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’Printemps arabe’ : Boubacar Boris Diop n’arrive pas à séparer le réel de la fiction

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : jeudi 8 septembre 2011
Dakar, 6 juin 2011 (APS) – Le journaliste et romancier sénégalais Boubacar Boris Diop a avoué la difficulté qu’il a à savoir où se séparent les chemins du ’réel’ et de la ’fiction’ dans ce que les médias ont appelé ’printemps arabe’, cette série de révoltes de peuples contre leurs dirigeants.
’Je suis romancier et donc attentif aux rapports entre le réel et la fiction. Or dans cette affaire, je n’arrive pas à savoir où se séparent leurs chemins, tout me paraît à la fois vrai et purement imaginaire’, affirme-t-il dans un entretien à l’hebdomadaire Jeune Afrique (5-11 juin).

Il s’interroge sur le suicide d’un jeune Tunisien ayant déclenché "une révolution exemplaire, qui s’étend à l’Egypte, et à partir de là, ça chauffe au Yémen, à Bahreïn, en Arabie saoudite, en Syrie et en Libye, pour ne rien dire des tentatives en Algérie et au Maroc".

"Sérieusement, comment croire que tout cela est arrivé par hasard ou par simple contagion ?" se demande Diop, estimant pour sa part que soupçonner l’Occident d’avoir manipulé tout cela "serait manquer de respect aux manifestants".

"Ils sont admirables, ils prouvent qu’aucun système policier n’est invulnérable", poursuit l’écrivain sénégalais avant de relever "des choses troublantes" qu’il trouve dans ce qui se passe actuellement dans certains pays arabes.

"Pourquoi les monarchies pétrolières n’ont-elles eu aucun mal à museler le soulèvement ? Comment en est-on arrivé à une situation où l’Otan se vante d’avoir lâché six mille bombes sur la Libye ? Et, très franchement, n’est-ce pas gênant, ces insurgés de Benghazi qui n’existent que grâce à ce pilonnage aérien ? En cas de victoire, quelle va être leur marge de décision face à leurs parrains ? ", s’interroge t-il.

Soulignant qu’il "ne faut pas se cacher derrière son petit doigt, le pétrole libyen est en jeu" dans le cas de la Libye, il a dit que l’Union africaine et la Ligue arabe sont "hors jeu, faute de solidarité entre elles et en leur sein".

Prié de dire si on peut s’attendre à un printemps de l’Afrique subsaharienne, il déclare : "Il est difficile de comparer le monde arabe, uni par la langue, la religion et une forte sensibilité à la cause palestinienne, et l’Afrique sub-saharienne, qui est un “bazar de cultures” et où la question de la souveraineté nationale reste souvent capitale".

"Je veux dire que si les jeunes du Gabon et du Niger se soulèvent, ça doit être aussi pour crier : “Total dégage !” ou “Areva dégage” Je doute qu’ils bénéficient d’une large couverture médiatique…", a-t-il indiqué.

ADC/OID


lire aussi sur www.youphil.com (07/06/2011 ) : Printemps arabe : à quand le printemps africain ?, par Christophe Courtin

et sur www.pambazuka.org (30/05/2011 ) :
  2011 : le printemps arabe ?, par Samir Amin
  Face au mouvement démocratique, le bloc réactionnaire, par Samir Amin
  L’Egypte et la stratégie des États-Unis : le modèle pakistanais, par Samir Amin





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