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Kuttiyattam

Théâtre chanté dansé des temples du Kérala

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : dimanche 9 octobre 2011
Dans l’histoire du théâtre classique indien, le Kuttiyattam est au kathakali ce que le nô est au kabuki, pour les Japonais. L’historicité du Kuttiyattam est attestée par les références aux textes les plus anciens traitant des codes de l’art dramatique, ainsi que le « chant-parlé » (propre à ce théâtre) dont font usage les acteurs et actrices et dont les sources remontent à l’époque védique. Même en Inde, même dans la région du Kérala, son lieu d’origine, le Kuttiyattam n’est que rarement représenté et préservé par une minorité d’artistes. Fait de contrastes, associant la violence au plus extrême raffinement, avec ses maquillages fascinants et ses costumes archaïques, le Kuttiyattam nous plonge dans la magie du théâtre rituel où le classicisme côtoie les techniques les plus évoluées de l’art de l’acteur.

source : www.eurasie.net - 1997

Au début du siècle, la redécouverte de l’oeuvre de Bhasa - l’un des plus éminents dramaturges de langue sanscrite du début du premier millénaire - réveilla l’intérêt des lettrés et du public pour les représentations encore vivantes de ce théâtre Ecrits en caractères malayalam sur feuilles de palmier retrouvés à Trivandrum (capitale du Kérala) les textes de Bhasa permirent de remonter à la source de la dramaturgie sanscrite dont l’unique survivance est aujourd’hui le Kuttiyattam  : le plus ancien théâtre dansé de l’Inde, et aussi l’un des plus anciens du monde.

On situe approximativement l’origine du Kuttiyattam entre le Ier et le Vème siècle de notre ère. Le Kuttu, « solo d’acteur », donna naissance au Kuttiyattam « ensemble d’acteurs » ou « drame concertant ». Toutefois, les rapports des personnages entre eux, les modes de jeu nouveaux qui en découlèrent, ne supplantèrent jamais les longues digressions, les monologues, descriptions et récitatifs élaborés, fouillés à l’infini qui sont autant d’épreuves d’endurance pour l’acteur soliste mais restent la fine fleur de cette forme de théâtre.

Source du théâtre classique indien, le drame sanscrit se réfère aux prétextes du Natya Shastra et aurait revêtu à l’origine et sur l’ensemble du territoire indien diverses formes régionales aujourd’hui éteintes. Bien que l’on tente d’expliquer de façon rationnelle, à la lumière de différents facteurs, l’exceptionnelle longévité du Kuttiyattam, son état de conservation actuelle demeure miraculeux. La solidité de ses fondations, structure du langage corporel, technique vocale et extrême codification du jeu de l’acteur, autant d’éléments s’appuyant sur des références inébranlables- fut, sans nul doute, l’un des facteurs déterminants. La puissance du lien qui relie le maître au disciple et assure la continuité de transmission des connaissances joua ici aussi un rôle prépondérant.

Enfin l’extrême isolement qui faisait du Kuttiyattam l’apanage exclusif d’une communauté d’acteurs/danseurs/musiciens vivant dans l’enclos du temple dont ils furent les gardiens vigilants, contribua probablement à sa survie, le tenant à l’abri des influences extérieures susceptibles de l’altérer.

Autrefois, le répertoire du Kuttiyattam comprenait un nombre important de pièces en langue sanscrite dont beaucoup empruntaient au Ramayana et au Mahabharata. Le Ramayana en particulier, de par son caractère oblatif, était l’objet de représentations rituelles pouvant s’étendre sur plusieurs mois. De nos jours, seules quelques pièces de ce vaste répertoire sont encore jouées. Parmi celles-ci, deux oeuvres majeures émanent d’un roi-poète du Xème siècle : Kulashekhara Varma dont la contribution demeure indissociable de l’histoire du Kuttiyattam par les manuels de référence qu’il laissa sur le jeu de l’acteur et les conventions scéniques, et par son association à un maître-acteur de l’époque, Tolan. L’un et l’autre donnèrent un nouvel] essor à cet art en un moment crucial de son évolution. Un art sacré

A première vue, l’esthétique du Kuttiyattam semble proche du Kathakali qui lui emprunta divers éléments du costume et surtout une part importante de son vocabulaire gestuel. Toutefois, plus d’un millénaire s’écoula de la naissance du Kuttiyattam à celle du Kathakali. Durant cette longue période et jusqu’au siècle dernier, le Kuttiyattam demeura une sorte de trésor inséparable des fastes sacerdotaux. Il traversa des périodes d’apogée et de déclin mais resta un art essentiellement religieux, attaché au temple et destiné aux seuls élus y avant droit d’accès. (...)

Milena Salvini Source : Ambassade de l’Inde à Paris

illustration : www.thehindu.com/todays-paper/tp-features/tp-fridayreview/article2477690.ece ?viewImage=1



Koodiyattam Ravana Sankukarna

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