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Mataro, le berceau de l’immigration africaine en Catalogne

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : mercredi 2 juillet 2008
Avec ses 50.000 habitants, Mataro accueille 1.200 immigrés d’origine sénégalaise, au nord-est de l’Espagne. Entre le confort du niveau de vie et les petites misères vécues pour les familles laissées au pays, plusieurs émigrés ont fait part de leur volonté d’investir dans le secteur productif au Sénégal et d’être accompagnés dans cette entreprise.

Mataro (Espagne)(APS) - Envoyé spécial : Serigne Adama Boye

"Les Sénégalais qui vivent ici ne causent aucun problème’’, confie le maire, Juan Antoni Baron. Plusieurs fois centenaire, "cette ville-carrefour de solidarité’’, selon lui, est réputée pour son économie basée sur l’agriculture, l’agro-industrie, l’industrie et le commerce. Mataro a accueilli antérieurement des Arabes, des Romains et dernièrement des Africains.

"C’est le berceau de l’immigration africaine en Catalogne et son espoir aussi’’, affirme Idrissa Djiba, qui comptabilise un séjour de 21 ans. Le président de l’association des Sénégalais de la localité souligne la tranquillité dans laquelle ses compatriotes y évoluent et les facilités dont les autorités municipales les couvrent.

Pour tous, le niveau de vie acquis sur place ne remplace pas le besoin de développer leur pays d’origine. "Le chien qui ramasse un os ne le ronge jamais dehors, il le ramène à la maison’’, a dit Ismaïla Mandian, originaire de Sébikoroto (sud), faisant état des intentions et des engagements des émigrés de préparer leur retour au bercail, par l’investissement dans la production.

Son intérêt à lui porte sur la transformation des fruits et légumes en Casamance. "La Catalogne a favorisé cette activité, pensons-y pour nous-mêmes’’, constate-t-il avant d’ajouter : "Ici, une personne a 10 vaches qui nourrissent 100 personnes ; au Sénégal, une personne seule a 100 vaches mais n’arrive pas à se nourrir elle-même.’’

Placé sous la tutelle du ministère sénégalais de l’Economie et des Finances, le directeur de l’appui au secteur privé, Mamadou Makhtar Diagne, a annoncé l’élaboration prochaine d’une banque des données des secteurs porteurs au Sénégal, afin de garantir aux promoteurs et aux investisseurs une rentabilité meilleure à leur business plan.

Aussi, a-t-il révélé des études en cours pour une exonération du matériel et des intrants investis dans le cadre de la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana). Cette incitation à l’investissement agricole concernera les droits de douanes, la TVA, l’impôt sur le revenu ou sur les sociétés.

Babacar Ndir, responsable à l’Institut de technologies alimentaires (ITA), signale l’implantation d’une unité de production de vinaigre de la mangue à Ziguinchor pouvant faire tâche d’huile. Il a rappelé la disponibilité des incubateurs mis en œuvre par l’ITA pour la transformation des produits locaux (fruits, lait et légumes). Cette opportunité d’investissement est présentée aux promoteurs parmi les Sénégalais de la diaspora et aux porteurs d’affaires espagnols.

Représentant de l’Agence pour la promotion des sites industriels (APROSI), Momar Guèye, a fait part des aménagements de sites industriels (terrains et bâtiments) pour les investisseurs désirant s’implanter à Diamniadio ou dans les régions. "Ce sont de nouvelles zones en bordure de route et d’autres domaines industriels sont en état de réhabilitation’’, a-t-il indiqué.

Pour la création d’entreprise, passer de l’idée de projet à la réalisation d’un business plan peut être la mer à boire pour tout promoteur. Ce dernier peut se faire aider en se rapprochant de l’Agence de développement et de promotion des PME pour l’appui conseil. Dans le cadre de l’aide au retour, l’agence sénégalaise travaille avec l’Organisation internationales des migrations (OIM). Sylvie Dagnon a présenté ces deux offres aux émigrés et aux porteurs d’affaires espagnols.

Moustapha Diop, chef du service du marketing intérieur à l’APIX, a expliqué les facilités de création d’entreprises (en 48 heures) et les incitations fiscales ou douanières qui y sont rattachées. Les opportunités attendues de la zone économique spéciale, du projet en cours de l’autoroute à péage et celui de l’aéroport de Ndiass complètent le menu de l’investisseur.

Une autre gamme d’incitations est mise en place pour les promoteurs, à l’instar du Fonds de promotion économique (FPE). Doté de sept lignes de crédits bancaires, ce fonds accorde des prêts allant de 10 à 450 millions de FCFA, demandant un apport personnel de 10%. Autres détails alléchants pour le refinancement qu’il propose : 11% de taux d’intérêt, exonération de la taxe sur les opérations bancaires et cinq ans pour la durée du prêt.

Joachim Bass annonce "la transformation du FPE en banque universelle focalisée sur les PME". "C’est une perspectives qui pourrait intéresser les Sénégalais de l’extérieur et le secteur privé espagnol", a-t-il estimé. L’objectif est de leur éviter le classique coup du sort de l’éviction aux crédits à l’économie. "Les banques sont frileuses, elles mènent une politique de crédit très sélective en faveur des grandes entreprises."

La caravane des PME servait également de tribune au Bureau de mise à niveau. Mieux que dans les séances plénières, les bourses de partenariat ont permis à ses deux représentants de développer l’offre de cette structure créée en décembre 2007, pour la compétitivité des produits et services fournis par les entreprises sénégalaises sur le marché national et l’exportation.

Le directeur de la coopération décentralisée, Tidiane Sidibé, a expliqué les enjeux de la recherche de partenariats et de financements des collectivités locales. Il a sollicité auprès du public des caravaniers plus d’intérêts à ce niveau, tandis que le directeur de la coopération internationale, Demba Gaye, a appelé les émigrés à favoriser le contact entre les ONG du Nord avec celles du Sénégal.

SAB/BK




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