancien président Ahmed Tejan Kaba ainsi que le tombeur de Joseph Momoh, en 1992, le général Maada Bio. Un enjeu électoral majeur qui risque de s’ajouter à la crise ambiante qui s’empare du pays avec la problématique de la sécurité alimentaire. Cela, au moment où le chômage gagne la majorité des jeunes. Un schéma économique identique à celui qui se dessine au Liberia. Ce pays est, également, à surveiller de prêt. Car, le Liberia est resté, pendant longtemps, l’épicentre de la plupart des conflits régionaux. D’aucuns trouvent même que la crise qui s’était emparée de ce pays a eu ses ramifications en Sierra Leone, en Guinée et même en Cote d’Ivoire. D’où l’urgence de mettre fin à la dangereuse impasse politique qui prévaut au pays des lagunes, avant que les autres pays environnants n’aillent aux élections.

Ellen Johnson Sirlef a pris goût au pouvoir

La porosité des frontières risque d’élargir les foyers de tensions dans la région. Ayant subi des guerres civiles, en 1989 et en 2003, le Liberia se manifeste surtout par sa grande fragilité interne, portant toujours les stigmates de guerres civiles aux effets profonds. Elue en 2005, la présidente Ellen Johnson Sirlef risque de favoriser un bras de fer politique pour le scrutin prévu en fin 2011. En effet, ayant toujours montré sa volonté de ne pas briguer un autre mandat, elle semble avoir pris goût au pouvoir. L’actuelle présidente libérienne affiche déjà, ses ambitions à faire partie de la course présidentielle de l’année prochaine. Cela, contrairement à ses discours de campagne électorale de 2005. En tout cas, ce revirement ‘moral’, semble déjà alimenter une crise pré-électorale sans précédent. D’ailleurs, une commission nationale mise en place aurait même réclamé des sanctions à son endroit, avec ‘une inéligibilité pendant 30 ans’. Au mois d’octobre dernier, George Weah, le leader du Congrès pour le changement démocratique ( Cdc ), a signé à Accra, les termes d’un accord pour une coalition, avec l’opposant Charles Brumskine du parti de la liberté. Des irrégularités ayant été notées lors du scrutin de 2005, il est évident que, cette fois-ci, l’opposition ne se laissera pas faire. Surtout dans un pays marqué par la pauvreté et le chômage accru des jeunes majoritairement fidèles à leur star du ballon rond, Georges Weah. Sans compter la candidature annoncée de l’ancien chef rebelle, Prince Johnson. Mais c’est surtout la présence attestée de mercenaires libériens armés, en Côte d’Ivoire qui doit faire craindre pour un enlisement régional.

L’autre scrutin sensible, en Afrique de l’Ouest, aura lieu au Nigeria, en avril 2011. Ce géant régional fera ainsi face, à un cas d’école inédit. Un test capital qui mettra à l’épreuve la fameuse loi abstraite du ‘zooming system’, au sein du parti démocratique du peuple, au pouvoir. Cette règle non écrite voudrait que l’alternance entre le nord musulman et le sud chrétien, soit appliquée, au sein de ce parti, à l’issue de deux mandats. Mais, aujourd’hui, tout semble être compromis par le décès du musulman, Umaru Yar’Adua, en mai dernier, et son remplacement inattendu par son vice-président, le chrétien Goodluck Jonathan. Cela, alors qu’il n’a même pas eu le temps de finir son premier mandat. Son successeur Goodluck Jonathan qui affiche toutes ses ambitions de briguer un autre mandat bouleverse les plans de ceux qui pensaient que c’est un autre musulman qui doit continuer les deux mandats du défunt Yar’Adua. Un débat tacite autour du profil du prochain candidat du Parti démocratique du peuple qui risque de se manifester à la veille des élections. Pourtant, l’arrivée de Yar’Adua marquait une passation historique du pouvoir d’un civil à un autre avec le président Obasanjo.
Cela, pour un pays longtemps en proie à une série de coups d’Etat militaires. Ainsi, à cette question interne qui demande une résolution urgente au sein du parti au pouvoir, s’ajoute la confirmation de plusieurs candidatures de taille. Sur la ligne de départ se trouvent déjà positionnés les ténors politiques que sont l’ancien président Ibrahima Babangida et Atika Abubacar. Mais, en dehors des partis traditionnels, une coalition pour un Nouveau Nigeria ( Cnn ) a été mise récemment en place. Ce groupe politique regroupant une dizaine de formations, compte aboutir à la désignation d’un candidat commun, en 2011. Une manière de représenter une alternative à la dualité historique des anciens partis, notamment, le Parti démocratique du peuple. Mieux, lorsque la crise politique ivoirienne post-électorale, avait pris des allures d’une orientation religieuse, beaucoup redoutaient son prolongement dans le bourbier nigérian. Car, ce pays renferme les germes d’un cocktail explosif de conflit entre musulmans et chrétiens, depuis quelques années.

Autant de risques qui accompagnent ces scrutins prévus d’ici 2012 dans ces pays de l’espace régional. Même si, le Sénégal, traditionnelle vitrine de la démocratie africaine, fait également face à un débat inédit autour la recevabilité de la candidature du président Abdoulaye Wade.

Abdoul Aziz AGNE




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