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Tension en hausse dans les villages et les villes apres la marche noire

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : vendredi 11 juillet 2008
Les femmes du Front Siggil Senegaal, accompagnées de leurs hommes, ont initié et réussi leur mercredi noir pour dénoncer la cherté de la vie et l’impunité dans le pays et promettent d’intensifier la lutte à travers tout le Sénégal, dans les villages et les villes.

Ce que les organisations de défense des consuméristes, de droits de l’homme, des hommes politiques, n’ont pas réussi à faire, les femmes du Front Siggil Senegaal sont sur la voie de l’accomplir : pousser le gouvernement à mettre fin à l’impunité et abréger les souffrances des populations.
En tout cas, elles espèrent que les pas posés sur l’asphalte et les manifestations de solidarité des populations suffiraient à « faire plier un pouvoir jusqu’ici inflexible » face « aux appels de détresse et de souffrance des Sénégalais laissés à eux-mêmes ».
Hier, les femmes de l’opposition, des Sénégalaises et des Sénégalais de toutes les obédiences sociales, ont marché sur la bitume du Boulevard Général De Gaulle, rebaptisé officieusement par les marcheurs Boulevard des lamentations, pour exiger de meilleures conditions de vie, la baisse des denrées de premières nécessités, l’arrêt des délestages, des coupures d’eau. Ce qui fait qu’on va longtemps ressasser cette singulière marche avec le changement de couleur de contestations et de protestations des « opprimés de ce régime aujourd’hui sans moyens pour sortir des Sénégalais de leurs problèmes » : le rouge, couleur de la détresse et du désaccord initié par Abdoulaye Wade, vire complètement au noir qui symbolise désormais le deuil et la mort. Après donc le « Talatay Nder » où l’héroine Njeumbët Mbodji s’était illustrée et a laissé à la postérité sa légende de femme guerrière capable de battre les hommes, les femmes du Front Siggil Senegaal ont décroché leur mercredi noir pour s’offusquer contre le « terrorisme d’Etat », mais aussi « l’incompétence et l’incurie des autorités et du gouvernement ».
Même les personnes les plus neutres en ressortent émues et ébahies devant cette déferlante noire. Partout où elles sont passées depuis la place de l’Obélisque, les marcheuses ont drainé des soutiens indéfectibles des populations postées quelquefois devant leurs domiciles du Centenaire.
Du noir, dans les cheveux, sur les torses, avec en ambiance les hurlements stridents des groupies locales, et en rythme les déhanchements frénétiques des femmes courroucées par la situation actuelle de leur pays. Bref, les populations ont répondu massivement à l’appel à la marche noire et toutes les responsables femmes ont squatté les premières lignes de la marche pour se mettre en avant.
« Les gens sont venus nombreux répondre à cette manifestation. Nous ne sommes pas dans une logique de chiffres, mais les Sénégalais et les Sénégalaises ont répondu massivement à cet appel », se félicite Mme Hélène Tine, chargée de la communication pour l’organisation de la marche d’hier.

Soulèvement des quartiers

Aujourd’hui, la situation du pays fait que les populations luttent pour survivre et tutoient dans tous les domaines de la vie des pénuries de toutes sortes : du riz, du gaz, de l’eau et de l’électricité. Mme Aminata Mbengue Ndiaye, noire comme une ébène, à l’image des autres femmes, qui ont « une conscience », n’a pas hésité à extérioriser sa rage comme tout citoyen lorsque la colère est irrépressible et que leur voix porte. « Les gens sont fatigués et sont morts de faim. Les femmes n’arrivent plus à trouver du gaz, ni du riz, encore moins de l’eau. Personne ne vit plus dans ce pays et la solution est d’augmenter la pression sur ce régime qui a montré ses limites dans les domaines », s’écœure Mme Ndiaye.
L’enjeu de cette marche, il est clair chez les manifestants, est de débarrasser le Sénégal des problèmes conjoncturels et structurels actuels, « causés par la gestion désastreuse et catastrophique du régime de Abdoulaye Wade ». Est-ce que les tenants du pouvoir ne se sont pas désintéressés du jugement public, des récriminations des populations et de la rue avec l’omerta observé ces derniers mois ? Hélène Tine, elle, tranche net : « Nous n’allons pas laisser faire. On ne va pas baisser la garde et nous allons continuer à agir parce que nous allons passer à la vitesse supérieure, car les populations sont fatiguées. Vous avez les réactions spontanées des populations des Parcelles assainies. Dans les jours à venir, nous allons appeler à un soulèvement des quartiers de Dakar. » La présidente du mouvement des Femmes du Parti socialiste, Mme Aminata Mbengue Ndiaye, déterminée, souffle le noir : « Nous allons accroître la pression dans les régions et dans tous les villages, dans toutes les communautés rurales du Sénégal. »
Les hommes du Front Siggil Senegaal, relégués au second plan lors cette marche cornaquée par les femmes, prédisent un lendemain noir à « ce régime qui a appauvri les Sénégalais avec son train de vie budgétivore et ses institutions inutiles ». Abdoulaye Bathily, secrétaire général de la Ligue démocratique/Mouvement pour le parti du travail (Ld /Mpt) en noir aussi, appelle à la poursuite de la lutte. « La lutte ne va jamais s’arrêter tant que Ablaye sera au pouvoir. Honnêtement, personne ne peut défendre ce régime qui a échoué partout parce qu’il n’a pas la solution aux problèmes des Sénégalais. Le rouleau compresseur ne s’arrêtera qu’à la fin de ce régime », prévient le patron des Jallarbistes.
La multiplication des foyers de tension et l’exacerbation des problèmes des Sénégalais constituent certainement une aubaine pour les responsables du Fss. Car, ils sont convaincus que la solution est entre leurs mains. « Tout le monde constate que la solution est le Front Siggil Senegaal. Tant qu’il (Wade) continuera à faire du je-m’en-foutisme, nous allons lui montrer que nous ne sommes pas d’accord. Nous étions dans les régions et maintenant nous sommes à Dakar pour montrer que nous irons jusqu’au bout. » Cet ultime avertissement est proféré par le secrétaire général du Parti socialiste (Ps), Ousmane Tanor Dieng, lors de ce mercredi très noir. Devant les grilles de la Rts, où la marche a chuté, les femmes ont demandé le départ du Président Wade, en pleurant assises à même la route.




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