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Fabrication du pain : Les boulangers craignent l’arrivée des fours industriels

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : samedi 12 juin 2010
emploi   pain  
Les professionnels du pain sont bousculés par les mutations dans leur marché. L’arrivée de fours industriels dont la capacité de production est égale à 100 boulangeries fait frémir. Egalement, la hausse des prix de tous les intrants grève les charges et réduit la marge des boulangers.

source : www.walf.sn - juin 2010

S’ajuster ou disparaître ! Les boulangers modernes n’ont plus le choix. Les fours industriels dont la capacité de production est environ égale à celle de 100 boulangeries sont aujourd’hui sur le marché. Les trois premiers installés à Dakar (2) et à Mbacké menacent les boulangeries modernes. Ces fours industriels ont chacun une capacité de production de 8 000 baguettes par heure, selon la Fédération nationale des boulangers du Sénégal (Fnbs). La ligne industrielle est automatisée, du pétrissage à la cuisson, en passant par la division, le façonnage, la fermentation et la scarification. Calculées sur la base d’une boulangerie qui fait 10 sacs de farine en deux quarts, les deux lignes industrielles de Dakar fabriquent en 15 heures de production, 240 000 baguettes de pain, soit "la production journalière de 96 boulangeries qui emploient chacune 14 personnes". En conférence de presse hier, les professionnels du pain ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme "inopportun" dans un marché où les acteurs actuels font face à des invendus quotidiens de l’ordre de 20 %.

Les fours industriels sont automatisés et ne nécessitent donc qu’un nombre réduit d’agents pour le fonctionnement et l’entretien des machines. Ces fours à tunnel, indique-t-on, auront l’avantage de produire en grande quantité et aussi en qualité. Ainsi, la fédération des boulangers craint pour ses 16 600 emplois directs et 30 000 emplois indirects. "Pour la production d’une unité industrielle, cette dernière n’a pas besoin d’un boulanger professionnel mais de techniciens (maximum 4 personnes) pour donner les ordres et contrôler l’état des machines, et une centaine d’employés pour assurer la distribution", prévient la Fnbs.

La Fédération nationale des boulangers du Sénégal craint pour les milliers d’emplois du secteur et montre son impuissance à soutenir la concurrence. "Avec nos prévisions et la situation dégradante du secteur face au mutisme de l’Etat, une perte minimum de 1 344 emplois dans les trois premiers mois est inévitable. Au fur et à mesure que cette unité gagne du terrain avec ses moyens colossaux, une mutation va s’opérer dans le secteur de la boulangerie, alors, on enregistre une perte d’au moins 3 000 emplois d’ici un an", mettent en garde les professionnels du pain.

Pour faire face à ces concurrents de taille, les boulangeries modernes proposent des pistes. La Fnbs demande la réactualisation de la structure des prix et l’audit de la filière, le respect de la loi 77-38 interdisant l’utilisation du bois de chauffe (pour la fabrication du pain artisanal ou tapa lapa), le respect du décret 2004-102 et de son arrêté d’application fixant les règles de production et de distribution dans la boulangerie, la fixation du montant de la patente sur la durée et l’introduction des céréales locales dans la panification du pain.

Par ailleurs, les professionnels du pain insistent sur le réajustement du prix du pain, compte tenu de la hausse des prix de tous les intrants : hausse des salaires de 4 à 8 %, du diesel, de l’électricité. A cela, ils ajoutent les charges supplémentaires induites par les délestages. Ainsi, si l’on tient compte de tous ces paramètres, les professionnels du pain estiment que la logique voudrait qu’on indexe le prix du pain aux facteurs de production. Aussi, ils dénoncent le ‘diktat des Grands Moulins de Dakar’, qui fixent leurs prix en toute liberté, sans se fier aux cours internationaux du blé. Et pour faire face à ces meuniers, les boulangers ont créé un Groupement d’intérêt économique, Gie Fnbs qui, entre autres, veut mettre en place une centrale d’achat pour contourner le ‘diktat’ de Gmd dans la vente de la farine.

Khady BAKHOUM




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