Risques d’amnésie pour le cinéma africain après les inondations à OuagadougouOuestafnews – Le cinéma africain court le risque de perdre une bonne partie de sa mémoire suite à la destruction d’importantes archives consécutive aux pluies diluviennes qui se sont abattues en septembre dernier sur Ouagadougou, capitale du Burkina Faso et siège du plus célèbre des festivals de cinéma en Afrique.
source : www.ouestaf.com - 2 Décembre 2009 Un envoyé spécial d’Ouestafnews dans la capitale Burkinabè a pu constater de visu l’ampleur des dégâts causés par les inondations qui ont sérieusement affecté ce qui constitue la mémoire du cinéma africain, allant des écrits relatifs au Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou ( Fespaco ) aux documents audiovisuels composés de films et documentaires, y compris les premières productions des pionniers du cinéma africain ou encore des copies de documents télévisés. « Ce sont environ 3500 bobines de films, composés de films d’actualités, de reportage de la Télévision du Burkina Faso des années 60 à 70, des films d’auteurs africains qui étaient là … », a expliqué à Ouestafnews Ardiouma Soma, directeur de la Cinémathèque Africaine au siège du Fespaco. La Cinémathèque conservait aussi d’importants documents audiovisuels sur d’autres supports, allant des bandes VHS à des films gravés sur DVD, selon son directeur. Ses propres bureaux ont été envahis par les eaux jusqu’à une hauteur de 2,20 mètres, noyant tous les documents administratifs et archives qui s’y trouvaient. Leur récupération reste aujourd’hui très hypothétique. Dans la salle spéciale où étaient stockés les films, les eaux n’ont pas atteint ce niveau, mais les dégâts n’en sont pas moins importants avec au moins « deux paliers sur six » totalement envahis par les eaux, détériorant ainsi les films. La Cinémathèque Africaine, mise en place à l’initiative de la Fédération panafricaine des cinéastes, s’était donnée comme mission de « rassembler et de conserver » l’ensemble des archives cinématographiques africaines. Au siège du Fespaco, on craint surtout pour certains vieux films qui n’ont pas eu de « carrière commerciale » et qui parfois n’étaient disponibles qu’en « une copie unique » récupérée chez des producteurs en Europe ou ailleurs dans le monde pour être conservée à la Cinémathèque Africaine. « C’est réellement un désastre », a ainsi confié Gaston Kaboré, un des grands cinéastes du Burkina Faso et du continent africain qui déplore ce sort réservé à « toute cinémathèque établi dans un pays du Sud, et qui connaît des problèmes de manque de ressources et de capacités réelles de protéger les ressources (audiovisuelles) existantes ». Pour Abdoulaye Diallo, réalisateur et promoteur culturel, le Fespaco a manqué de sens de l’anticipation en n’ayant qu’une « seule copie » de certains documents et pour qui « le site même du Fespaco a été mal choisi » puisque certains quinquagénaires ouagalais se rappellent que gamins, « ils y allaient jouer dans les eaux ». L’une des leçons à tirer du désastre de la Cinémathèque Africaine, selon Abdoulaye Diallo : « il faut qu’en Afrique nous apprenions à investir dans le patrimoine culturel, comme le font déjà depuis très longtemps l’Europe et les Etats-Unis ». |
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