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Souleymane Bachir Diagne : ’L’éducation, seul contre-feu aux identités meurtrières’

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : jeudi 17 décembre 2009
Dakar, 16 déc 2009 (APS) - L’éducation au pluralisme est ’’le seul contre-feu’ à opposer aux ’identités meurtrières’, a soutenu le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne, insistant sur la nécessité pour les hommes d’embrasser toutes les identités, ’y compris celles qui nous échappent’.
Pour faire en sorte que les gens n’aient plus peur de l’altérité, ’la seule voie c’est l’éducation. Ça semble banal mais ça n’est jamais banal’, a-t-il noté dans un entretien publié dans le premier numéro du magazine ’Melting Pop’ (décembre 2009-janvier 2010).

"L’être humain est comme il s’éduque. Il y a, à mon sens, une éducation au pluralisme qui me semble inévitable. C’est l’école qui enseigne la pluralité, c’est l’école qui enseigne que dans l’identité il y entre de la différence" a ajouté Souleymane Bachir Diagne.

"Il faut également tenir ce discours-là sur le plan politique, éthique. L’éducation au pluralisme, c’est le seul contre-feu que l’on peut avoir contre les identités", a fait valoir M. Diagne, actuellement professeur aux départements de français et de philosophie de l’Université Columbia de New York (Etats-Unis).

Citant le philosophe indien Muhammad Iqbal dont il est un spécialiste, il a dit que "le grand destructeur c’est la peur : tous les autres maux s’engouffrent dans la peur. C’est la peur de perdre son identité qui fait qu’on va pétrifier une identité particulière".

"La vie c’est la démultiplication. Le pluralisme gagne du terrain contre la conception réductrice d’une seule identité", a indiqué celui qui a enseigné pendant 20 ans à l’Université Cheikh Anta Diop ( UCAD ) de Dakar avant de partir au début des années 2000 aux Etats-Unis pour intégrer l’Université Northwestern d’Evanston (Illinois).

Selon Souleymane Bachir Diagne, être pluraliste, "c’est aussi reconnaître le pluralisme en soi, c’est cette pluralité qui est constitutive de l’être qui est projeté".

"Je voudrais que l’on embrasse toutes ces identités, y compris celles qui nous échappent. Nous sommes toujours en processus de devenir autre. Nous sommes aussi un processus de devenir autre", a noté le co-directeur de la revue ’’ Ethiopiques ’’.

"C’est en cela que je revendique tous les héritages, la meilleure manière de penser les identités multiples. On ne doit jamais se laisser écraser par une identité qui va déterminer notre destin", a relevé M. Diagne, désigné par ’’Le Nouvel Observateur’’ comme l’un des 50 plus grands penseurs contemporains.

Il a publié depuis de nombreux travaux dans les domaines de l’histoire de la logique, de la philosophie, en particulier dans le monde islamique et en Afrique.

Il est l’auteur, entre autres, de " Boole, l’oiseau de nuit en plein jour " (Belin, 1989), d’un livre d’introduction à l’œuvre du poète et philosophe indien Muhammad Iqbal, intitulé " Islam et société ouverte, la fidélité et le mouvement dans la pensée de Muhammad Iqbal " (Maisonneuve & Larose, 2001).

Souleymane Bachir Diagne, 54 ans, a récemment sorti un essai intitutlé : " Léopold Sédar Senghor : l’art africain comme philosophie "(Riveneuve, 2007).

BK/AD


lire aussi sur www.saphirnews.com (24 Novembre 2009) : L’identité nationale, vue par Souleymane Bachir Diagne : Interview d’un philosophe atypique, Propos recueillis par Hanan Ben Rhouma





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