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EXPOSITION - KADDU JIGGEEN A LA GALERIE LE MANEGE : Regard de femmes sur un monde… d’hommes !

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : vendredi 18 mars 2011
Huit femmes d’origines africaine et américaine participent à une exposition intitulée « Kaddu jiggen ». Plus d’une trentaine d’œuvres, installations, vidéos et photographies, sont présentées à cet effet, à la galerie « Le Manège » depuis la semaine dernière. Cette exposition se prolongera jusqu’à la fin du mois d’avril prochain. Elle est la vision de femmes artistes sur ce monde dirigé… par des hommes.

source : www.lequotidien.sn - 16 Mars 2011

Kaddu Jiggen  ! Ce qui veut dire parole de femmes, en langue wolof. C’est le titre de l’exposition présentée à la galerie Le Manège. Elle a débuté le 9 mars dernier et durera jusqu’au 30 avril prochain. Une trentaine d’œuvres réalisées par huit femmes Africaines et Américaines décorent la grande salle d’exposition de la galerie. Ces œuvres sont constituées d’installations, de vidéos et de photographies. Des couleurs et des formes variées qui laissent entrevoir la diversité culturelle des artistes. Ont exposé, Saafa Erruas du Maroc, Justine Gaga et Pascale Obolo toutes deux des Camerounaises, Ayana Jackson et Kara Walker des Etats-Unis, Billie Zangewa de Malawi, Ato Malinda du Kenya et la Sénégalaise Fatou Kandé Senghor. Ces artistes se frottent aux styles artistiques, que l’on croyait être la chasse gardée des hommes. La vidéo, la photographie et l’installation sont des genres qui diffèrent de la peinture. Avant-gardistes de l’art contemporain, ces artistes femmes ont choisi des outils des nouvelles technologies pour s’exprimer, montrer leur point de vue sur le déroulement du monde. A chacune sa manière de s’exprimer à travers ses créations. Elles lâchent tantôt leur colère, leur féminité ou leur existence.

Toutes autant qu’elles sont, s’abandonnent dans la liberté que leur procure l’art pour se dévoiler. Même si certaines œuvres sont choquantes, et paraissent provocatrices, elles ne vont pas au-delà de la morale. C’est le cas de l’installation de l’Américaine Kara Walker. Un film d’une quinzaine de minutes, réalisé avec des marionnettes. C’est déjà la forme en soi qui provoque la frayeur, comme pour mettre l’accent sur le vif du sujet abordé. Un tableau noir et blanc, et les marionnettes paraissent comme des ombres, un procédé proche du théâtre d’ombre. Le film met en exergue la condition de l’homme noir à l’époque esclavagiste. Les souffrances et les maltraitances dont ils ont été l’objet. On y retrouve évoqués la pédophilie, la pédérastie, le viol. Des atrocités que Kara Walker extériorise selon sa propre perception, de cette partie de la vie des esclaves. Aussi, dans cette réalisation audio-visuelle, l’artiste se laisse voir de temps à autre. L’on reconnaît soit une partie de son corps, de sa main, la tête ou elle-même en entier. Ce qui laisse croire à un travail qui se veut particulièrement personnel.

Outre cette installation, Pascale Obolo a projeté son film intitulé : Femme invisible . Dans ce document, l’artiste s’interroge sur le cinéma africain. « Existe-t-il réellement » « C’est à nous cinéastes africains de faire renaître ce cinéma », relate-t-elle. Laissant découvrir à l’écran une jeune femme qui erre dans les rues d’une ville européenne, Pascale Obolo fait sentir qu’elle n’existe pas. Car il n’y a pas de cinéma qui lui parle, qui parle de ses origines. Un cinéma africain, qui n’a pas de place dans les pays occidentaux…

Autre espace, autres découvertes. Les photos de l’Américaine Ayana V. Jackson et de Fatou Kandé Senghor cassent l’atmosphère plutôt audiovisuelle. Une partie de l’exposition montre de grands portraits de femmes. Fatou Kandé Senghor prend comme modèlela chanteuse Njaaya, pour révéler la beauté féminine sénégalaise. Il y a aussi des images sobres qui montrent une femme en train de labourer la terre. Mais dans un coin de la salle d’exposition, est presque dissimulé un tableau pas comme les autres. Une œuvre qui fige l’attention, à moins qu’on y détourne le regard. Elle saute à l’œil dès le premier regard. Sur un fond blanc, Saafa Erruas y pique des aiguilles. On aperçoit une forme à laquelle l’on hésiterait à donner un nom. Et pourtant, vu la disposition des aiguilles, cela fait penser à un clitoris. Serait-ce pourquoi l’auteur l’a intitulée : The moon inside of me (la lune à l’intérieur de moi) Cette très belle œuvre, brille dans son coin comme un bijou protégé. Elle résume somme toute Parole de femme, la parole de toutes ces artistes. Kaddu Jiggen sera présenté après Dakar, à Harare puis à Bamako.

Coumba THIAM




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