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Me Sidiki Kaba : ’il faut travailler à dissiper le sentiment que la Justice internationale est une justice de Blancs’

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : lundi 22 décembre 2008
Dakar, 22 déc (APS) - La vocation universelle de la Cour pénale internationale (CPI) doit être réaffirmée, assumée et consolidée pour faire disparaître le sentiment que derrière le concept de Justice internationale, c’est en réalité ’une justice de Blancs’ qui opère, a plaidé lundi Me Sidiki Kaba.
La Justice internationale doit avoir ’une véritable vocation universelle, c’est en cela qu’il est important que le statut de la Cour pénale internationale soit ratifiée par les Etats-Unis, par la Chine, par la Russie, par Israël’, a indiqué sur RFI le président d’honneur de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).

"Il ne faudrait pas aussi que le sentiment soit donné que lorsqu’il s’agit d’arrêter un Américain et de le juger par exemple en Afrique, au Sénégal ou ailleurs, que cela apparaisse comme quelque chose d’impossible à réaliser", a ajouté l’avocat sénégalais.

Invité à commenter l’argument émis par "beaucoup" de citoyens notamment africains qui disent que la CPI ne poursuit que des Africains, il a estimé qu’il "ne doit pas en être ainsi" et que "cette perception doit être rectifiée". La CPI , "doit avoir une vocation universelle, sans qu’on pense qu’il y a une forme d’impérialisme judiciaire, sans qu’on sente qu’il y a deux poids deux mesures", a insisté Me Sidiki Kaba.

Selon lui, les poursuites engagées par la CPI contre l’homme politique congolais Jean-Pierre Bemba et le président soudanais Omar El Béchir ont été "une bonne nouvelle de l’année, parce que c’étaient des décisions qui étaient attendues depuis des années et espérées. Cela a provoqué évidemment un tremblement de terre auprès de tous les dirigeants qui ont des choses à se reprocher".

A la question de savoir quelle serait la crédibilité de la CPI "si elle ne poursuit que les gens qui sont faciles à attraper et pas les autres", il a répondu : "je pense qu’il faudrait d’abord qu’elle commence par quelque chose et elle le fait. Mais elle gagnera sa crédibilité lorsqu’elle ne laissera pas l’impression qu’il y a une justice à la carte, une justice à géométrie variable qui ne s’applique qu’aux plus faibles, consacrant ainsi la raison du plus fort".

"On ne doit pas parler seulement des génocides, on doit aussi parler des crimes de guerre. La justice est un tout et il ne faudrait pas la saucissonner sinon elle devient ce qu’on appelle la justice à la carte", a fait valoir le président d’honneur de la FIDH . "Alors, a poursuivi Me Sidiki Kaba, nous nous exhortons la Cour à continuer ses investigations, parce que les prochaines situations, c’est la Colombie, c’est la Géorgie, c’est l’Afghanistan".

Prié de dire quelle est l’affaire sur laquelle un homme politique du Nord mériterait d’être poursuivi par la CPI, il a évoqué le cas de Donald Rumsfeld, ancien secrétaire d’Etat à la Défense du gouvernement Bush, "qui était directement impliqué dans la guerre que nous avons estimée comme illégale et illégitime en Irak, parce que hors la volonté du Conseil de sécurité".

Alors que des poursuites ont été engagées contre lui pendant qu’il était en visite en France, Rumsfeld n’a du son salut qu’au fait qu’il s’est caché dans l’ambassade américaine de Paris, qu’il a rejoint "en étant couché dans la voiture sans qu’on le voie et il a pu quitter la France", a rappelé l’avocat sénégalais.

"Ce qui voulait dire que la justice l’a effrayé et lui comme d’autres, qui sont impliqués dans des crimes, rendront compte. Nul ne doit échapper à la Justice internationale", a commenté le président d’honneur de la FIDH.

"Evidemment, on nous dira que cela relève de l’utopie, mais la Cour pénale était une utopie. Depuis la nuit des temps, c’est la première fois qu’il y a eu une Cour pénale internationale permanente qui a été instituée, peut-être qu’on arrivera à cette justice universelle", a-t-il souligné.

BK/AD


visiter le site de la FIDH

lire aussi sur www.tnova.fr (23 janvier 2009) : Dix ans après, la Cour pénale internationale à l’épreuve des faits

et sur www.droitshumains-geneve.info (4 février 09) : Les dictateurs ne jouissent plus de la même impunité qu’avant





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