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Chez Gangoueus, le blog de la littérature africaine francophone

  Enregistrer au format PDF  envoyer l'article par mail title=    Date de publication : samedi 5 juin 2010
Les prix Best of blogs 2010 organisés par la Deutsche Welle ont permis de découvrir une myriade de blogs captivants en onze langues différentes. L’un des blogs finalistes du prix du meilleur blog francophone est Chez Gangoueus. Réassi Ouabonzi y chronique chaque livre lu depuis 2007. Livre après livre, son blog est devenu peu à peu un guide unique en ligne de la littérature noire en langue française.

source : fr.globalvoicesonline.org - 2 Juin 2010

GV : Pourquoi avoir choisi d’ouvrir un blog sur les livres en premier lieu ?

Adolescent, j’étais un lecteur jamais rassasié, je dévorais tout ce que je trouvais au Centre culturel français de Brazzaville (Congo), où je vivais à l’époque. Je vis en France, j’y suis né de parents congolais, mais j’ai passé la moitié de ma vie dans chaque pays, dix-huit ans en France et dix-huit ans au Congo. La littérature vous avale, et je m’étais éloigné des livres durant mes études par manque de temps. Et puis un jour, j’ai vu Beloved , le film de Jonathan Demme tiré du livre de la Prix Nobel Toni Morrison. Cela a été un tel choc que j’ai décidé de lire tous ses livres. C’est elle qui m’a ramené à la lecture.

Pourquoi bloguez-vous sur la littérature francophone noire ?

C’est une démarche engagée. Ce qui m’intéresse, c’est de voir comment le Noir se raconte et comment on raconte le Noir. J’ai ouvert un blog pour garder une trace de mes lectures, mais aussi, il faut bien le dire, parce que c’est quand même violent de ne pas trouver sur le web francophone de ressources sur la littérature africaine ou noire en français, à part le magazine en ligne Cultures Sud.

Quelles sont actuellement les tendances de la littérature africaine francophone ? Je lis des auteurs de toute l’Afrique, des Caraïbes et des diasporas, la littérature noire en français au sens large. Mais on peut dire qu’au Congo, on remarque une nouvelle génération d’écrivains sur les traces de l’écrivain et universitaire franco-congolais Alain Mabanckou. Au Sénégal, je suis frappé par l’émergence actuelle des femmes écrivains. Au Cameroun, ils sont très percutants. C’est frappant de voir dans leurs livres l’énergie et ce côté direct pour lesquels les Camerounais sont bien connus. Je suis vraiment en admiration des écrivains nigérians, comme le grand Chinua Achebe. Mais ce ne sont pas les écrivains africains francophones qui manquent et qui pourraient être traduits à leur tour en anglais : Abdourahman A.Waberi pour Djibouti, Jimi Yuma au Congo, Patrice Nganang, Leonora Miano pour le Cameroun…ils sont tous dans la liste de liens de mon blog.

La plupart des livres que vous présentez sont inconnus et invisibles en France .

La littérature africaine en français a des difficultés à être publiée, mais aussi à trouver un lectorat. En Afrique même, il est difficile d’éditer, les livres sont chers et difficiles à trouver. Mais le problème est ailleurs. Nous Africains pouvons produire notre point de vue mais il faut le lire. L’Africain a du mal à lire des auteurs africains. Il cherche des références ailleurs. Mon blog permet de faire un peu connaitre livres et éditeurs, de les mettre en contact : il reçoit environ cinq milles visites par mois, 50% viennent de France métropolitaine, 30% d’Afrique de l’ouest.

Parfois, vous vous éloignez de l’Afrique pour lire des livres japonais ou sud-américains mais jamais de littérature française “blanche”.

La littérature française est trop nombriliste. On a peu de temps à vivre, faisons vite. Et la littérature française est toujours totalement aveugle au véritable problème français, celui des générations oubliées dans les banlieues.

Vous avez appelé votre blog “Chez Gangoueus”, mais qui est Gangoueus ?

Ngangoué est mon deuxième prénom. Vu que je me définis comme ayant une double culture, africaine et occidentale, j’ai souhaité le signaler dans mon pseudo en ajoutant le suffixe us faisant référence à Rome, comme Brutus, Octavius ou Britannicus. Gangouéus reflète bien mon identité et c’est une occasion de faire vivre mon deuxième prénom.

Vous illustrez toujours vos chroniques d’une photo du livre, et très souvent dans les transports en commun.

Parce que c’est là que je lis ! Le travail, c’est le travail, et je n’arrive pas à lire chez moi. Le temps passé dans les transports est donc devenu le temps que je consacre aux livres.

Claire Ulrich


visiter le blog Chez Gangoueus” :gangoueus.blogspot.com





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