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Assises nationales : Les raisons fallacieuses des "défaillants"

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : jeudi 19 juin 2008
L’initiative inédite, que constitue l’idée des Assises nationales, fait des vagues. Les uns se l’approprient, les autres la rejettent avec des formes différentes. Des non-dits et des "déjà-dit" tirés, le plus souvent, par les cheveux.

Source : Le Matin

Idrissa Seck, non partant pour les Assises nationales, explique principalement son refus par la non-participation du Chef de l’État à cette initiative. Après avoir maintenu le suspense, il a attendu le bon moment pour donner son point de vue, par voie épistolaire, après une rencontre fort commentée avec Amadou Moctar Mbow, le président du Bureau des Assises. Ce "coup d’éclat" politique est peut-être "communicationnellement" payant. Toutefois, il cache mal une incohérence dans la démarche et une volonté de vouloir semer la confusion dans des Assises nationales qui n’ont pas encore atteint leur vitesse de croisière. Subordonner sa participation à celle du président voudrait donc signifier que ce dernier n’était pas convié à participer ou à se faire représenter à ces événements inédits.

Tout au contraire de la réalité. En effet, dès le premier jour de ces Assises, toutes les équivoques visant à faire penser à une telle éventualité ont été levées. "La nécessité de la participation du président ou d’y faire participer son parti" a été soulignée avec insistance. Des Assises qui "ne sont fermées à personne et qui ne sont aussi dirigées contre personne", selon le mot d’Amadou Moctar Mbow. Celui-ci avait d’ailleurs dit "haut et fort" qu’il reconnaissait "sans restriction la légitimité du président de la République". Idrissa Seck, en s’appuyant sur cette "non-participation" pour dénier à ces assises leur caractère national, semble faire dans cette ruse politique qui voudrait que tous les moyens soient bons pour exister et surtout pour retrouver une certaine place dans le Landerneau politique après un long silence. Sa position peut être compréhensive, car c’est un secret de Polichinelle que l’ex-maire de Thiès n’est pas en odeur de sainteté avec les initiateurs de ces Assises, réunis autour du Front Siggil Senegaal. Sa volte-face de la veille de la présidentielle dernière est restée au travers de la gorge de Bathily et Cie. Malgré les apparences et les "unions réalistes dans la difficulté".

Cette position peut aussi s’expliquer par cette volonté de revenir à la "maison du père" au moment où les retrouvailles de cette "grande famille libérale" sont à l’ordre du jour. Soit. Des calculs politiques sont sans doute à l’origine de sa position actuelle. Ce qui est normal peut-être, car on ne saurait interdire à ce fin politique d’exploiter cette occasion en or. Il a fait avec la maniérée. Mais, ce que Idrissa Seck va en gagner vaudra-t-il réellement ce qu’il perdra ? On sait, en tout cas, que dans sa famille politique d’origine, les choses ne seront pas si simples après des tiraillements douloureux qui se poursuivent du reste.

En refusant de cette manière de participer aux Assises, l’ex-Premier ministre tente implicitement de saboter des initiatives, qui, dans leur esprit, visent à "sortir le pays de l’impasse". Son appel, à la société civile et aux autres acteurs du Sénégal, n’est qu’une répétition à l’envie d’une démarche déjà enclenchée. Si l’on sait que les termes de référence des Assises nationales expliquent que leur objectif général est de "trouver une solution consensuelle globale, efficace et durable à la grave crise multidimensionnelle qui sévit dans le pays". Idy a un style qui lui est propre. Et il n’a fait que dire la même chose à sa manière et avec la manière.

Babacar Ndiaye, Babacar Justin Ndiaye, Malick Ndiaye
Dans ce même sillage "des défaillants", se trouve l’ancien président de la Banque africaine de développement (Bad). Babacar Ndiaye a, lui, évoqué une certaine "politisation" pour se retirer. Cet homme respectable n’avait certainement pas pris en compte cette donne avant de s’engager dans une entreprise aussi ambitieuse. Avec toutes les pressions et privations, qui lui sont inhérentes.

En jetant l’éponge sans même pouvoir dire au préalable ses inquiétudes à ses camarades, il donne raison à ceux qui pensent qu’il y a bien anguille sous roche. Des non-dits et de forts soupçons. Il y a d’éminents intellectuels qui se sont courageusement prononcés. Seul regret : leur intervention, pour courageuse qu’elle soit, n’est pas à la mesure des attentes. Le Professeur Malick Ndiaye est allé chercher chez le riche Bolloré, l’origine de ces assises entre Sénégalais. L’autre, le très médiatique politologue Babacar Justin Ndiaye, a vu dans ces Assises cette "main invisible" d’un "pays non africain ennemi du Sénégal". Selon ses sources diplomatiques. Aux dernières nouvelles, il assure que le conditionnel était de mise. Le mal est déjà fait.

La démarche des partisans du Président est plus logique. Elle consiste à vouer aux gémonies tous les participants aux assises. Avec un manichéisme compréhensif : Avec nous ou pour le diable.

D’autres vont se signaler encore en quittant opportunément le navire des Assises nationales. Pour des intérêts politiciens. Comme ce "Consumériste en chef" devenu célèbre après une marche réprimée et un séjour en prison. "Un régime est à l’agonie quand on n’y entend plus le bruit d’aucun conflit, sinon celui pitoyable des petites ambitions et de grands appétits".

On espère que le Sénégal n’est pas à ce stade de cette pensée de Montesquieu, récemment rappelé par Serigne Mansour Sy Jamil.




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