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Une révolution ’toujours verte’ pour l’Afrique

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : dimanche 15 mai 2011
L’Afrique face à un immense défi. Durant les prochaines décennies, il est nécessaire de doubler au moins les rendements agricoles pour produire plus d’aliments pour une population en croissance, en même temps qu’on combat la pauvreté et récupère la fertilité de sols dégradés.

source : www.guinguinbali.com - 09/05/2011

Les risques reliés au changement climatiques font que cette tâche soit de plus en plus éprouvante. Mais pour des centaines de milliers de petits agriculteurs en Zambie, au Malawi, au Niger et au Burkina Faso, l’avenir est plus prometteur, puisqu’ils ont commencé à utiliser des systèmes agricoles qui récupèrent les sols et augmentent de façon spectaculaire les rendements des cultures, la sécurité alimentaire et les revenus familiaux.

Jadis, on récoltait une dizaine de sacs de maïs, tandis qu’aujourd’hui, j’en cueille au moins 25”, affirme Mary Sabuloni, agricultrice dont l’exploitation se trouve à une demi-heure en voiture au sud-est de Blantyre, au Malawi. “Avant, il était fréquent que nous ayons faim, mais désormais je peux nourrir ma famille durant toute l’année”.

Sabuloni est l’une de plusieurs agricultrices du Malawi qui ont vu augmenter leurs rendements et s’améliorer leurs sols depuis qu’ils ont commencé à planter des arbres fertilisants. Les rendements moyens du maïs peuvent au moins se dédoubler quand ils sont intercalés avec ce genre d’arbres. Une augmentation d’une ou deux tonnes par hectare rapporte un kilo supplémentaire de grains durant 200 jours pour une famille de cinq personnes.

Cela fait des décennies que les scientifiques étudient divers arbres et arbustes qui fixent l’azote, tels que le Sesbania , le Gliricidia , le Tephrosia et le Faidherbia , et que les agriculteurs peuvent planter pour améliorer la fertilité des sols. Ce genre de plantes captent l’azote de l’air et le transfèrent au sol au travers de leurs racines et des feuilles mortes, ainsi qu’au moment où les feuilles mortes et autres restes des élagages s’incorporent au sol.

Mariko Majoni, du village de Jiva au sud du Malawi, récoltait d’habitudes 30 à 40 sacs de maïs dans ses terre quand il pouvait se permettre d’acheter des fertilisants minéraux, mais sa récolte est descendue à tout juste 6 - 9 sacs quand il n’avait plus d’argent. Cependant, après avoir semé ses arbres fertilisants et en avoir pris soin, son terrain a produit 79 sacs de maïs en 2006. “Mon sol est désormais plus riche et sa capacité de rétention d’eau bien plus grande”, affirme Majoni, qui ajoute qu’il obtient assez de maïs pour lui et pour sa famille et qu’il lui en restait un peu à vendre.

De la combinaison d’intégrer les arbres dans leurs systèmes agraires (agroforestiers) avec les principes de l’agriculture de conservation, le concept d’ Agriculture Toujours Verte est en train de naître, une forme pas chère, accessible et basée sur les connaissances de la sciences pour mieux prendre soin de la terre et améliorer la production alimentaire des petits agriculteurs.

L’agriculture de conservation est fondée sur trois principes de base : retourner le sol le moins possible (c.-à-d., minimum ou non-labourage), maintenant ainsi le sol couverte de matière organique, par exemple les résidus de la culture, et roter et diversifier les cultures, utilisant les surtout les légumes pour remettre les nutriments du sol. Partout dans le monde, près de 100 millions d’hectares de terre sont actuellement gérées suivant ces principes.

Dans l’ Agriculture Toujours Verte – tels que dans presque tous les systèmes agroforestiers – les arbres fournissent plusieurs bénéfices aux agriculteurs, incluant des bons verts afin de développer des sols plus sains et améliorer la production, les fruits, les médicaments, le fourrage pour le bétail, les bûches et le bois.

En plus, ils apportent des bénéfices environnementaux supplémentaires, tels que la provision d’ombre d’abri, la protection face à l’érosion, la conservation des vallées, la capture du carbone et une majeure biodiversité.

L’amélioration de la viabilité de la productivité des petits agriculteurs signifie de même que beaucoup de biens et de services forestiers peuvent être produits dans les fermes mêmes. Si, dans l’avenir, les petits agriculteurs pouvaient accéder aux marchés de carbone, cela signifierait que davantage d’arbres seraient semés dans les paysages agricoles du monde entier.

Une espèce d’arbre fertilisant, le Faidherbia albite , pourrait constituer, dans l’avenir, la base de l’ Agriculture Toujours Verte . Cet arbre autochtone d’Afrique est un composant naturel des systèmes agricoles dans plusieurs parties du continent. Le Faidherbia a un trait intéressant, dénommé phénologie foliaire inverse, qui signifie qu’elle perd ses feuilles, riches en azote, aux débuts de l’époque des pluies et demeure en repos durant toute la saison de croissance des cultures, développant de nouveau son feuillage au commencement de l’époque sèche. Pour cela, ces arbres sont parfaitement compatibles avec les cultures alimentaires, puisqu’elles ne rivalisent pas pour la lumière, les nutriments ni l’eau, durant la saison de culture. L’arbre n’étend que ses branches dénudées sur les champs, tandis que la culture se développe jusqu’à sa récolte.

En Zambie, plus de 160 000 agriculteurs incluent dans leurs pratiques de conservation la semence de cultures alimentaires dans des espaces agroforestiers à l’aide de la Faidherbia, ce genre de cultures s’étendant sur quelques 300 000 hectares. Et pour raison : le maïs cultivé autour de ces arbres est plus productif et améliore la qualité des sols.

La production de maïs est fondamentale dans l’agriculture de Zambie, puisqu’elle constitue la base pour l’alimentation du pays, mais son rendement moyen n’est que de 1,1 tonne par hectare. Durant la saison de culture de 2008, l’Unité d’Agriculture de Conservation de Zambie a observé que les rendements du maïs non fertilisé dans les environs de Faidherbia s’élèvent à une moyenne de 4,1 tonnes par hectare, pour 1,3 tonnes dans les zones proches mais hors du dais du boisé.

Au Malawi, on a obtenu des résultats pareils, avec des augmentations du rendement du maïs jusqu’à 280 % dans la zone située sous le dais de Faidherbia, en comparaison avec les zones hors de ce dais. Actuellement, plus de 4,8 millions de hectares de cultures agroferestières présidées par la Faidherbia enrichissent la production de millet et de sorghum au Niger.

“Un jour viendra où les familles paysannes pourraient manger des fruits tous les matins au petit-déjeuner, le paysage sera beaucoup plus boisé que maintenant et les sols plus fertiles”, affirme Tembo Chanyenga, de l’Institut de Recherche Forestière du Malawi.

DENNIS GARRITY


lire aussi sur mili-terre.com : Masanobu Fukuoka et l’agriculture du non-agir

et sur inde.aujourdhuilemonde.com (16/08/2010 ) : Et si la deuxième révolution verte c’était la révolution bio ?, par Lily Montagnier





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