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Diambars : champions de foot, guerriers de la vie

Un concept sport-études au profit des jeunes Africains

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : lundi 29 septembre 2008
Du foot et de l’éducation. C’est le duo gagnant que propose l’institut Diambars aux jeunes amoureux du ballon rond en Afrique. Le premier centre de formation sport-études de l’association a élu domicile au Sénégal et célèbre cette année la sortie de sa première promotion. Retour sur l’aventure de trois hommes - Bernard Lama, Jean-Marc Adjovi-Boco et Patrick Vieira – et de leurs amis qui, grâce au ballon rond, concrétisent le rêve de futurs guerriers de la vie.

source : www.afrik.com samedi 20 septembre 2008

Des fous du ballon rond, motivés par sa capacité à éduquer, et des adolescents africains qui rêvent de football, cela donne Diambars, les guerriers en wolof. « Former des champions du football, des champions de la vie », c’est la philosophie de l’institut de formation Diambars. Le Sénégal a été choisi comme premier pays hôte africain d’un centre de formation sport-études. «  Nous connaissions bien le Sénégal et nous y avions beaucoup d’amis. C’est un pays qui nous a adoptés. L’Etat nous a offert 15 hectares sur place. », explique l’ancien international français Bernard Lama, membre du trio fondateur de l’association Diambars. Jean-Marc Adjovi-Boco, alias Jimmy, ancien joueur du Racing Club de Lens, et le champion du monde Patrick Vieira sont les deux autres footballeurs à l’origine du projet. A Saly, à quelques kilomètres de la capitale sénégalaise, Dakar, sont accueillis depuis 2003 des jeunes sénégalais dès l’âge de 13 ans pour une formation de cinq ans. Du foot le matin et l’après-midi, et entre les deux, des cours. En été, les sportifs en herbe participent à des tournois en Europe et séjournent dans des familles du Pas-de-Calais, région partenaire de l’institut Diambars. Vingt pour cent des élèves de Saly, selon Jimmy Adjovi-Boco, directeur de Diambars France, deviendront des footballeurs professionnels. Mais cent pour cent devraient être armés pour la vie avec une bonne éducation en poche. Les recrutements pour intégrer l’institut sénégalais, présidé par Saer Seck, se font à travers tout le Sénégal. Sur quelque 5 000 jeunes qui postulent, une vingtaine est retenue chaque année.

La passion et l’éducation

« Quand j’ai commencé à jouer au foot en Guyane, explique Bernard Lama, le club qui m’a accueilli n’avait pas de structure adéquate pour assurer ma formation. J’ai dû partir pour ça ». Le footballeur français est resté très sensible à cette problématique durant sa carrière. «  Avec Jimmy, l’absence d’infrastructures en Afrique a toujours été une préoccupation pour nous. Nous en avons beaucoup discuté depuis 1981, l’année où nous nous sommes rencontrés. On a commencé sérieusement à réfléchir à quelque chose en 1992. Plus tard, Jimmy est retourné à l’école et il a formalisé le projet pendant ses études supérieures ». Les crampons raccrochés, Jimmy Adjovi-Boco a commencé en effet une nouvelle vie, à 43 ans. Celle d’étudiant en école de commerce à Lille où il a obtenu son diplôme en 2001. « Nous voulions conduire ce projet de manière très professionnelle ». Sa formation en marketing et en communication lui donneront les outils adéquats pour construire Diambars.

« On a créé Diambars de nos propres mains, poursuit Jean-Marc Adjovi-Boco ». Le résultat, Patrick Vieira le compare au « rêve d’une vie ». Diambars lui a permis de renouer avec ses origines sénégalaises, de transmettre sa passion à des enfants tout en contribuant à leur éducation. Cet enthousiasme chez les "papas" de Diambars explique beaucoup l’engouement que le projet suscite auprès de leurs copains footballeurs. A Paris, le 11 juillet dernier, l’association fêtait la première promotion du centre de Saly. Les champions du monde de foot 1998, qui ont dédié le dixième anniversaire de leur victoire à cette promotion, étaient de la partie à la veille de la célébration de leur propre exploit. Lilian Thuram, Claude Makelele, Robert Pires, Christian Karembeu, entre autres, sont venus féliciter les futurs guerriers du foot en compétition en Europe. Cet intérêt pour la cause, Pires le résume en une phrase : « l’éducation, c’est l’avenir, autant la préserver ». La sortie de la première promotion Diambars est l’illustration d’un défi humain et financier qui a été en partie relevé.

« Pour lancer l’institut de Saly, il nous fallait au moins rassembler 6 millions d’euros, 3 qui serviraient à la construction du centre, les trois autres devaient assurer le fonctionnement de l’institut sur cinq ans. Après cette période, nous sommes supposés être autonomes à 50% grâce aux ressources générées par le placement des jeunes footballeurs formés dans le centre grâce aux indemnités de formation dont s’acquittent les clubs acquéreurs. Les 50 autres pour cent de nos ressources devraient être assurés à part égale par l’exploitation de nos infrastructures et les sponsors », explique Djelloul Habchi, directeur de Diambars South Africa. Il a géré le lancement du projet au Sénégal et travaille aujourd’hui à l’installation d’un nouveau centre de formation en Afrique du Sud. Son inauguration devrait coïncider avec la coupe du monde 2010.

L’autre ambition de Diambars est de permettre aux jeunes filles africaines de faire carrière dans le foot. « Il n’y a pas de raison qu’on ne leur donne pas la chance de jouer et de s’éduquer, selon Jimmy Adjovi-Boco. Nous attendons de rassembler les fonds nécessaires pour organiser la rentrée de la section féminine de Diambars. Nous espérons y parvenir d’ici octobre 2009. » Pour donner corps à ses projets, Diambars s’appuie sur un réseau d’associations collectrices de fonds en Grande-Bretagne, en France, en Norvège ou encore au Canada. L’association dispose aussi de partenaires comme le groupe hôtelier américain Starwood Hotels & Resorts. Une implication qu’explique Hassan Ahdab, vice-président zone Afrique et Océan Indien. « Les enfants en Afrique et l’éducation sont des sujets qui nous interpellent chez Starwood. La combinaison proposée par Diambars nous a tout de suite séduits et c’est tout naturellement que nous nous sommes associés à ce projet ».

De même, Diambars a le soutien de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture ( Unesco ). Le futur programme " Stade Sup ", initié par l’association, est inscrit dans la programmation officielle de l’agence des Nations unies. «  Le stade de France, lieu de partage et de rencontres, deviendra aussi un lieu d’échange de savoirs grâce à Stade Sup », lance Jimmy Adjovi-Boco. Le programme permettra d’aider des jeunes en difficulté scolaire de la région d’Ile-de-France grâce au football. Fidèle à sa raison d’être –sa vocation africaine-, Diambars entend ouvrir d’ici 2015 de nouveaux centres. « L’Education est un match que l’on doit gagner, selon Jimmy Adjovi-Covo. Nous voulons que ces enfants que nous considérons comme les nôtres réussissent leur vie, qu’ils soient des gens bien éduqués. C’est notre ambition première » A Diambars, on ne ménage pas ses efforts pour réaliser ses objectifs et être récompensés, dixit Bernard Lama, par le « sourire des gosses », des enfants conscients de leur potentiel.


- Visiter le site de l’institut Diambars


Les nouvelles technologies au service des élèves de l’institut Diambars Depuis cinq ans, le concept sport-études développé par Diambars ne cesse de s’enrichir de nouveaux outils pédagogiques, notamment grâce aux nouvelles technologies. «  Elles permettent plus que jamais de donner sa chance à chacun », estime Jimmy Adjovi-Boco. "Keep the school mooving" est le module de formation à distance mis en place par le directeur pédagogique de Diambars, Jean-Luc Muracciole. Ce projet tient particulièrement à Serge Lama qui a toujours regretté que certains jeunes footballeurs ne puissent pas jouer tout en suivant un cursus scolaire normal. Grâce à "Keep the shool mooving", même quand ils participent à des tournois, les futurs champions de Diambars peuvent continuer leurs cours de la sixième à la terminale.

Copyright Photo : Afrik et Diambars




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